1.2.2 Agents chimiquesLes abeilles peuvent être exposées, comme l’ensemble <strong>des</strong> organismes vivants, aux diversagents chimiques susceptibles d’être présents dans l’environnement. Dans les zonescultivées, la majeure partie <strong>des</strong> agents chimiques constituant c<strong>et</strong>te exposition appartient à lacatégorie <strong>des</strong> produits phytopharmaceutiques, encore appelés produits phytosanitaires oupestici<strong>des</strong>.Un produit phytopharmaceutique correspond à tout produit visant à protéger une culture <strong>des</strong>dégâts d’un organisme nuisible 9 . De par son mode d’action, un produitphytopharmaceutique est, en principe, spécifique d’un type de cible : fongici<strong>des</strong>, herbici<strong>des</strong>,insectici<strong>des</strong>, nématici<strong>des</strong>, molluscici<strong>des</strong>, rodentici<strong>des</strong> ou avici<strong>des</strong>. Toujours du fait de sonmode d’action, un produit phytopharmaceutique peut agir plus ou moins spécifiquement surc<strong>et</strong>te cible (insecticide généraliste ou seulement acaricide, par exemple). Parmi les agentsphytopharmaceutiques, certains sont d’origine biologique comme les spores de Bacillusthuringiensis porteuses de diverses toxines ou les antiprotéases, leur rôle est analysé ciaprès(cf. 1.2.3.4 « Pratiques agricoles, plantes transgéniques »).Le catalogue <strong>des</strong> produits phytopharmaceutiques compte environ 450 substances actives(principe actif <strong>des</strong> produits commerciaux) <strong>et</strong> quelques 5000 produits commerciauxcorrespondants (ACTA, 2008). Une revue exhaustive <strong>des</strong> propriétés de ces produits <strong>et</strong> enparticulier <strong>des</strong> propriétés toxiques pour l’abeille, établies lors d'étu<strong>des</strong> en laboratoire, a étévolontairement exclue de c<strong>et</strong>te synthèse, l'objectif n'étant pas de faire l'inventaire <strong>des</strong> eff<strong>et</strong>spossibles <strong>des</strong> produits mais bien de leurs eff<strong>et</strong>s avérés in situ. Les connaissances acquisesdans ce domaine lors de l'examen réglementaire <strong>des</strong> produits phytopharmaceutiques, sontdisponibles, par ailleurs, sur le site AGRITOX (http://www.dive.afssa.fr/agritox/index.php).C<strong>et</strong>te présentation <strong>des</strong> agents chimiques susceptibles d’intervenir dans la mortalité <strong>des</strong><strong>colonies</strong> d’abeilles, s’appuie, d’une part, sur la littérature scientifique traitant <strong>des</strong> impacts<strong>des</strong> produits phytopharmaceutiques sur les abeilles 10 , <strong>et</strong> d’autre part, sur les informations duterrain acquises par les réseaux de surveillance existant dans quelques pays voisins,comme le Royaume-Uni, l’Allemagne <strong>et</strong> les Pays-Bas.1.2.2.1 Modalités d’exposition <strong>des</strong> abeilles aux produits phytopharmaceutiques• Nature de l’expositionEn zone agricole, les traitements phytopharmaceutiques étant, pour la plupart, <strong>des</strong>tinés àêtre appliqués uniquement sur les surfaces cultivées, l'exposition se limite, en théorie, auxindividus présents au moment du traitement.En pratique, l'application de produits, en particulier par pulvérisation, conduit presquesystématiquement à une contamination <strong>des</strong> bordures <strong>des</strong> surfaces traitées (haies, buissons,cultures adjacentes, <strong>et</strong>c.) par la dérive de « brouillards de pulvérisation » (voir, pour <strong>des</strong>étu<strong>des</strong> de terrain, Klöppel <strong>et</strong> Kördel (1997), Koch <strong>et</strong> al., (2003) <strong>et</strong> pour la génération d'unebase de données sur la dérive de pulvérisation, Rautmann <strong>et</strong> al., 2001).De même, <strong>des</strong> résidus secs ou humi<strong>des</strong>, générés lors du traitement ou par re-volatilisation àpartir du feuillage ou du sol, contribuent, parfois significativement, au transfert <strong>des</strong>ubstances à moyenne ou longue distance de l’endroit de traitement.9 Un organisme nuisible peut être : un champignon ; un autre microorganisme entraînant chez la plante le développement d’une maladie ; <strong>des</strong> adventices,dont le développement nuit à celui de la plante cultivée ; <strong>des</strong> insectes phytophages ou vecteurs de maladies ; mais aussi <strong>des</strong> némato<strong>des</strong> ; <strong>des</strong>mollusques ; <strong>des</strong> p<strong>et</strong>its vertébrés ; ou encore <strong>des</strong> oiseaux.10 Ces informations avaient fait l’obj<strong>et</strong> d’une revue dans le cadre du rapport Expertise Collective Pestici<strong>des</strong>, émis par un groupe de travail INRA-CEMAGREF, en 2005 : Aubertot, J.M., Barbier, J.M., Carpentier, A. , Gril, J.J. , Guichard, L., Lucas, P. , <strong>et</strong> al. (2005) Pestici<strong>des</strong>, agriculture <strong>et</strong>environnement. Réduire l'utilisation <strong>des</strong> pestici<strong>des</strong> <strong>et</strong> limiter leurs impacts environnementaux. Expertise Collective synthèse du rapport. Paris, France.INRA <strong>et</strong> Cemagref. http://www.inra.fr/l_institut/expertise/expertises_realisees/pestici<strong>des</strong>_rapport_d_expertise.29
