rapport_annuel_2012
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Rapport sur l'homophobie <strong>2012</strong> • Agressions physiques<br />
Le profil de l’auteur de l’agression est masculin<br />
dans 78 % des cas. Les agressions sont tout autant<br />
commises par des personnes isolées que des individus<br />
en groupe. Il est à noter que les agressions<br />
sur les lieux de drague sont toujours le fait<br />
d’hommes qui agissent en très grande majorité en<br />
groupe. Quant aux femmes auteures d’agressions,<br />
elles interviennent quasi uniquement dans le<br />
cercle familial ou le voisinage. Seules trois des<br />
agressions que nous avons recensées ont été commises<br />
par des femmes dans des lieux publics, dont<br />
une qui a été difficilement reconnue par les forces<br />
de l’ordre, réticentes à l’idée d’enregistrer la plainte<br />
d’un homme. Refusant de comprendre « comment<br />
il n’avait pas réussi à avoir le dessus sur une<br />
fille…». La police encouragerait-elle à répondre à<br />
la violence par la violence ?<br />
Enfin, 27% des victimes qui nous ont appelé ont<br />
signalé avoir porté plainte. Ce faible pourcentage<br />
s’explique de diverses manières. Dans beaucoup<br />
de situations, les homosexuel-le-s ou trans ne se<br />
reconnaissent pas toujours comme victimes.<br />
Après l’agression, les victimes n’ont pas toujours<br />
Lesbiennes, le danger est<br />
dans la rue<br />
Corinne nous contacte pour<br />
témoigner de l’agression de<br />
sa fille de 28 ans, Aurélie.<br />
À l’arrivée du bus de nuit,<br />
Aurélie embrasse son amie.<br />
Elle est prise à partie par six<br />
jeunes mineurs, sous le regard<br />
du chauffeur, qui ne réagit pas.<br />
Plus tard dans la nuit, les<br />
deux femmes accompagnées<br />
de leurs ami-e-s retrouvent<br />
les agresseurs qui sont dorénavant<br />
une dizaine. Aurélie se<br />
fait rouer de coups. Alertée,<br />
la police arrête six des<br />
agresseurs.<br />
Virginie et Nathalie se séparent<br />
un matin en partant au travail.<br />
Elles s’embrassent devant<br />
l’entrée du métro. Un homme<br />
les invective : « Deux meufs<br />
qui s’embrassent, c’est dégueulasse.<br />
» Il interpelle un ami<br />
à proximité. Sur le quai,<br />
Virginie retrouve les deux<br />
hommes qui lui jettent un<br />
carton de détritus.<br />
Karine, lycéenne, est assise<br />
dans un parc avec son amie<br />
qui a la tête posée sur son épaule<br />
et un ami. Un homme,<br />
la quarantaine, s’approche,<br />
prend le bras de Karine<br />
et hurle pendant une dizaine<br />
de minutes: « Lève-toi…<br />
Vous êtes des monstres, vous<br />
allez brûler en enfer… Je vais<br />
t’apprendre à sucer une bite,<br />
connaissance des procédures à entamer (dépôt de<br />
plainte, certificat d’incapacité totale de travail,<br />
ITT). Dans le cas où elles connaissent leurs agresseurs<br />
ou agresseuses, elles craignent un déchaînement<br />
de violence et qu’une procédure judiciaire<br />
envenime la situation, notamment dans le cas<br />
d’agressions par un voisin ou une voisine. Et quand<br />
l’affaire se passe dans un lieu public, l’idée qu’un<br />
dépôt de plainte a peu de chance d’aboutir est<br />
encore très présent. Il est pourtant des jugements<br />
encourageants. En 2011, le tribunal de grande instance<br />
de Bobigny a condamné un jeune homme à<br />
six mois de prison ferme et 3 200€ de dommages<br />
et intérêts, alors que le procureur avait requis<br />
dix-huit mois avec sursis, mais surtout a reconnu<br />
la « circonstance aggravante de l’homophobie».<br />
Cet homme et deux comparses avaient dragué<br />
deux jeunes filles dans la rue avant de les insulter<br />
et frapper. Signe que la procédure judiciaire peut<br />
donc contribuer à la reconnaissance de violences<br />
homophobes, de leur injustice et du statut de<br />
victime. C’est souvent par ces douloureuses<br />
démarches que les victimes entament leur<br />
reconstruction.<br />
tu vas aimer ça…» L’agresseur<br />
lui lâche le bras mais continue<br />
de les injurier : « Je te jure,<br />
j’ai envie de te tabasser.»<br />
Il part en jetant son mégot sur<br />
l’amie de Karine et en disant:<br />
« Si je te revois, je te crève. »<br />
Du sang et des larmes<br />
Éric, 46 ans, est retrouvé mort<br />
à son domicile. Il avait invité<br />
un homme rencontré une semaine<br />
plus tôt chez lui.<br />
La victime en confiance se laisse<br />
bâillonner et attacher à son lit.<br />
Éric est frappé à la tête à coups<br />
d’extincteur. L’agresseur est<br />
arrêté quelques jours plus tard.<br />
Il a été aidé par deux complices.<br />
Un meurtre pour le vol d’une<br />
télévision, d’un ordinateur et