rapport_annuel_2012

En dehors de ce mouvement LGBT, la culture sportive
est profondément hétérosexiste et exclut de
fait un grand nombre de personnes d’une pratique
sereine de leur sport. Ces athlètes se sentent mal
dans ces fédérations et ressentent les mécanismes
et règlements comme des carcans ne leur laissant
d’autre choix que de se taire, sans dévoiler leur
homosexualité. Parmi les témoignages reçus cette
année, des manifestations d’hostilité et des insultes
à l’égard de joueurs et de joueuses soupçonnés
d’être homosexuel-le-s nous sont encore signalées.
La dernière étude menée par la Direction régionale
Aquitaine chargée de la jeunesse, des sports
et de la cohésion sociale affiche des statistiques
alarmantes émanant en particulier des sportifs
pratiquant des disciplines qualifiées de masculines
et collectives 88 . 50,6% des sportifs hommes
interrogés ont ainsi déclaré avoir des attitudes
négatives ou ambiguës envers les gays ! Les résultats
sont un peu plus positifs à l’égard des lesbiennes
mais dévoilent une nouvelle fois le climat
hostile dans lequel les gays et lesbiennes évoluent
: insultes, moqueries, rejet et exclusion…
Le vocabulaire et la réthorique homophobes
continuent d’être très largement utilisés dans les
« L’équipe des gouines »
Élise arrive au stade pour
son entraînement de foot
féminin, et croise une autre
équipe. Avec ses coéquipières,
elles sont interpellées d’un
ton vindicatif : « Tiens regarde
qui passe, c’est l’équipe des
gouines. » Élise essaie de
les arrêter, mais rien n’y fait :
« On n’aime pas les gouines »,
entend-elle alors.
Forums sur le foot : extraits
choisis
« Bande de petites bites,
soyez des hommes. »…
« La plupart des homme
détestent les homos, on s’en
branle d’eux. »… « Enculé
117
vestiaires et les tribunes. Le réflexe est encore
bien vivace, les équipes adverses sont toujours
« des PD », ce soir au match, « on va les enculer ».
Il y a encore des « sports de PD », et des sportives
qui sont « presque des mecs ».
Au plus haut niveau, la nomination de David
Douillet au poste de ministre de la Jeunesse et
des Sports en septembre 2011 a inquiété bon
nombre d’associations, dont SOS homophobie,
au vu des dérapages réguliers de David Douillet.
Il a répondu à ces interpellations par des excuses,
et a pour l’instant maintenu le programme du
ministère, le comité de lutte contre les discriminations
animé par Laura Flessel, qui met en place
cette année des modules de formation à partir
de clips pédagogiques et réfléchit à un observatoire.
SOS homophobie, partie prenante de
ce comité, veille à ce que l’homophobie soit
traitée à part entière, de manière spécifique par
rapport aux autres maux du sport que peuvent
être le racisme, le sexisme ou le rejet du handicap
(lire encadré).
88. Étude menée auprès de 922 sportifs et entraîneurs
évoluant dans la région Aquitaine en 2010-2011,
voir http://www.cabinet-mb.fr/?p=2660.
fait partie du langage fleuri
de Marseille. »… « C’est
contre nature, ils se comportent
comme des femmes. »…
« Je n’ai pas de haine
particulière contre les homos,
je ne les aime pas, c’est
différent. »… « Ils peuvent
pas faire de la danse ou
du patinage, eux ? »