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Reichsmarks

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Comme Angela ne l’avait pas prévenu de leur visite, il fut<br />

suffoqué, en apportant les menus, de la trouver dans le vestibule<br />

avec une nièce qu’il n’avait jamais vue. Aloïs était le fils<br />

illégitime de Franziska Matzelsberger, la bonne d’Aloïs père,<br />

que ce dernier avait épousée deux mois seulement avant la<br />

naissance d’Angela. Bien qu’ils n’aient qu’un an d’écart, Aloïs<br />

semblait plus près de la soixantaine, et avec sa moustache de<br />

morse, ses cheveux rares et grisonnants, son regard oblique et<br />

dubitatif derrière des lunettes sans monture, il ressemblait bien<br />

plus à son père, du moins aux photographies que Geli en avait<br />

vues, qu’à son demi-frère Adolf. Des qualités inquiétantes<br />

qu’Adolf avait réussi à tourner en sa faveur, Aloïs n’en possédait<br />

aucune ; il ne paraissait que vulgaire, égoïste, pompeux et<br />

sournois, comme un garçon de café compassé qui vole dans la<br />

caisse, ou un fonctionnaire qui s’arrange avec les règlements en<br />

échange d’un pot-de-vin. Ils prirent tous trois un café et des<br />

sandwiches au coin du feu, et Aloïs semblait avide d’avoir des<br />

nouvelles d’Adolf, car il était persuadé que leurs destins étaient<br />

liés, et il estimait que c’était son tour « à l’abreuvoir », comme il<br />

disait. « Et qui sait ? On pourrait même devenir amis, lorsqu’il<br />

sera revenu de cette affaire de bigamie et de sa peur de voir sa<br />

bonne réputation salie. »<br />

Angela en eut vite assez d’Aloïs et de son manque d’intérêt<br />

trop flagrant pour Paula ou les Raubal, et elle lui dit qu’elles<br />

allaient visiter le musée d’Histoire de l’Allemagne. Aloïs les<br />

laissa payer l’addition, en leur promettant de leur offrir un bon<br />

dîner la prochaine fois.<br />

— Eh bien, voilà une bonne chose de faite, dit Geli en sortant<br />

sur la Wittenbergplatz.<br />

— Ça t’ennuierait de rentrer à l’hôtel maintenant ? demanda<br />

Angela, qui approchait des quarante-quatre ans et avait pris<br />

quinze kilos depuis la naissance de Geli. Je ne sens plus mes<br />

pieds.<br />

Lorsqu’elles arrivèrent dans leur chambre, il y avait un<br />

message d’Emil Maurice disant « Vous me manquez<br />

beaucoup », et un autre du Doktor Goebbels qui prévenait d’un<br />

changement de programme, car le Führer, qu’elles n’avaient pas<br />

encore vu, dînerait avec Edwin et Helene Bechstein, l’actrice de<br />

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