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Reichsmarks

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Au lever du soleil, les putschistes, toujours à la<br />

Bürgerbräukeller, apprirent que le QG de Röhm était assiégé<br />

par la Reichswehr et la police de l’État. Affirmant que « le ciel<br />

tombera sur nos têtes avant que la Reichswehr bavaroise se<br />

tourne contre moi », le général Ludendorff suggéra un défilé<br />

dans le centre-ville afin de mettre le peuple de leur côté, et en<br />

supervisa les préparatifs en buvant du vin rouge.<br />

Un orchestre était censé ouvrir le cortège en jouant des<br />

marches, mais comme les musiciens n’avaient été ni payés ni<br />

nourris, ils produisirent une version braillarde de la marche<br />

préférée d’Hitler, la Badenweiler, avant de partir, mécontents.<br />

Se retrouvèrent donc en tête du défilé, Ludendorff casqué et<br />

vêtu d’un manteau marron, Hitler dans son trench-coat blanc et<br />

son chapeau mou, et à côté de lui un homme de confiance, Max<br />

Erwin von Scheubner-Richter, lui-même suivi par Alfred<br />

Rosenberg et Hermann Göring, puis par les cent hommes du<br />

Stoßtrupp Adolf Hitler, la garde personnelle d’Hitler,<br />

précurseur de la SS, équipés de carabines, grenades, et casques<br />

d’acier grands comme des casseroles. Ensuite venait une<br />

automobile avançant au ralenti, une mitrailleuse posée sur le<br />

siège arrière, puis un régiment entier de SA à peine dessaoulés,<br />

portant des fusils dont les percuteurs avaient été enlevés, et<br />

enfin un bon millier de commerçants, ouvriers, aspirants<br />

officiers, et étudiants, défilant tous « à la va-comme-je-tepousse<br />

», selon les termes d’un témoin.<br />

Vers midi, il faisait gris et froid, et les premiers flocons<br />

commencèrent à tomber alors que les putschistes traversaient la<br />

Marienplatz où le drapeau nazi flottait en haut de l’hôtel de<br />

ville, en direction de la Feldherrnhalle, bâtiment gris à arcades<br />

de style florentin, dont l’accès était bloqué par une centaine de<br />

policiers en uniforme vert. Scheubner-Richter serra la main de<br />

Rosenberg avec ces mots « Ça va mal finir », puis il prit le bras<br />

d’Hitler et retira son pince-nez, en lui disant : « C’est peut-être<br />

la dernière fois que nous marchons ensemble. »<br />

Les manifestants chantaient Ô Deutschland hoch in Ehren,<br />

et ceux qui avaient des carabines et des baïonnettes mirent la<br />

police en joue.<br />

— Rendez-vous ! Rendez-vous ! s’écria Hitler.<br />

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