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rapport_annuel_2012

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lesbiennes sont fondés sur le rejet de la différence,<br />

ainsi que sur une ignorance foncière de leur sexualité<br />

et de leur vie amoureuse. Les praticien-ne-s qui<br />

se rendent coupables de ces comportements se<br />

réfèrent en effet à des clichés et à des fantasmes<br />

qui n’ont rien à voir avec la réalité de la vie de ces<br />

patientes (lire Focus). Comme notre enquête sur la<br />

lesbophobie l’avait déjà signalé, les gynécologues<br />

sont particulièrement concerné-e-s. En outre, deux<br />

cas de refus du don du sang opposé à des lesbiennes<br />

traduisent aussi la lesbophobie d’une partie du<br />

corps médical.<br />

L’homophobie face à l’homoparentalité,<br />

qui a fait son apparition dans le Rapport<br />

sur l’homophobie 2011, se manifeste<br />

cette année à travers deux exemples,<br />

l’un de négligence du médecin des<br />

urgences face au bébé d’un couple de<br />

lesbiennes, heureusement sans conséquence<br />

grave ; l’autre, d’une attitude de<br />

rejet de la sage-femme et de l’obstétricien<br />

lors de l’accouchement d’une lesbienne<br />

accompagnée de son amie, aux conséquences<br />

dramatiques. Ces situations tragiques fondées sur<br />

les préjugés des professionnel-le-s de santé et sur<br />

leur incapacité à accueillir tou-te-s les patient-e-s<br />

avec la même bienveillance, quelle que soit leur<br />

situation de couple, sont inacceptables, incompatibles<br />

avec les principes déontologiques qui régissent<br />

ces professions, et devraient imposer aux<br />

responsables de la formation initiale et continue<br />

des médecins et des paramédicaux la mise en<br />

œuvre des actions pour diffuser les connaissances<br />

sur les réalités des personnes LGBT. Ces attitudes<br />

et comportements sont non seulement moralement<br />

condamnables, mais peuvent avoir des<br />

conséquences gravissimes pour la santé et la vie<br />

des homoparents et de leurs enfants.<br />

Seules deux personnes trans ont témoigné cette<br />

année de l’incompréhension voire du rejet dont<br />

elles sont victimes de la part du corps médical –<br />

psychiatres, médecin traitant... – ce qui représente<br />

vraisemblablement une très faible proportion des<br />

trans qui ont à subir ce type de situation. Rien,<br />

malheureusement, dans les échanges que nous<br />

«Ce ne<br />

sont pas<br />

de vrais<br />

<strong>rapport</strong><br />

sexuels»<br />

111<br />

avons avec des personnes trans, ne nous permet<br />

de penser que le personnel médical serait plus<br />

tolérant envers elles. Dans les deux cas <strong>rapport</strong>és,<br />

la souffrance est très vive, conduisant l’une des<br />

victimes à parler de suicide, l’autre de « survie ».<br />

Ici encore, l’ignorance des médecins face aux<br />

questions d’identité de genre est patente, ne<br />

permettant pas aux personnes concernées de se<br />

sentir aidées, comprises et soutenues comme elles<br />

en ont besoin, même si l’attitude du médecin<br />

n’est pas hostile.<br />

L’interdiction de donner son sang imposée<br />

à tout homme ayant eu, ne serait-ce<br />

qu’une fois dans sa vie, une relation<br />

sexuelle avec un homme – donc, de fait,<br />

à tous les gays et bisexuels – continue<br />

de nous valoir des témoignages répétés :<br />

quatre cas cette année, dont deux émanant<br />

de… lesbiennes. Rien dans la réglementation<br />

actuelle n’interdit aux<br />

femmes, quelle que soit leur orientation<br />

sexuelle, de donner leur sang : seule la lesbophobie<br />

du médecin qui « accueille » la personne avant le<br />

don est en cause ; ces médecins n’ont aucune<br />

excuse puisque rien dans leur formation ne leur<br />

indique que les lesbiennes ont un risque plus élevé<br />

de transmission du VIH que les autres catégories<br />

de la population. Concernant les hommes, l’interdiction<br />

se fonde sur un risque statistique très discuté<br />

de transmission du VIH 79 , qui serait plus élevé<br />

chez les homosexuels 80 , mais qui ne prend absolument<br />

pas en compte les pratiques sexuelles des<br />

donneurs, alors que ce sont elles seules qui,<br />

comme pour les hétérosexuels, conditionnent le<br />

risque. Évidemment, les personnes rejetées du don<br />

du sang, alors qu’elles voulaient accomplir ce geste<br />

79. L’Institut national de veille sanitaire (INVS) reconnaît que<br />

ce risque, diversement apprécié dans d’autres pays, est<br />

globalement faible et que la mesure d’interdiction actuelle<br />

peut avoir des effets pervers et contraires au but recherché<br />

de réduire la transmission du sida (Bulletin épidémiologique<br />

hebdomadaire, n° 43-44, 29 nov. 2011).<br />

80. Il est important de distinguer le risque de transmission<br />

du VIH par transfusion de produits sanguins, très faible<br />

grâce aux tests de détection auxquels est soumis le sang<br />

prélevé, et la prévalence du VIH, que toutes les statistiques<br />

s'accordent à trouver beaucoup plus élevée chez les gays<br />

et bisexuels que dans le reste de la population française.

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