rapport_annuel_2012
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ministère de l’Éducation nationale a contribué à<br />
cette accélération. Ce travail de prévention est une<br />
action de terrain qui demande du temps, et dont<br />
on ne peut mesurer les bénéfices que sur le long<br />
terme. En attendant que le ministère s’investisse<br />
dans un programme plus ambitieux de sensibilisation<br />
au respect des différences dès l'enseignement<br />
primaire, SOS homophobie et d'autres associations<br />
qui interviennent dans un but commun 14 demeurent<br />
les seuls recours face au cruel manque<br />
d’information des élèves sur ces questions.<br />
Premier constat de notre Rapport cette année dans<br />
l’enseignement, l’homophobie se manifeste entre<br />
élèves/étudiant-e-s, mais également<br />
entre élèves/étudiant-e-s et adultes ou<br />
juste entre adultes, et ce, sous plusieurs<br />
formes. La première manifestation de<br />
l’homophobie et de la transphobie rencontrée<br />
en milieu scolaire demeure l’insulte<br />
(77%). Parfois non dirigée, banalisée<br />
et prononcée sous couvert de l’humour ou<br />
comme forme de ponctuation, elle peut<br />
être perçue avec gêne. Elle peut également<br />
être dirigée avec l’intention de nuire<br />
ou de blesser. Dans les deux cas, rappelons<br />
que les mots ont une signification et donc<br />
une importance.Au quotidien, ces insultes,<br />
des remarques ou encore de « légères »<br />
brimades, conduisent à un véritable harcèlement<br />
que subissent la majorité des victimes<br />
(50%).<br />
Les conséquences psychologiques de ces actes<br />
sur les victimes sont désastreuses : peur, sentiment<br />
d'isolement, incompréhension, tristesse et<br />
dépression. Il n'est pas rare que l'homophobie<br />
aille jusqu'à des actes de violence physique<br />
(16%), de racket, ou de viol. Le suicide est parfois<br />
le dernier recours pour ces jeunes qui ne croient<br />
plus en l’avenir et qui sont très souvent en situation<br />
d’échec scolaire, en raison de difficultés à se<br />
concentrer ou d’absentéisme. SOS homophobie<br />
reçoit régulièrement des appels et e-mails de<br />
jeunes en détresse, isolés, pensant expressément<br />
mettre fin à leurs jours quand il n'y a pas déjà<br />
eu de tentative(s).<br />
«Quand je<br />
rentre dans<br />
la classe,<br />
tout le<br />
monde se<br />
tait et me<br />
regarde, ils<br />
attendent<br />
toujours<br />
que je<br />
craque»<br />
81<br />
Par ailleurs, il serait irresponsable d’imaginer dissocier<br />
les actes homophobes ou transphobes que<br />
subissent les victimes en classe ou dans l'enceinte<br />
d'un établissement scolaire des actes qui peuvent<br />
se poursuivre à l'extérieur. En effet, les parcours<br />
empruntés entre l’établissement et le domicile<br />
sont autant de lieux privilégiés de manifestations<br />
homophobes. Cela explique pourquoi, quand certaines<br />
victimes trouvent parfois refuge à l’école ou<br />
à l’internat quand leurs agresseurs-ses sont la<br />
famille, d’autres préfèrent rester chez elles afin<br />
d’éviter de se faire insulter ou rosser en allant<br />
étudier. Enfin, les derniers lieux où se poursuit le<br />
harcèlement aujourd’hui sont Internet et notamment<br />
les réseaux sociaux. Nous recueil-<br />
lons de plus en plus de témoignages de<br />
jeunes, injuriés ou outés sur Facebook<br />
par leurs camarades de classe.<br />
Depuis quelques années, l’orientation<br />
sexuelle des parents alimente elle aussi<br />
la triste liste des prétextes au rejet. En<br />
effet, des parents de familles homoparentales<br />
nous expliquent que leurs<br />
enfants subissent parfois, en raison de<br />
leur contexte familial, insultes, harcèlement<br />
et isolement. Ces enfants subissent<br />
le même traitement réservé aux<br />
victimes déjà citées.<br />
Les jeunes victimes, qui parfois ne<br />
peuvent évoquer leurs problèmes avec<br />
leurs parents, ou qui sont déjà victimes d’homophobie<br />
familiale, reçoivent bien souvent très peu<br />
d'aide ou d'écoute de la part du corps pédagogique.<br />
Parfois hostiles, certain-e-s professeur-e-s<br />
abusent de leur autorité en imposant leur point de<br />
vue intolérant pendant leurs cours, favorisant le<br />
repli sur soi des victimes. Pourtant, le personnel de<br />
l’Éducation nationale, censé rester neutre, n’a nul<br />
droit d’exprimer des convictions philosophiques<br />
personnelles pendant l’exercice de ses fonctions.<br />
Il se doit notamment de respecter les directives du<br />
ministère qui s’est s’engagé dans la lutte contre<br />
14. Entre autres l’association nationale de parents et amis<br />
d’homosexuel-le-s CONTACT et l’association le MAG<br />
Jeunes LGBT.