rapport_annuel_2012

Rapport sur l'homophobie 2012 • Synthèse
tation de 36% en 2011 (186 cas en 2011 contre
137 en 2010). La crise et les difficultés économiques
durcissent les rapports sociaux… jusqu’à l’homophobie.
Les employeurs et collègues prennent
visiblement plus de liberté pour afficher leur homophobie
tandis que le contexte socio-économique
n’encourage pas les salariés victimes à prendre le
risque de faire valoir leurs droits. L’entourage professionnel
homophobe laisse alors libre cours aux paroles
insultantes, au harcèlement, à la discrimination
(lire chapitre Travail).
Au-delà de la hausse du nombre de cas, nous
constatons la persistance d’une homophobie et
d’une transphobie profondément ancrées dans les
rapports sociaux. « Travail, famille, voisinage » : tel
est le credo de l’homophobe en 2012. Dans plus
d’un cas sur trois (38%), les victimes nous contactent
pour une situation relevant d’un de ces
contextes. Des situations qui les amènent à croiser
leur agresseur-agresseuse quasi quotidiennement.
Les actes homophobes et transphobes se répètent,
comme souvent dans les affaires de voisinage ou
au travail, et c’est la peur au ventre que les victimes
sortent ou rentrent chez elles, se présentent à
leur travail en redoutant l’insulte ou la brimade dude
la collègue ou du-de la supérieur-e hiérarchique
homophobe ou transphobe. Ce harcèlement moral
pernicieux pousse dans 64% des cas relevant de
ces contextes au mal-être et à la dépression. Cette
homophobie a donc de lourdes conséquences sur
le quotidien et la vie des personnes LGBT.
Beaucoup de victimes ne trouvent d’autre solution
qu’un changement radical de vie : un déménagement,
une rupture familiale, une démission…
Si les homosexuel-le-s ont des droits, ils ou elles
n’en ont pas autant que les hétérosexuel-le-s.
Certes, les homosexuel-le-s et trans sont de plus
en plus visibles : les médias présentent dorénavant
des couples gays et lesbiens, la société est plus
favorable au mariage pour les couples homo-
sexuels et à l’homoparentalité 6 , la question de
l’égalité des droits est un débat politique récurrent
et s’invite même à l’Assemblée nationale, à l’initiative
du groupe parlementaire socialiste, radical,
citoyen (SRC), en juin 2011. Pourtant, cette édition
2012 du rapport le constate, l’homophobie se
développe cette année sur de nouveaux terrains
et l’augmentation des cas est dramatique dans
les contextes suivants : milieu scolaire (+ 45%),
commerces et services (+ 50%), médias (+ 77%),
santé et médecine (+ 81%), religions (+ 95%).
Les homophobes estiment qu’ils-elles encourent
peu de risques vis-à-vis de la loi. Il n’est donc pas très
surprenant que ces contextes connaissent un regain
d’homophobie en France. La transphobie n’étant
toujours pas réprimée en tant que telle (lire chapitre
Transphobie), les agresseurs transphobes sont
d’autant plus encouragés à reproduire leurs actes.
La violence des agressions au cours de l’année 2011
ne faiblit pas. Encore cette année, plus de la moitié
des attaques physiques ont été recensées dans les
lieux publics et les commerces et services, tandis
que 20 % des témoignages relatifs à Internet signalent
des menaces contre les homosexuel-le-s ou
trans. Les réactions sont d’autant plus vives que les
mentalités et les législations à l’étranger évoluent
(lire chapitres Politique et International).
L’augmentation sans précédent du nombre de
cas recensés cette année et la violence qui y est
souvent associée sont un puissant argument pour
accélérer la réalisation nécessaire de l’égalité
des droits et mettre en œuvre une politique de
prévention ambitieuse.
6. Selon un sondage Ifop du 26 juin 2011, 63% des Français-es
sont favorables au mariage entre personnes de même sexe.
En juillet 2010, une enquête du Credoc indiquait que 61%
des Français-es y étaient favorables et que 48 % de la population
approuvait l’adoption pour les couples homosexuels.
Deux ans auparavant, en novembre 2009, 57 % des
Français-es se disaient faborables à l’adoption, selon
un autre sondage BVA pour Canal +.