rapport_annuel_2012

cinq par l’application de la peine de mort 90 .
Si nous pouvons nous réjouir des avancées onusiennes,
les cinquante-trois témoignages internationaux
reçus cette année par SOS homophobie
dénonçant la situation des LGBT au Cameroun, en
Algérie, en Tunisie, en Russie… nous rappellent que
la bataille contre l’homophobie et la transphobie
d’État ne constitue qu’une première étape pour le
respect de la dignité de l’homme et de la femme.
L’Afrique développe… l’homophobie
L’Afrique, avec trente-six États qui criminalisent
toujours l’homosexualité par la peine de mort ou
par de sévères peines de prison, est le continent où
se trouvent les pires lois recensées s’agissant des
libertés des minorités sexuelles.
Plus de la moitié des gouvernements africains ont
pris des mesures pour criminaliser officiellement
les unions entre personnes de même
sexe. À l’image des sénateurs nigérians,
qui ont adopté fin 2011 une loi interdisant
le mariage des gays et lesbiennes,
ainsi que les manifestations publiques
amoureuses homosexuelles. Cette loi
prévoit quatorze ans d’emprisonnement
pour les homosexuel-le-s qui se
marieraient et jusqu’à dix pour leurs
« complices », les « membres ou propriétaires
de clubs gay (...) et ceux qui
directement ou indirectement montrent
en public l’existence de relations amoureuses
entre personnes du même sexe »,
indique le texte. Au Malawi, le président
Bingu Wa Mutharika a promulgué, en
janvier 2011, un amendement qui rend
toutes les lesbiennes hors la loi : « Toute
femme qui, en public ou en privé, commet un acte
de grossière indécence avec une autre femme (...)
sera coupable d’une infraction et risquera cinq ans
de prison. » Une répression qui fait du Malawi l’un
des rares pays africains à condamner spécifiquement
les lesbiennes. Le Ghana, sous la pression des
leaders religieux chrétiens et musulmans, souhaite
aujourd’hui une criminalisation sévère des minorités
sexuelles et s’interroge sur la pénalisation de
l’homosexualité ainsi que sur le renforcement
« Les homosexuels
sont un
fléau pour
l’Afrique. »
Robert
Mugabe,
président
du
Zimbabwe
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de la « lutte » contre « la menace homosexuelle »
à l’école publique.
Au Cameroun, un climat de peur et d’inquiétude
est entretenu et attisé par les autorités qui n’hésitent
pas à piéger, via des sites de rencontres,
puis à escroquer, inculper et faire condamner
jusqu’à cinq ans de prison ferme des hommes pour
homosexualité. Même en Afrique du Sud, malgré
une constitution reconnaissant les droits des
minorités sexuelles, une dizaine de «viols correctifs»
auraient lieu chaque semaine dans le pays.
Pourtant, si d’après Robert Mugabe, président
du Zimbabwe, « les homosexuel-le-s sont un fléau
pour l’Afrique » et que « les gays sont pires que les
porcs et les chiens», en mars 2011, le nombre de
pays africains signataires de la déclaration onusienne
visant à décriminaliser l’homosexualité est
passé de six à onze 91 . Sous la pression
de l’Union européenne et de la commu-
nauté internationale, les lois qui permettent
actuellement la répression des relations
homosexuelles devraient être
réexaminées prochainement dans un
certain nombre de pays africains.
Les principaux bailleurs de fonds ont
appelé les petit pays d’Afrique australe
(Malawi, Angola, Namibie…) à un plus
grand respect des libertés individuelles,
dont la liberté sexuelle. Le secrétaire
d’État adjoint américain aux affaires africaines
a également assuré que son pays
restait mobilisé pour contrer les textes
durcissant la pénalisation de l’homosexualité,
notamment en Ouganda.
Néanmoins, certains États comme la Tanzanie ou le
Ghana refusent de modifier leur législation pour
respecter les droits humains, même après la diminution
des aides britanniques (le gouvernement
90. In Rapport 2011 de l’Ilga, l'association internationale des
lesbiennes, des gays, des personnes bisexuelles, trans et
intersexuelles.
91. Déclaration faite par le chef du gouvernement italien
lors de l’inauguration du salon de la moto à Milan,
en novembre 2010.