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Reichsmarks

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Il fit passer sa canne dans la main droite, et celle-ci heurta<br />

son genou. Il dut remarquer son étonnement au son du bois<br />

contre le bois, car il lui expliqua :<br />

— Pendant la Grande Guerre, j’étais l’aumônier militaire de<br />

la 8 e division. Une grenade a contraint les chirurgiens à<br />

amputer ma jambe.<br />

— Je suis désolée, vraiment. Voulez-vous vous asseoir, père<br />

Mayer ? demanda-t-elle en lui présentant la chaise à côté d’elle.<br />

— Votre oncle trouverait cela nettement inapproprié,<br />

Fräulein Raubal.<br />

Plissant les yeux, il sourit dans un accès de gaieté solitaire,<br />

bien que sa bouche ne fût guère plus qu’une longue ligne plate.<br />

Il lui dit qu’Hitler et lui se connaissaient depuis longtemps : en<br />

1919, ils avaient participé tous deux à un débat public à Munich<br />

sur les faux enseignements du communisme. Le caporal Hitler,<br />

qui était à l’époque « instructeur politique », avait suivi Mayer<br />

sur l’estrade en disant : « Nous venons d’entendre un prêtre<br />

attaquer le communisme d’un point de vue religieux ; je vais<br />

maintenant le faire d’un point de vue politique. » Et il avait<br />

électrisé la foule. Mayer lui-même avait été transporté. Mais<br />

sous ses dons oratoires, le jésuite avait trouvé des idées si<br />

dérangeantes qu’il avait entrepris, chaque fois qu’il en avait la<br />

possibilité, d’assister à tous les meetings de Herr Hitler.<br />

— Aujourd’hui, j’ai entendu cent fois ce qu’Hitler a à dire,<br />

conclut-il, et je suis navré de vous offenser, vous sa nièce, mais<br />

votre oncle est un homme dangereux.<br />

Geli rougit dans une attitude de défense, mais le prêtre se<br />

contenta de lui souhaiter le bonsoir et se retira en boitant vers le<br />

coin reculé où était son siège.<br />

Puis les lumières s’éteignirent et Rudolf Hess marcha d’un<br />

pas raide vers l’estrade éclairée, ses yeux enfoncés zigzaguant<br />

sous ses formidables sourcils, et, de sa voix aiguë et apeurée, il<br />

se lança dans une présentation interminable et servile, flattant<br />

Hitler de façon si fastidieuse que les gens se mirent à montrer<br />

leur impatience en tapant du pied en cadence. Hess se tourna<br />

enfin vers son Führer, fit le salut fasciste et hurla « Heil<br />

Hitler ! ». