rapport_annuel_2012
rapport_annuel_2012
rapport_annuel_2012
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
sont de deux ordres, d’une part une homophobie<br />
violente, assumée et exprimée clairement et de<br />
l’autre une homophobie plus latente. La première<br />
s’exprime chez certains intervenant-e-s à la télévision<br />
qui adoptent des prises de position fermes<br />
contre l’homoparentalité ou le mariage, dans des<br />
textes proférant des insultes directes, à l’image<br />
d’un prospectus reçu par la Poste invitant à<br />
« sauver la société de l’homosexualité ».<br />
C’est encore le cas de tel ouvrage sur la<br />
santé qui considère l’homosexualité<br />
comme une maladie, ou d’une critique<br />
de film violente à propos d’une scène<br />
entre homosexuel-le-s. C’est aussi repérable<br />
dans des clips sur Youtube<br />
aux paroles caricaturales et pleines de<br />
clichés homophobes comme le rap de<br />
Cortex ou l’humour de Max Boublil.<br />
L’homophobie plus latente, moins clairement<br />
énoncée, presque « beauf », se<br />
manifeste souvent sous couvert d’un<br />
humour douteux, de jeux de mots incertains,<br />
de blagues vaseuses, d’allusions<br />
dénigrantes qui mettent en scène des<br />
clichés mille fois éculés. Les exemples<br />
abondent :YMCA apparaît à chaque fois<br />
que l’animateur Vincent Lagaf utilise le<br />
mot « tapette » pour expliquer un jeu à ses candidat-e-s<br />
; le 13h de TF1 qualifie de « bizarre » le<br />
mannequin homme marié en clôture du défilé de<br />
Jean Paul Gaultier ; Nagui dit de Charles Trénet, un<br />
artiste « avec qui il ne fallait pas se retrouver sous<br />
la douche » ; ce lancement d’un reportage dans<br />
un JT de France 2 sur « le problème » du mariage<br />
homosexuel, cette info où Ricky Martin « avoue »<br />
son homosexualité. C’est aussi l’humour graveleux<br />
de certaines pièces du théâtre de boulevard.<br />
L’homophobie et la transphobie peuvent émaner<br />
du présentateur, de l’invité, du journaliste, de l’auteur,<br />
des acteurs mais également des lecteurs<br />
comme c’est le cas sur certains forums Internet.<br />
La parution du Rapport Annuel 2011 a ainsi<br />
déchaîné certains lecteurs du Figaro.fr. La plupart<br />
des forums de titre de presse ne sont modérés<br />
qu’a posteriori et si les propos tenus n’engagent<br />
« Alain<br />
Delon, c’est<br />
un vrai mec<br />
de toute<br />
façon. Je<br />
pense pas<br />
être un PD<br />
moi non<br />
plus, hein,<br />
bon. »<br />
Johnny<br />
Hallyday<br />
77<br />
que leurs auteurs, les internautes estiment<br />
pourtant que la responsabilité du titre est en jeu<br />
et dénoncent l’absence de modération.<br />
Face à ces démonstrations d’homophobie, les<br />
personnes qui nous contactent sont en effet scandalisées,<br />
écœurées, et bien déterminées à ne pas<br />
rester sans réaction, en étant par ailleurs lucides<br />
sur le fait que toutes les personnes<br />
concernées ne sont pas forcément des<br />
homophobes convaincus mais ont bel<br />
et bien dérapé ce jour-là.<br />
Nos témoins prennent des photos des<br />
titres de presse qu’ils-elles jugent homophobes,<br />
nous font parvenir les courriers<br />
qu’ils-elles écrivent à telle ou telle parution,<br />
antenne radio ou titre de presse en<br />
demandant des excuses. Les rediffusions<br />
numériques ou digitales, podcasts et<br />
catch-up sont alors d’une aide précieuse<br />
pour vérifier « et confirmer ce que je<br />
pensais avoir entendu ». Nombre de<br />
témoignages qui nous sont remontés<br />
comportent la minute précise à laquelle<br />
les propos homophobes sont tenus.<br />
La mise en scène médiatique de<br />
l’homophobie a parfois des résonances dans les<br />
histoires personnelles des personnes qui nous<br />
contactent. Ainsi, cet appelant qui nous contacte<br />
au sujet d’un sketch sur M6 et dit se prendre<br />
« régulièrement les mots PD, tafiole à la figure<br />
parce qu’[il est] homosexuel ».<br />
Il est capital pour la lutte contre l’homophobie et<br />
la transphobie que la ligne puisse également être<br />
utilisée pour ces dérapages qui contribuent à<br />
nourrir les clichés, dénigrer les homosexuel-le-s,<br />
les lesbiennes et les trans et maintenir cette<br />
homophobie sociale qui aboutit à tant de malêtre<br />
et de drames chez certain-e-s homosexuelle-s<br />
et trans. Il est toutefois presque désespérant<br />
de constater le silence des médias lorsque l’association<br />
les saisit sur ces questions. Les réponses<br />
sont plus que rares, et trop peu suivies d’effets à<br />
ce jour.