rapport_annuel_2012

Rapport sur l'homophobie 2012 • Santé-Médecine
de solidarité et de citoyenneté, se sentent injustement
et douloureusement discriminées.
En 2011, Xavier Bertrand, ministre de la Santé, a
répété, comme il l’avait déjà exprimé à plusieurs
reprises depuis 2006, son souhait d’ouvrir le don du
sang aux homosexuels 81 , mais ces
annonces n’ont été suivies d’aucun effet.
Entre mai et juillet 2011, le Parlement a
examiné puis voté la révision des lois de
bioéthique. Celui-ci comportait une disposition
prévoyant que « nul ne peut être
exclu du don du sang en dehors de contreindications
médicales ». Après avoir été
âprement débattu, cet article a été
adopté 82 . Bien qu’il n’ait pas été voté par la majorité
actuelle dans le but d’ouvrir le don du sang à
tous sans distinction de l’orientation sexuelle, au
contraire 83 , il représente de fait une victoire pour
tous les gays et bisexuels exclus sans raison valable
du don du sang. Les décrets d’application de cette
loi (s’ils sont promulgués…) devraient donc modifier
la situation.
Libération, 4 avril 2011
«Qui est
la mère
du bébé?
L’autre doit
sortir!»
Diagnostic épique
Aurélie consulte dans un
grand hôpital parisien pour
des insomnies. Le neurologue
lui propose de l’hospitaliser
pendant trois jours pour
lui faire faire des examens,
ce qu’elle accepte.
Quand elle le revoit, un
mois plus tard, il n’a pas
encore les résultats, ce qui
ne l’empêche pas de lui
dire qu’elle n’a rien de grave,
seulement du mal à se
caler sur le rythme des
gens « normaux » :
« Comme vous êtes
homosexuelle, vous vivez
la nuit, donc vous avez
déréglé votre rythme
de sommeil !»
Enfin, l’homophobie et la lesbophobie se manifestent
aussi dans le milieu de la santé entre professionnel-le-s,
comme dans tous les autres milieux
de travail. Trois cas de harcèlement par des collègues
nous ont ainsi été rapportés. Les réactions
de la direction des établissements sont très
contrastées, depuis le soutien sans faille
à la personne harcelée, jusqu’au licencie-
ment de celle qui la prenait pour cible,
en passant par l’indifférence – qui
revient à cautionner les insultes et comportements
homophobes.
Les professionnel-le-s des établissements
de soins doivent apprendre à se
connaître et à se respecter les uns les
autres, tout autant qu’à connaître et à respecter
les personnes dont ils-elles ont la mission de prendre
soin, ainsi que leurs proches, quel que soit leur
mode de vie. Seuls des progrès dans leur formation
initiale et continue pourront y contribuer.
81. Voir Yagg du 6/07/2011 et du 6/12/2011 (www.yagg.com).
82. Voir Journal Officiel du 8 juillet 2011.
83. Les débats parlementaires qui ont précédé le vote
en témoignent, voir : http://www.senat.fr/rap/l10-388/
l10-38862.html
Soignants à soigner
Ludovic est aide médicopsychologique
dans une
maison d’accueil spécialisée
(MAS) en région parisienne.
Il a été victime, devant
des patients, d’insultes
homophobes de la part
d’un autre salarié, qui a
finalement été licencié.
Mais Ludovic a beaucoup
souffert de cette situation :
il est maintenant
en mi-temps thérapeutique.
Il appelle la ligne d’écoute
pour un de ses collègues,
Olivier, homosexuel sourdmuet,
victime de diffamation
par courrier de la part
du salarié licencié, qui
l’accuse d’attouchements