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Reichsmarks

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attention inquiète entre Emil et elle, essayant d’être un homme<br />

jovial dans un groupe d’hommes, mais désirant plus encore<br />

tenir la voix de sa nièce contre son oreille, comme un coquillage<br />

contenant le mugissement de l’océan. Elle entendit Helena<br />

demander en anglais :<br />

— Vous vous embrassez ?<br />

— Oui. Mais souvent pas embrasser. Oncle regarde,<br />

répondit-elle dans son anglais de débutante. Petit peu<br />

seulement, poursuivit-elle en montrant son pouce et son index<br />

séparés de quelques millimètres.<br />

En les entendant, Putzi Hanfstaengl écarta les jambes pour<br />

se pencher vers leur groupe, sa cravate blanche toute défaite.<br />

— Qui embrasse qui ? chuchota-t-il en anglais.<br />

— Emil et Geli.<br />

Putzi resta bouche bée de façon comique, et pencha sa tête<br />

disgracieuse vers sa femme.<br />

— Et comment notre caporal amoureux va-t-il le prendre ?<br />

— Qu’est-ce que ça peut lui faire ? Les femmes ne comptent<br />

pas pour lui. Il est neutre.<br />

— Que disent-ils ? demanda Ilse à Geli en allemand.<br />

— Je n’en ai pas la moindre idée, répondit la jeune fille, ce<br />

qui était faux.<br />

On apporta des assiettes fumantes à Kristina, Ilse et Helena.<br />

Heinrich Hoffmann se recula sur sa chaise, satisfait de luimême,<br />

et continua son histoire, à présent au seul profit d’Emil<br />

Maurice et de Rudolf Hess, qui en oublia de cacher ses dents<br />

protubérantes quand il sourit. Hitler foudroyait sa nièce du<br />

regard par-dessus la table comme si elle l’avait trahi, son visage<br />

blême presque décomposé par la souffrance. Hoffmann finit sa<br />

blague en criant : « Tiens le lion ! » et les hommes se mirent à<br />

hurler de rire ; Hitler en fit autant, répétant la chute, plié en<br />

deux par l’hilarité, riant si fort qu’il dut sortir son mouchoir<br />

pour essuyer ses larmes.<br />

Le 21 décembre, comme elle devait prendre le train de<br />

l’après-midi pour Berchtesgaden afin de passer Noël avec<br />

Angela à Haus Wachenfeld, Hitler lui rendit visite à midi dans<br />

sa chambre blanche de la pension Klein, et, sans ôter son<br />

trench-coat de cuir marron ni son chapeau mou, il se mit à<br />

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