Par leur nature, ces types d’incidents touchant les abeilles <strong>et</strong> impliquant lestraitements de semence ne sont susceptibles de survenir que de façon ponctuelle,puisqu’ils nécessitent l’émission de quantités toxiques pour l’abeille. Néanmoins, ilsm<strong>et</strong>tent en évidence une dispersion dans l’environnement <strong>des</strong> produits utilisés enpelliculage en quantité plus ou moins importante <strong>et</strong> ainsi une exposition pouvantavoir <strong>des</strong> conséquences élargies y compris sur la santé <strong>des</strong> utilisateurs <strong>des</strong> produits.C<strong>et</strong>te observation a conduit l’ICPBR à attribuer c<strong>et</strong>te pratique <strong>des</strong> semis à de« mauvaises pratiques agricoles » <strong>et</strong> à encourager, de fait, la mise en place rapidede mesures perm<strong>et</strong>tant de résoudre c<strong>et</strong>te problématique <strong>des</strong> poussières à l’échellecommunautaire (Pistorius, 2008 ; Forster, 2008 ; Alix <strong>et</strong> al., 2008b).Enfin, si l’on élargit le recensement <strong>des</strong> cas d’intoxications à l’ensemble <strong>des</strong>pollinisateurs, d’autres aspects apparaissent, tels que les eff<strong>et</strong>s indirects <strong>des</strong>produits phytopharmaceutiques. Ainsi, lorsque les pestici<strong>des</strong> sont mentionnés dansles causes de déclin <strong>des</strong> populations de pollinisateurs, il est plus souvent faitréférence aux herbici<strong>des</strong> qu'aux insectici<strong>des</strong> (Kevan, 1999 ; Wilcock <strong>et</strong> Neiland,2002). A titre d'exemple, un déclin <strong>des</strong> populations de bourdons en France <strong>et</strong> enBelgique est attribué au faucardage précoce du foin <strong>et</strong> à l'utilisation d'herbici<strong>des</strong> pouréliminer les adventices à larges feuilles (c’est-à-dire les Asteraceae ou Lamiaceae ;Rasmont (1988) <strong>et</strong> Rasmont <strong>et</strong> Mersch (1988) in(Kevan, 1999).• BilanQuelques caractéristiques peuvent être mises en relief à partir <strong>des</strong> différentes informationsrecueillies (pour le bilan spécifiquement français, cf. chapitre 2.3.2 « Agents chimiques ») :- les intoxications aiguës de <strong>colonies</strong> d’abeilles par <strong>des</strong> produits pulvérisés visant laprotection <strong>des</strong> plantes sont les accidents susceptibles de se produire en cas de nonrespect <strong>des</strong> bonnes pratiques agricoles ;- aucun cas d’intoxication impliquant <strong>des</strong> résidus de produits dans le pollen ou lenectar d’espèces végétales issues de semences traitées n’a été recensé dans lalittérature ou par les réseaux. Une étude sur c<strong>et</strong>te problématique a été publiée. C<strong>et</strong>tedernière, conduite au Canada, a suivi les eff<strong>et</strong>s d’une exposition de 32 <strong>colonies</strong>d’abeilles à <strong>des</strong> plants de colza issus de semences pelliculées sur une période de130 jours (Cutler <strong>et</strong> Scott-Dupree, 2007). L’étude a porté sur un pelliculage de laclothianidine, l’exposition ayant lieu au moment de la floraison <strong>des</strong> plants traités.Aucun eff<strong>et</strong> n’a été observé sur les paramètres suivis : taux de mortalité <strong>des</strong>ouvrières, longévité <strong>des</strong> ouvrières, poids <strong>des</strong> <strong>colonies</strong>, production de miel <strong>et</strong> surfacedu couvain, pour une exposition <strong>des</strong> abeilles quantifiée à 2 µg/kg dans les nectars <strong>et</strong>les pollens par les analyses de résidus.- Comme observé dans le cas <strong>des</strong> pollinisateurs sauvages, l'impact sur lespopulations via <strong>des</strong> eff<strong>et</strong>s indirects de pestici<strong>des</strong>, notamment par la <strong>des</strong>truction del'habitat après application d'herbici<strong>des</strong>, semble apparaître plus facilement sur l<strong>et</strong>errain que l'impact direct d'une substance intrinsèquement toxique pour cesorganismes (insectici<strong>des</strong> par exemple). La durée de la pression (au sens large)exercée par ces différents produits peut en partie expliquer ce phénomène : la<strong>des</strong>truction chimique de l'habitat peut avoir <strong>des</strong> conséquences à l'échelle dequelques mois, voire de quelques années, sur la répartition de populations dansl'environnement agricole, par comparaison à un eff<strong>et</strong> sur la survie <strong>des</strong> individusexposés, qui ne concerne a priori que les individus qui ont été directement aucontact du produit <strong>et</strong> ce à une dose toxique (sous réserve bien sûr de l'absence decontamination de l'habitat - de quelque nature qu’il soit - par <strong>des</strong> doses toxiques deproduit ramenées par les organismes eux-mêmes).35
