rapport_annuel_2012
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La sociologie des personnes qui se sont manifestées<br />
auprès de SOS homophobie cette année reste<br />
différente de la population générale (plus d’hommes,<br />
plus de Francilien-ne-s, plus de cadres),<br />
cependant la proportion de femmes (plus d’un<br />
quart en 2011), augmente d’année en année, de<br />
même que les témoignages hors région parisienne<br />
(61%). À noter que la proportion de cas signalés<br />
dans la fonction publique est identique à la proportion<br />
d’emplois publics en France, ce qui tend à<br />
montrer que le secteur public n’est pas plus ni<br />
moins protégé des comportements homophobes<br />
que le secteur privé.<br />
Le nombre de témoignages de personnes trans<br />
est extrêmement faible ; cependant, il est à<br />
craindre que cette rareté reflète une attitude de<br />
rejet fortement généralisée vis-à-vis des personnes<br />
trans dans le monde du travail, mais aussi des<br />
difficultés que celles-ci ont à y accéder.<br />
La phase de transition correspond à une<br />
période plus ou moins forcée de retrait<br />
du monde du travail (lire aussi le chapitre<br />
Transphobie).<br />
Les actes d’homophobie recensés sont<br />
très souvent le fait soit de supérieur-e-s<br />
hiérarchiques (45%), soit de collègues de<br />
la victime avec qui elle n’a pas de lien<br />
hiérarchique (41%) 89 . Si on ne peut que<br />
regretter que des personnes s’attaquent<br />
à leurs collègues de travail pour des motifs discriminatoires,<br />
l’attitude homophobe d’employeu-r-se-s<br />
ou supérieur-e-s hiérarchiques est autrement<br />
condamnable du fait de leur devoir d’assurer à<br />
leurs subordonné-e-s un cadre de travail décent, et<br />
autrement incompréhensible étant données les<br />
conséquences que de tels actes peuvent avoir.<br />
Des répercussions non seulement sur la victime,<br />
mais également sur les autres employé-e-s et sur<br />
l’entreprise elle-même qui, bien trop souvent,<br />
en vient à se séparer d’une personne pour des<br />
raisons qui n’ont aucun lien avec son efficacité au<br />
travail. Ainsi, parmi les cas recensés cette année,<br />
41 ont entraîné des arrêts maladie et autant sont<br />
à l’origine de licenciements, ruptures de contrats,<br />
démissions ou refus d’embauche. Une de ces<br />
« L’homophobe<br />
est un-e<br />
chef-fe<br />
dans 56%<br />
des cas »<br />
121<br />
conséquences au moins est signalée par la victime<br />
dans 37% des cas.<br />
Les témoignages de cadres victimes d’homophobie<br />
de la part de subordonné-e-s sont plus rares :<br />
5% des cas en 2011. Dans 5% des cas également,<br />
l’homophobie vient de personnes extérieures à la<br />
structure qui emploie la victime (client-e, fournisseu-r-se,<br />
patient-e, élève…). Enfin, parmi les actes<br />
d’homophobie dus à des collègues, dix sont le fait<br />
de personnes qui ont un mandat de délégué-e<br />
syndical-e ou de représentant-e du personnel.<br />
Ces actes constituent un manquement particulièrement<br />
grave à leurs devoirs, et peuvent créer une<br />
situation inextricable pour la victime : vers qui se<br />
tourner alors ?<br />
L’insulte est la forme la plus fréquente d’homophobie<br />
au travail : elle est présente dans plus de la<br />
moitié des cas signalés à SOS homopho-<br />
bie.Viennent ensuite, dans 42% des cas,<br />
des manifestations d’homophobie<br />
moins directes, généralement non punissables<br />
pénalement, mais qui n’en ont<br />
pas moins un impact important pour la<br />
victime sur son moral, sa sérénité, voire<br />
son estime de soi. Les cas de discrimination<br />
en raison de l’orientation sexuelle<br />
(réelle et supposée) approchent le tiers<br />
des témoignages reçus. En raison de leur<br />
pouvoir sur la victime, ces cas sont le fait<br />
des supérieur-e-s hiérarchiques ou employeu-r-ses.<br />
Le harcèlement moral (31%) et l’outing (17%)<br />
sont fréquents aussi bien du fait de supérieur-e-s<br />
que de collègues ou parfois de subordonné-e-s, et<br />
se révèlent particulièrement éprouvants pour la<br />
victime. Enfin, on pourrait croire le monde du travail<br />
relativement protégé de la violence physique,<br />
mais elle est pourtant bien présente : treize cas<br />
d’agressions physiques ont été signalés à SOS<br />
homophobie cette année.<br />
En plus de l’homophobie, certains témoignages<br />
(5%) mentionnent des actes de sérophobie : insul-<br />
89. Plusieurs auteurs peuvent être à l'origine d'un même acte<br />
LGBTphobe dénoncé.