Une application par pulvérisation « en plein » répartit le produit sur l’ensemble de la parcellede façon homogène alors qu’une pulvérisation dans la raie de semis perm<strong>et</strong> un traitementlocalisé sur les zones à traiter.L’exposition via l’air s’effectue par le biais de résidus secs ou de résidus humi<strong>des</strong>, cesderniers représentant probablement une voie majeure en comparaison <strong>des</strong> résidus secs(Unsworth <strong>et</strong> al., 1999). Ceci étant, la contribution de ces résidus à l’exposition dans laparcelle consécutive à une pulvérisation est limitée (Unsworth <strong>et</strong> al., 1999) 11 .Un traitement de semences par pelliculage avec le produit est <strong>des</strong>tiné à protéger lasemence <strong>des</strong> eff<strong>et</strong>s de champignons ou d’une consommation de la semence ou de laplantule par <strong>des</strong> insectes.L’exposition résultante pour les abeilles peut avoir lieu via le nectar <strong>et</strong> le pollen de la plantecultivée, dans le cas de substances systémiques.• Les voies d’expositionLes abeilles, comme les autres pollinisateurs, peuvent entrer au contact de produitsphytopharmaceutiques :- directement lors du traitement, lorsque <strong>des</strong> résidus sont présents dans l’air ;- via un substrat sur lequel subsistent <strong>des</strong> résidus de produits, comme le sol ou lesplantes.Le contact <strong>des</strong> abeilles avec les résidus de produit peut constituer une part significative del'exposition, en particulier du fait de leur taille réduite, impliquant une surface corporelled’échanges d’autant plus importante avec les surfaces contaminées. La relation trophiqueentr<strong>et</strong>enue avec la culture, conditionne ensuite le temps de présence dans c<strong>et</strong>te dernière,ainsi que la nature de l'exposition, contact <strong>et</strong> ingestion par toil<strong>et</strong>tage, auquel peut s'ajouterl'ingestion de sucs <strong>et</strong> d'exsudats de plantes pouvant contenir <strong>des</strong> substances aux propriétéssystémiques 12 .L’exposition par inhalation est également possible, <strong>et</strong> concerne toutes les substances aumoment de l’épandage, <strong>et</strong> ensuite les substances volatiles.La quantité de produit avec laquelle les abeilles peuvent entrer en contact, va déterminer lapossibilité d'eff<strong>et</strong>s directs. C<strong>et</strong>te quantité dépend de l’intérêt de l’abeille pour la parcell<strong>et</strong>raitée, de la quantité de produit appliquée sur la parcelle <strong>et</strong> du mode d’application duproduit. Une application dans la raie de semis ou sur <strong>des</strong> semences, en focalisant l’apportsur les zones à protéger, perm<strong>et</strong> de limiter l’apport de produit à l’hectare.• L’exposition résultant de produits pulvérisésL’exposition d’abeilles à <strong>des</strong> produits utilisés en pulvérisation nécessite la présenced’abeilles au moment du traitement <strong>et</strong> dépend donc fortement de la présence de fleurs dansla culture au moment du traitement. Il s’agit alors d’une exposition par contact pourl’essentiel. Une exposition par ingestion est cependant possible par toil<strong>et</strong>tage.Dans le cas de traitements par pulvérisation, la dose apportée est spécifique au produit, àson efficacité <strong>et</strong> au spectre d’action visé (ACTA, 2008). Une pulvérisation apporte sur uneparcelle de terrain <strong>des</strong> quantités très variables de substances actives, s’échelonnant dequelques grammes (pour certaines sulfonylurées, par exemple) à quelques kilogrammes(pour certains herbici<strong>des</strong> généralistes ou encore <strong>des</strong> traitements de sol contre lesnémato<strong>des</strong>).11 A titre d’exemple, les concentrations en pestici<strong>des</strong> communément mesurées dans les eaux de pluie sont de l’ordre du microgramme par litre ce qui, enconsidérant une précipitation de 20 mm d’une pluie à 1 µg/L, correspond à une quantité redéposée à l’hectare de 0,2 g de substance. A c<strong>et</strong>te dose, <strong>des</strong>eff<strong>et</strong>s directs de ces résidus ne pourraient se manifester que pour <strong>des</strong> substances dont la DL50 serait inférieure au ng/abeille.12 Un produit systémique est un produit capable de migrer dans une plante à une concentration susceptible d’avoir <strong>des</strong> eff<strong>et</strong>s biologiques recherchés(exemple : herbici<strong>des</strong>, <strong>et</strong>c.).30
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