1.2.3 EnvironnementSeront successivement évoqués comme cause potentielle de mortalité <strong>des</strong> <strong>colonies</strong>d’abeilles domestiques :- l’alimentation ;- les facteurs climatiques ;- les champs électriques <strong>et</strong> magnétiques ;- les pratiques agricoles.1.2.3.1 AlimentationAvant d’aborder ce chapitre, consacré aux eff<strong>et</strong>s potentiels de l’alimentation sur la mortalité<strong>des</strong> <strong>colonies</strong> d’abeilles, il paraît essentiel de définir les besoins nutritionnels <strong>des</strong> abeillesdomestiques <strong>et</strong> leur signification, en se focalisant essentiellement sur les gluci<strong>des</strong> <strong>et</strong>protéines (Chauzat <strong>et</strong> Pierre, 2005 ; Pierre <strong>et</strong> Chauzat, 2005)Besoins nutritionnels <strong>des</strong> abeilles• Les gluci<strong>des</strong>Les gluci<strong>des</strong> représentent les constituants parmi les plus importants de la nourriture,couvrant les besoins énergétiques nécessaires à la thermorégulation, aux travauxd’entr<strong>et</strong>ien de la ruche tels que le n<strong>et</strong>toyage <strong>des</strong> cellules, l’alimentation du couvain, lesdéplacements liés au butinage, <strong>et</strong>c. Ils sont généralement stockés dans l’organisme sousforme de corps gras.Les sucres habituellement présents dans les sécrétions florales (nectar) sont métaboliséspar les abeilles (glucose, fructose, tréhalose, maltose) ; à l’inverse, certains autres, présentsdans les sécrétion de certains insectes (miellats), ne le sont pas (raffinose).La thermorégulation représente un besoin très important pour maintenir, notamment, un<strong>et</strong>empérature de 34°C en présence de couvain. En hiver, la température de la « grappe » 20ne doit pas <strong>des</strong>cendre en <strong>des</strong>sous de 13° C. En région tempérée, la consommation <strong>des</strong>ucres par une colonie d’abeilles, durant l’hiver, peut aller de 19 à 25 kg, <strong>et</strong> pour l’année,environ 80 kg. De nombreux facteurs influent sur la quantité <strong>et</strong> la qualité du butinage d’unrucher.• Les protéines <strong>et</strong> aci<strong>des</strong> aminésLes protéines sont apportées par les pollens. C<strong>et</strong> apport est indispensable à la colonied’abeilles pour assurer la croissance, l’ensemble <strong>des</strong> fonctions vitales telles que lesfonctions enzymatiques <strong>et</strong> la reproduction (Roulston <strong>et</strong> Cane, 2000). Le pollen intervient,notamment, dans le développement <strong>des</strong> glan<strong>des</strong> hypopharyngiennes <strong>des</strong> jeunes abeilles(Pernal <strong>et</strong> Currie, 2000) <strong>et</strong> leurs corps adipeux (Soudek, 1927 ; Kratky, 1931). Lors d’apportde pollen insuffisant, ces glan<strong>des</strong> se développent insuffisamment chez les nourrices dont laproduction de gelée royale ne perm<strong>et</strong> plus le développement normal du couvain, nil’alimentation normale de la reine (l’apport protéique <strong>des</strong> sécrétions hypopharyngiennesreprésente environ 95 % de l’apport protéique nécessaire au développement d’une larve).Le pollen est stocké dans les alvéoles, sous forme de pain d’abeille, assimilable à unensilage, dont la valeur biologique est supérieure à celle du pollen frais en raison <strong>des</strong>fermentations subies (sous l’action de trois souches de saccharomyces <strong>et</strong> d’une souche delactobacilles) (Pain <strong>et</strong> Maugen<strong>et</strong>, 1966). La teneur en protéines est variable selon l’originebotanique (cf. tableau 4), passant ainsi du simple au double entre le pollen de maïs ou d<strong>et</strong>ournesol, <strong>et</strong> celui de phacélie ou de trèfle blanc. Par exemple, la quantité de protéinesdisponible représente 32 % de la matière sèche du pollen d’A. greatheadii (Aloes) alors quele taux de protéines est de 15 % dans la matière sèche du pollen d’H. annuus (tournesol).20 Les <strong>colonies</strong> d’abeilles sont organisées pour résister aux températures froi<strong>des</strong> de l’hiver, en formant une grappe d’abeilles, perm<strong>et</strong>tant de conserver lachaleur à l’intérieur de la ruche.36
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