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rapport_annuel_2012

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Rapport sur l'homophobie <strong>2012</strong> • Justice<br />

Chacun sa version<br />

de l’intérêt supérieur<br />

de l’enfant<br />

Plusieurs jugements rendus par les juges aux<br />

affaires familiales sont venus apporter du baume<br />

au cœur des familles homoparentales. Toutefois,<br />

la cour de cassation est venue rappeler la grande<br />

hostilité du droit français à l’égard de ces familles<br />

« hors normes ». En effet, c’est bien de normes<br />

qu’il s’agit. D’un côté, la Convention de New York<br />

de 1989 relative aux droits de l’enfant oblige<br />

les États signataires à garantir la protection de<br />

« l’intérêt supérieur de l’enfant ». De l’autre,<br />

le droit français interdit à des couples homosexuel-le-s<br />

d’être reconnus comme des couples<br />

parentaux aux yeux de la loi. La cour de cassation<br />

a jugé le 9 mars 2011 que dans le cadre d’un<br />

Pacs, la partenaire d’une mère ne pouvait procéder<br />

à l’adoption simple de l’enfant de celle-ci.<br />

Le couple s’appuyait sur l’article 365 du code<br />

civil qui prévoit l’adoption simple de l’enfant du<br />

conjoint, dans le cadre du mariage. Mais les<br />

magistrats refusent au motif que le conseil<br />

constitutionnel a déjà jugé que cet article, qui<br />

ne permet pas l’adoption de l’enfant de son<br />

partenaire hors mariage, est conforme à la<br />

Constitution. La cour de cassation souligne que<br />

l’intérêt supérieur de l’enfant est ainsi « pris en<br />

considération ». Ah bon !?<br />

Cette décision peut paraître d’autant plus surprenante<br />

que des juges de première instance<br />

vont dans un tout autre sens. La décision du<br />

tribunal de grande instance de Bayonne<br />

du 26 octobre 2011 et l’arrêt de la cour d’appel<br />

de Paris du 20 octobre 2011 consacrent le droit<br />

des enfants en autorisant leurs parents (homosexuel-le-s)<br />

à partager l’exercice de l’autorité<br />

parentale. Il n’est pas question d’adoption<br />

simple, mais de délégation partage de l’autorité<br />

parentale (article 377 du code civil). Dans ces<br />

deux décisions, les juges ont reconnu que les<br />

mères pacsées et vivant en couple stable justifiaient<br />

parfaitement la mise en place d’une<br />

délégation totale de l’exercice de l’autorité<br />

parentale afin de sécuriser juridiquement une<br />

situation constatée dans les faits.<br />

Ces décisions, certes louables, restent dans<br />

le fond problématiques. En effet, cette mesure<br />

ne constitue qu’un substitut à l’établissement<br />

d’une réelle parenté juridique. De plus, la délégation<br />

partage, dans les faits, n’apporte que<br />

peu de droits supplémentaires au parent à<br />

qui elle est accordée puisqu’en général, il-elle<br />

exerce déjà l’ensemble de ces droits.<br />

Par ailleurs, cette mesure cesse automatiquement<br />

à la majorité. Se pose alors la question<br />

des conséquences d’une séparation sur cette<br />

délégation. On peut y voir un moyen pour le<br />

parent délégataire de l’exercice de l’autorité<br />

parentale de faire valoir ses droits le cas<br />

échéant. Mais rien n’est sûr… Il est grand<br />

temps que le législateur se saisisse de la<br />

question et qu’il donne aux enfants de familles<br />

homoparentales ce qui leur est dû : des parents<br />

égaux en droit !

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