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Reichsmarks

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dépouillée, à l’exception d’un téléphone noir, d’un bloc et d’un<br />

stylo-plume, et d’une photographie encadrée d’Hitler. Dans<br />

chaque couloir était accroché un portrait du Führer, et sur un<br />

mur il y avait une carte verte de l’Allemagne, les villes et les<br />

villages marqués par une croix gammée noire.<br />

Le bureau d’Hitler était plus imposant et bien trop grand,<br />

mesurant environ cinquante pas d’une porte à l’autre, les murs<br />

recouverts de daim brun-rouge, des fenêtres allant jusqu’au<br />

plafond donnant sur Königsplatz, un somptueux tapis rouge qui<br />

sembla aussi moelleux qu’un matelas sous les pieds de Geli, une<br />

grande cheminée, un sofa doré et des chaises à une extrémité, et<br />

à l’autre deux chaises de bureau devant un immense bureau<br />

ministre, chargé de ciselures, et vierge de tout crayon. Un<br />

portrait en pied à l’huile du magnat de l’automobile Henry Ford,<br />

qui finançait le parti en secret, était accroché à un mur, un beau<br />

buste de Benito Mussolini trônait sur un piédestal, et non loin il<br />

y avait une des photographies obsédantes et fantomatiques<br />

qu’Heinrich Hoffmann avait faites d’Hitler, le visage d’une<br />

beauté artificielle encadré de noir, le regard hypnotique tel un<br />

assaut furieux.<br />

Geli passa devant une bonne représentation à l’huile de la<br />

première attaque dans les Flandres en 1914 du 16 e régiment<br />

d’infanterie de réserve de Bavière, puis alla se planter devant<br />

une des nombreuses peintures du XVIII e siècle de Frédéric le<br />

Grand que possédait Hitler. Elle se rendit compte soudain que<br />

le roi de Prusse avait posé la main gauche sur sa hanche dans un<br />

geste efféminé, ainsi que son oncle le faisait souvent.<br />

— Ce vieux Fritz, fit Hitler, et elle se retourna.<br />

Il était assis dans son fauteuil à haut dossier au cuir<br />

moelleux tel un pudding, les mains croisées devant lui comme si<br />

elle était son théâtre, son amusement.<br />

— Le vieux Fritz a enlevé une jolie danseuse italienne,<br />

Barbara Campanini, pour qu’elle danse pour lui en privé tous<br />

les soirs. Mais elle devint plus que ça. Elle fut sa bouteille de<br />

Leyde, sa source d’énergie. On l’appelait « la Barbarina ». Une<br />

force odique émanait d’elle et électrifiait le souverain prussien,<br />

dont les nombreuses obligations et les longues heures de travail<br />

auraient pu saper la puissance.<br />

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