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Reichsmarks

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yeux, je n’étais plus aveugle ! Et j’ai aussitôt fait le vœu d’entrer<br />

en politique et d’offrir ma vie, dans l’espoir de changer le destin<br />

de l’Allemagne.<br />

— En politique ? demanda-t-elle.<br />

Elle pensait que tous les politiciens venaient de l’aristocratie.<br />

Elle sentait sa main toujours sur son genou. Est-ce qu’il allait le<br />

secouer comme lorsqu’il la taquinait ?<br />

— Tu vois ce que ces histoires ont en commun ? Je suis un<br />

enfant de la providence, Fräulein Raubal.<br />

Il enleva sa main et sourit avant de poursuivre :<br />

— Tu entendras beaucoup parler de moi. Tu verras, quand<br />

mon heure sera venue.<br />

Bien que sa solde se fut arrondie en un joli petit pécule<br />

pendant ces années au front, et que la pauvreté des Raubal fût<br />

aussi manifeste que les bocaux qu’ils utilisaient en guise de<br />

verres, Adolf se garda bien d’offrir à Angela un peu d’argent<br />

pour la nourriture. Pourtant, elle lui avait préparé un tel festin<br />

qu’il le remarqua, lui qui, pareil à un enfant, ne se préoccupait<br />

que de lui-même. Il glissa une serviette dans son col et la<br />

déploya sur ses médailles, tout en souriant à cette table couverte<br />

de plats de boulettes tyroliennes à la choucroute, de betteraves<br />

rouges à la sauce raifort, et de quatre pigeonneaux sur un lit de<br />

céleri en branche et d’oignons.<br />

— Quelle prodigalité, Angela ! s’écria-t-il. Où est le veau<br />

gras ?<br />

— C’est que nous n’avons pas souvent l’occasion de vous<br />

voir, caporal Hitler.<br />

Angela reçut un regard furibond qui s’adoucit toutefois<br />

quand Hitler, en guise de réponse, harponna un pigeonneau<br />

avant de le lâcher vulgairement dans son assiette. Puis il<br />

entreprit de le découper avec tant d’ardeur que les flammes des<br />

bougies vacillèrent dans les chandeliers. Tout à l’heure, il va se<br />

lécher les doigts, pensa Angela. Les Raubal en restèrent bouche<br />

bée, jusqu’à ce que, avec une sévérité et une assurance dignes de<br />

son père, Hitler leur dise sans lever les yeux :<br />

— Allez-y, commencez.<br />

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