En conditions de laboratoire, semi-naturelles (sous tunnel) ou naturelles (au champ),aucune étude, à l’exception de celles portant sur les inhibiteurs de sérine-protéases,n’a mis en évidence un impact négatif de toxines actuellement commercialisées surl’abeille domestique, tant au niveau physiologique que comportemental (Malone <strong>et</strong>Pham-Delegue, 2001 ; Keil <strong>et</strong> al., 2002 ; Malone, 2004 ; Babendreier <strong>et</strong> al., 2006 ; Lehrman,2007 ; Duan <strong>et</strong> al., 2008 ; Ramirez-Romero <strong>et</strong> al., 2008). Il est exclu, à l’heure actuelle,d’utiliser les inhibiteurs de sérines-protéases en vue d’augmenter la résistance <strong>des</strong> plantesaux insectes.1.2.4 Pratiques apicoles1.2.4.1 GénéralitésPuisque la colonie peut être assimilée à un super-organisme pérenne, en raison del’organisation <strong>et</strong> <strong>des</strong> relations de travail qui existent entre les différents individus qui lacomposent, il est indispensable que les <strong>colonies</strong> disposent d’une population équilibrée (cf.1.1 « Etat de normalité »).Un déficit en ouvrières, nourrices ou butineuses, peut entraîner <strong>des</strong> perturbations au sein<strong>des</strong> <strong>colonies</strong>. Lors <strong>des</strong> manipulations apicoles, un équilibre démographique est à préserver.Le rôle de l’apiculteur est de favoriser, au travers de la technique <strong>et</strong> <strong>des</strong> métho<strong>des</strong>employées, la pérennité <strong>des</strong> <strong>colonies</strong> afin d’assurer chaque année sa production de miel.Un manque d’ouvrières <strong>et</strong> donc de ressources nutritives entraîne un développement ralenti<strong>des</strong> <strong>colonies</strong> <strong>et</strong> une population insuffisante. En période hivernale, un nombre d’abeilles tropfaible ne perm<strong>et</strong> pas de maintenir la température nécessaire à la survie de la grapped’abeilles.La perte de la reine, individu unique au sein de la ruche, peut entraîner la mort <strong>des</strong> <strong>colonies</strong>si sa disparition survient durant la période « sans mâle », donc sans fécondation. Chaquevisite de colonie doit se faire en veillant à ne pas effectuer de fausse manœuvre à l’encontrede la reine. L’apiculteur doit également veiller à l’âge <strong>des</strong> reines en les marquant, afin deprévoir leur renouvellement pour conserver leur vitalité optimale, généralement limitée auxdeux premières années de leur vie. La division <strong>des</strong> <strong>colonies</strong> (réalisation <strong>des</strong> essaimsartificiels) ne doit pas être trop tardive dans l’année, au risque de perdre les nouvelles<strong>colonies</strong> insuffisamment développées pour l’hiver.La tenue du rucher, de façon générale, est également un point d’importance. Afin defavoriser le bon développement <strong>des</strong> <strong>colonies</strong>, <strong>des</strong> règles de bon sens doivent êtreappliquées :- l’humidité doit être maintenue aussi basse que possible au sein <strong>des</strong> ruches(l’apiculteur doit isoler les ruches du sol, veiller à ce que l’eau de pluie ne s’yaccumule pas) ainsi qu’au sein du rucher (l’apiculteur doit veiller à dégager lavégétation <strong>et</strong> à utiliser <strong>des</strong> support de ruches ne gardant pas d’eau résiduelle) ;- le pas de vol doit être dégagé ;- un abreuvoir doit être mis à disposition près du rucher.1.2.4.2 L’essaimageDes visites régulières au printemps <strong>et</strong> au début de l’été doivent être réalisées pour prévenirou arrêter autant que faire se peut l’essaimage.Lors d’un essaimage, près de la moitié, voire les deux tiers, de la population quittent laruche pour fonder une autre colonie. Ce phénomène est amplifié par l’absencemomentanée de reine fertile. Le fait de visiter les <strong>colonies</strong> perm<strong>et</strong>, au besoin :43
