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rapport_annuel_2012

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témoignages reçus le sont sur la ligne d’écoute,<br />

contre 13% par e-mail. L’appel permet une<br />

écoute, un soutien et la sortie au moins momentanée<br />

de l’isolement pour ces personnes qui<br />

souffrent au quotidien de leur situation.<br />

Lorsque l’appelant-e a le courage nécessaire pour<br />

poursuivre la conversation et détailler son récit, on<br />

perçoit la gêne née des propos blessants voire<br />

insultants tenus par « les gens », qu’ils soient des<br />

proches ou des individus lambda, que ces propos<br />

leur soient adressés directement ou non. L’injure<br />

homophobe banalisée reste cette année encore<br />

la deuxième source du mal-être des victimes qui<br />

nous contactent (36%), soit 7% en plus par<br />

<strong>rapport</strong> à l’an dernier.<br />

Si la banalisation des insultes à caractère homophobe<br />

marque toute personne LGBT et tout individu<br />

simplement sensible aux questions d’orientation<br />

sexuelle ou d’identité de genre, elle heurte<br />

d’autant plus profondément les personnes dont le<br />

cheminement est plus complexe. Celles-là s’isolent,<br />

ne communiquent plus avec leur famille ni avec<br />

leur ami-e-s et se trouvent bien souvent dans<br />

l’incapacité de s’épanouir socialement, personnellement,<br />

voire même professionnellement. Sans<br />

oublier les comportements autodestructeurs,<br />

alcoolémie, toxicomanie, etc., qui les accompagnent<br />

parfois.<br />

La classe d’âge la plus représentée parmi les<br />

témoignages reçus est celle des 35-50 ans (31%<br />

des appels). Cette surreprésentation s’explique<br />

par une fatigue liée à la vie dans une société<br />

hétéronormée. Mais ce chiffre traduit également<br />

la difficulté supplémentaire à découvrir et/ou<br />

assumer tardivement son orientation sexuelle ou<br />

sa transidentité. Ces dernières, lorsqu’elles s’écartent<br />

du chemin « classique », sont refoulées et<br />

ressurgissent à un âge déjà avancé. Imprégné-e-s<br />

des marques d’homophobie sociale (comme<br />

le montre la prolifération des insultes comme<br />

« PD », « tapette », « brouteuse », « travelo » ou les<br />

discours dévalorisant l’homosexualité et marginalisant<br />

la transidentité), il-elles ont encore plus<br />

de difficultés à comprendre, assumer et exprimer<br />

71<br />

leur orientation sexuelle ou leur transidentité.<br />

La découverte ou l’acceptation tardive d’une attirance<br />

pour une personne du même sexe ou<br />

l’appartenance à l’autre genre peut remettre en<br />

cause tout un vécu. Une vie parfois marquée par<br />

un mariage et des enfants, une vie qu’il va falloir<br />

aménager. Après la phase « comment l’annoncer<br />

sans faire souffrir mes proches ? », on se projette<br />

dans l’avenir : « Vais-je être accepté-e par ma<br />

famille ? », « Par mes proches ? », « Comment<br />

mes collègues de travail vont-ils-elles réagir ? ».<br />

La peur du rejet pousse encore à l’isolement.<br />

La troisième manifestation du mal de vivre des<br />

appelant-e-s concerne justement le rejet et<br />

l’ignorance dont ils-elles sont victimes au quotidien.<br />

28% des témoignages font en effet état de<br />

la manière dont les familles, les ami-e-s, les collègues,<br />

les voisin-e-s vont purement et simplement<br />

ignorer soit la personne, soit son orientation<br />

sexuelle ou son identité de genre (qu’elle aura<br />

pourtant eu tant de mal à exprimer). Quand<br />

l’ignorance ne suffit pas, le rejet prendra le pas :<br />

insultes, expression d’un dégoût, assimilations<br />

douteuses (au VIH ou à la pédophilie), etc.<br />

Le besoin de rencontres avec des personnes<br />

dans la même situation se fait très souvent sentir.<br />

64% des témoignages proviennent des régions,<br />

où les lieux de sociabilité LGBT ne sont pas aussi<br />

nombreux qu’en Île-de-France. L’anonymat de la<br />

personne et son orientation sexuelle sont également<br />

mis à mal dans certaines zones rurales :<br />

les insultes, le rejet, la discrimination n’en sont<br />

que facilités et le mal-être de la personne encore<br />

accru. Tous les témoignages que nous recevons<br />

démontrent la nécessité et l’urgence de lutter dès<br />

le plus jeune âge contre les préjugés liés à l’orientation<br />

sexuelle et l’identité de genre.

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