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Reichsmarks

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— Mais c’est moi qui suis censé perdre mon temps dans les<br />

cafés !<br />

Tout le monde rit trop fort et trop longtemps.<br />

Hitler se tourna vers sa nièce.<br />

— Tu as déjà vu notre journal ?<br />

Elle répondit par la négative.<br />

Hess tendit un ancien numéro où la phrase « Débarrassonsnous<br />

des Juifs une fois pour toutes » s’étalait sur la une. Hitler<br />

le tint devant lui en félicitant longuement Hanfstaengl pour<br />

avoir pensé au format américain, avec le slogan Arbeit und Brot<br />

(du travail et du pain) placé sous l’ours, et pour avoir engagé<br />

Schwarzer, un caricaturiste de Simplicissimus, pour concevoir<br />

cet ours. Simplicissimus, expliqua Hitler à Ingrid, était une<br />

célèbre revue satirique, connue pour sa haine du parti nationalsocialiste,<br />

c’est pourquoi il pensait que la contribution de<br />

Schwarzer – ainsi que celle d’Hanfstaengl – était une grande<br />

victoire. L’immense Hanfstaengl s’inclina avec grâce en<br />

entendant les louanges d’Hitler, qui ne devaient pas être rares,<br />

car Geli vit Hess bouillir, mortifié et tourmenté. Et voilà, il va<br />

être encore obligé d’en rajouter, pensa Geli.<br />

Hess se précipita vers les deux amies.<br />

— Nous nous sommes dit que nous pourrions redonner aux<br />

mois leurs anciens et valeureux noms germaniques :<br />

Wonnemonat pour mai, le « mois des délices » ; pourquoi pas<br />

Brachmond, « lune en jachère », pour juin ? Octobre serait<br />

Gelbhart, « jaune dur ». Quant à novembre, il deviendrait<br />

Nebelung, brume.<br />

— C’est une idée ridicule, répondit Hitler. Nous sommes un<br />

parti de gens simples, pas de mystiques.<br />

Et tandis que les traits de Hess se décomposaient, Hitler<br />

ouvrit une page intérieure pour montrer aux jeunes filles une<br />

caricature qu’il jugeait hilarante : un beau chevalier germanique<br />

emmenait loin de son château un gros prêtre braillard et un Juif<br />

fort laid au nez aussi gros qu’une calebasse, accrochés à son<br />

destrier. Désabusé, le chevalier pensait : « Devrons-nous<br />

toujours avoir affaire à ces deux-là ? »<br />

Les filles se regardèrent. En quoi est-ce drôle ?<br />

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