- de prévenir la mise en route du processus d’essaimage (bonnes pratiques apicoles :extension du volume de la ruche, réalisation d’essaim artificiel, <strong>et</strong>c.) ;- d’éviter l’essaimage par <strong>des</strong>truction <strong>des</strong> cellules royales ;- de connaître la cause du dépeuplement <strong>des</strong> <strong>colonies</strong>.En régions tempérées, l’essaimage peut survenir jusqu’à la fin du mois de juin <strong>et</strong> quelquessemaines sont nécessaires à la colonie pour r<strong>et</strong>rouver sa population initiale. Outre ladiminution du nombre d’abeilles, on observe une importante diminution de la production demiel. De plus, à la suite de l’essaimage, l’apiculteur doit adapter le volume de la ruche à lapopulation restante, afin de minimiser les dépenses d’énergie inutiles (thermorégulation) <strong>et</strong>d’éviter le développement de parasites dans les espaces vi<strong>des</strong> (notamment, faussesteignes).1.2.4.3 Le milieu de vie de la colonieLe cycle de vie d’une colonie, ainsi que sa survie, sont fortement dépendants de lavégétation dans l’environnement <strong>et</strong> plus précisément <strong>des</strong> sources de pollen <strong>et</strong> de nectardisponibles. Ainsi, deux facteurs doivent être pris en considération lors de l’installation d’unrucher sédentaire :- les ressources nutritives disponibles tout au long de la saison <strong>et</strong> plusparticulièrement avant la période critique hivernale ;- le nombre de <strong>colonies</strong> par rucher.Un nombre important de <strong>colonies</strong> par site peut être envisagé lors de la floraison de planteshautement mellifères <strong>et</strong> pollinifères ; toutefois, lorsque les denrées se font plus rares, uneadaptation du nombre de <strong>colonies</strong> par site doit être effectuée, afin que chacune puissebénéficier de réserves en protéines <strong>et</strong> nutriments perm<strong>et</strong>tant le développement <strong>des</strong> abeillesd’hiver, à longue durée de vie.Les trappes à pollen installées en permanence sur les <strong>colonies</strong> peuvent entraîner <strong>des</strong>carences alimentaires <strong>et</strong> un mauvais remérage 21 . Des impacts de ce dispositif sur lapopulation <strong>des</strong> ruches ont été démontrés : au printemps, la quantité de couvain operculé <strong>et</strong>d’abeilles adultes au sein de la colonie serait moindre dans les ruches dotées de cesystème (Webster <strong>et</strong> al., 1985).Lors <strong>des</strong> transhumances, durant le temps d’adaptation de chaque colonie à son nouveaumilieu, <strong>des</strong> affrontements entre populations d’abeilles sont fréquents, pouvant entraîner <strong>des</strong>diminutions partielles de population <strong>des</strong> <strong>colonies</strong> concernées.1.2.4.4 Le nourrissementParmi les facteurs apicoles en relation avec la nourriture, Imdorf <strong>et</strong> al. indiquent que lenourrissement d’hiver, riche en miellat, souvent issu d’une miellée de forêt tardive, n’est pasapproprié pour l’hivernage <strong>et</strong> peut entraîner <strong>des</strong> symptômes tels que la dysenterie <strong>et</strong>/oud’importantes pertes de <strong>colonies</strong> (Imdorf <strong>et</strong> al., 2007).Une autre cause avérée de mortalité correspond au manque de nourriture durant la périodehivernale. En eff<strong>et</strong>, après que l’apiculteur a récupéré le miel <strong>et</strong> donc la réserve d’hydrates decarbone stockée dans les hausses, il est indispensable d’apporter aux abeilles un substitutcar un déficit en nourriture entraîne la mort de la colonie.Quatre situations distinctes peuvent être à l’origine de famine :- une quantité de nourriture insuffisante ;- <strong>des</strong> métho<strong>des</strong> apicoles (apport de nourriture) non adaptées aux besoins d’unenouvelle souche d’abeilles ;- <strong>des</strong> conditions climatiques défavorables prolongées au printemps, empêchant lacollecte de nourriture ;21 Remérage : terme apicole désignant un changement de reine dans une ruche.44
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