2.4.2 La pharmacie vétérinaire du secteur apicoleLe traitement médicamenteux <strong>des</strong> maladies <strong>des</strong> abeilles domestiques est soumis à laréglementation relative à la pharmacie vétérinaire.Seuls trois médicaments <strong>des</strong>tinés à la filière apicole pour la lutte contre la varroase sontactuellement disponibles sur le marché. Il semble que la pharmacie vétérinaire de cesecteur se heurte au faible intérêt <strong>des</strong> firmes pharmaceutiques pour le développement denouveaux traitements <strong>des</strong>tinés aux apidés. Par ailleurs, certains éleveurs ne semblent pasutiliser préférentiellement, lorsqu’ils sont disponibles, les traitements bénéficiant d’une AMM.Ils multiplient les traitements non autorisés, élaborés par leurs moyens propres, vial’utilisation de produits <strong>des</strong>tinés à d’autres espèces animales 38 ou de préparationsphytosanitaires présentant une molécule active identique à celle <strong>des</strong> médicaments autoriséspour les abeilles. Ces traitements correspondent à <strong>des</strong> mésusages <strong>et</strong> qui plus est sontsouvent mal dosés.2.4.2.1 Le traitement de la varroaseLe traitement de la varroase correspond à la clé d’une bonne conduite sanitaired’élevage apiaire. L’acarien V. <strong>des</strong>tructor est omniprésent dans le cheptel apicole français.Les ruches infestées le sont, le plus souvent, de façon asymptomatique <strong>et</strong> ne sont pasidentifiées comme atteintes de varroase. La présence de signes cliniques, liée audépassement d’un important seuil d’infestation parasitaire, détermine la déclaration de lamaladie. Des traitements annuels ou semestriels doivent être mis en œuvre dans le but demaintenir la pression parasitaire à son seuil le plus faible <strong>et</strong> de perm<strong>et</strong>tre, ainsi, unrendement correct <strong>des</strong> ruchers parasités.Au cours <strong>des</strong> visites réalisées au premier trimestre de l’année 2008 par les scientifiques del’Afssa Sophia-Antipolis, l’absence de traitement de V. <strong>des</strong>tructor a pu être constatée dans31 % <strong>des</strong> cas (32 ruchers étudiés, cf. tableau 9) <strong>et</strong> a été estimée, à chaque fois, à l’originedu fort taux de mortalité de <strong>colonies</strong> constaté. L’absence de mise en œuvre de traitementétait justifiée par les apiculteurs, par diverses raisons : l’inutilité de réaliser ces traitements,l’ignorance <strong>des</strong> métho<strong>des</strong> d’usage ; leur coût, jugé excessif ; la résistance supposée <strong>des</strong>abeilles à ces traitements ; l’emploi de techniques mécaniques (plateaux grillagés).Seuls les traitements rémanents (libération lente <strong>et</strong> prolongée dans le temps de la moléculeactive) perm<strong>et</strong>tent l’élimination <strong>des</strong> parasites, protégés dans le couvain operculé, <strong>et</strong>assurent une réussite thérapeutique.Au cours de l’année apicole, un ou deux traitement(s) devrai(en)t être mis en oeuvre. Ladifficulté de la lutte contre la varroase repose sur la détermination de la période d’applicationdu traitement, nécessitant de bonnes connaissances relatives à la biologie de l’abeille <strong>et</strong> del’acarien.• Le premier traitement doit impérativement être réalisé entre fin août <strong>et</strong> début septembre,afin de garantir un potentiel de survie optimal aux abeilles assurant l’hivernage.Il doit être d’une excellente efficacité, garantie par la présence, en fin de traitement, demoins de cinquante parasites au sein <strong>des</strong> ruches traitées. Un traitement efficace,appliqué au moment opportun, n’est cependant pas un gage absolu de succès.Plusieurs facteurs de risque s’ajoutent, en eff<strong>et</strong>, à la pression parasitaire, tels que : laqualité de l’alimentation pollinique <strong>des</strong> abeilles à l’automne (source du développementdu corps gras), la présence de parasites opportunistes tels que Nosema sp.,l’environnement apicole (plus ou moins contaminé par les ruchers parasités situés àproximité), la rigueur de l’hiver à venir, <strong>et</strong>c.38 les molécules actives suivantes sont obtenues <strong>et</strong> utilisées par les apiculteurs via les produits vétérinaires (<strong>des</strong>tinés à d’autres espèces) ouphytosanitaires qui leurs sont associés : le fluvalinate avec le Klartan NT ; le coumaphos avec l’Asuntol NT ; l’amitraze avec le Tactik NT ou le Maïtac NT .79
