rapport_annuel_2012

quand on fait l’amour ».
Louis, 65 ans, pense que
« la vie est nulle ». Bien
qu’il assume le fait d’être
homosexuel, il relève que
l’homophobie est partout
et que l’on ne peut rien y
changer. Il a pensé plus tôt
dans la journée à en finir
avec la vie.
Omar, 38 ans, en a plus
qu’assez d’entendre des
insultes dans la rue. Même
dans sa famille il doit toujours
se justifier. Il nous explique
pleurer régulièrement
lorsqu’il se fait traiter de «PD»
dans la rue, ou quand il
entend un passant faire
une remarque homophobe
type « t’as vu comme
il marche ? »
Suicide et minorités
sexuelles : l’Institut
de veille sanitaire
alerte
Un jeune homme écrit
par mail depuis le Sud :
« Marre des homophobes
que je croise. Comment me
sortir de tout ça sans passer
par le suicide ??? »
On le savait d’expérience, en écoutant, comme
le fait SOS homophobie, les appels parfois désespérés
de personnes LGBT ou en lisant les résultats
de plusieurs enquêtes étrangères. Cette fois-ci,
le constat vient (enfin!) de l’Institut de veille
sanitaire. Dans son Bulletin épidémiologique
hebdomadaire (BEH) de décembre 2011 11 , qui
dresse un état des lieux du suicide en France,
l’Institut s’intéresse aux « minorités sexuelles
face au risque suicidaire ». Dans son éditorial,
Jean-Louis Terra, professeur de psychiatrie à
l’Université Claude Bernard de Lyon, confirme ce
que nous disons depuis toujours et qui justifie
notre lutte : « L’homophobie, et non l’orientation
sexuelle par elle-même, est le principal facteur qui
peut induire un surrisque de crise suicidaire et de
L’homophobe était gay
Franck, 60 ans, pensait
que l’homosexualité « n’était
pas normale » et que « les
homosexuels étaient des
vicieux ». Mais depuis quelque
temps, ce Francilien a passé
de bons moments avec des
hommes. Il a l’impression que
deux hommes vivent en lui.
Il se sent seul et comme
« étranger à [lui]-même ».
Yann, 34 ans, a de grandes
difficultés à vivre et à accepter
d’aimer pleinement les
hommes. C’est une démarche
douloureuse pour lui :
« Je dois lutter contre l’homophobe
que j’étais. » Il considère
que son homosexualité
est une faute à avouer.
Paul est déstabilisé : il s’est
toujours considéré comme
hétérosexuel mais s’est
découvert une attirance
pour les hommes. Pour lui,
l’homosexualité est quelque
chose de malsain qui lui fait
presque éprouver de la haine.
Deux hommes entre eux,
« c’est dégueulasse », dit-il.
Il a honte de plaire aux
homosexuels.
tentative de suicide ». Il était temps qu’une institution
se joigne aux associations pour alerter
les pouvoirs publics et abandonner la mentalité
qui a perduré parmi les responsables politiques
comme dans certains milieux médicaux bien
longtemps après que l’homosexualité a été
retirée, en 1992, de la liste des maladies mentales
de l’Organisation mondiale de la santé.
Comme l’écrit dans ce même BEH Jean-Marie
Firdion, chercheur au centre Maurice Halbwachs
à Paris, « pendant longtemps, en haut lieu, on a
considéré que le problème, c’est l’homosexuel ».
Il n’a pas été simple d’obtenir des soutiens en
France pour mener des enquêtes poussées sur
le sujet. Il a fallu tout l’acharnement de ce
chercheur et la détermination de François Beck,
de l’Institut national de prévention et d’éducation
pour la santé (INPES), pour que sorte cette
étude française, à laquelle a également travaillé
11. « Suicide et tentatives de suicide : état des lieux en
France », Bulletin épidémiologique hebdomadaire n°47-48,
13 décembre 2011.
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