• Si les <strong>colonies</strong> d’un rucher sont situées au sein d’une zone propice à l’élevage précocedu couvain (source de développement du parasite), le second traitement doit être mis enœuvre au début du printemps (mois de mars).Cependant, il a été constaté que quel que soit le traitement réalisé, un p<strong>et</strong>it nombre,variable, de <strong>colonies</strong> conserve un seuil de parasitisme élevé, source de recontamination <strong>des</strong>autres <strong>colonies</strong> du rucher <strong>et</strong> d’<strong>affaiblissements</strong>.Parmi les médicaments bénéficiant d’une AMM, seul l’Apivar NT (amitraze) possèdeactuellement une efficacité suffisante (cf. 2.3.3.2 « Publications <strong>et</strong> rapportsscientifiques, médicaments disponibles ») <strong>et</strong> devrait être employé en priorité.L’Apiguard NT (thymol) présente une efficacité inégale <strong>et</strong> insuffisante (efficacité jugée à 50 %pour certains traitements mis en oeuvre), qui peut représenter une source derecontamination parasitaire <strong>des</strong> autres ruches du rucher (Vallon <strong>et</strong> al., 2006 ; Suard 2008).Si ces éléments sont avérés, un r<strong>et</strong>rait d’AMM devrait être étudié par les autoritéscompétentes.Malgré trois médicaments autorisés dans la lutte contre c<strong>et</strong> acarien, les éleveurs fontfréquemment usage d’autres produits acarici<strong>des</strong>, non autorisés en apiculture, d’originephytosanitaire, tel que mentionné précédemment, ou thérapeutique vétérinaire (cf. 2.3.2« Agents chimiques »).Amitraze, fluvalinate, acrinathrine, coumaphos <strong>et</strong> chlorfenvinphos 39 sont les différentesmolécules actives connues utilisées sans autorisation par les apiculteurs dans la lutte contrela varroase.Cependant, certaines substances pharmacologiquement actives, appartenant à la liste II durèglement 2377/90/CEE (art.14), telles que : le thymol, l’acide oxalique <strong>et</strong> l’acide formique,ne sont pas interdites à la pratique apicole 40 . En pratique, leur usage se décline selon lesmodalités suivantes : imprégnation de supports (bois, carton, coton, toiles de jute, buvard)introduits dans les ruches, évaporation, dégouttement, aérosol, <strong>et</strong>c. La mise en œuvreponctuelle de ces traitements ne perm<strong>et</strong> d’éliminer qu’une partie <strong>des</strong> parasites (les parasitesphorétiques). En outre, ils peuvent générer <strong>des</strong> contaminations <strong>des</strong> produits de la ruche <strong>et</strong>se révéler potentiellement toxiques pour les abeilles. Malgré ce dernier constat, lamultiplication de ces traitements est fréquente <strong>et</strong> conduit à l’augmentation du risque toxiquepour les abeilles (Martin-Hernandez, 2007b).En dépit du caractère majeur que représente la lutte contre la varroase dans la pratiquesanitaire apicole, celle-ci est fréquemment négligée pour <strong>des</strong> raisons économiques ou parmanque de connaissance générale sur le suj<strong>et</strong>.L’aspect économique relatif à la mise en œuvre <strong>des</strong> traitements est responsable denombreuses anomalies constatées. Ainsi, les résultats de l’audit conduit par GEM-ONIFLHOR (GEM-ONIFLHOR, 2005) révèlent un coût de traitement par ruche variant de1,1 à 1,6 €, tandis que le coût d’un traitement autorisé tel que l’Apivar NT (en 2007) est de4 €. Ces chiffres prouvent le faible usage <strong>des</strong> médicaments bénéficiant d’une AMM, au profitde pratiques critiquables.L’Afssa a été interrogée en date du 4 novembre 2004 par sa tutelle (DGAl) au suj<strong>et</strong> <strong>des</strong>résistances que le parasite a développées à la molécule active, le fluvalinate <strong>et</strong> a émis, enréponse, un avis (Avis de l’Afssa du 26 mai 2005, intitulé : « Avis de l’Afssa relatif àl’apparition <strong>des</strong> résistances du parasite Varroa, responsable d'une maladie parasitaireréputée contagieuse <strong>des</strong> abeilles, face aux médicaments vétérinaires utilisés courammentdans la lutte contre c<strong>et</strong>te maladie »).39 Le chlorfenvinphos est une molécule entrant dans la composition de produits r<strong>et</strong>irés de la vente en France.40 ainsi que stipulé dans les notes de service : DGAL/SDSPA/N2002-8045 en date du 18 mars 2002 <strong>et</strong> DGAL/SDSPA/N2004-8136 en date du 12 mai2004.80
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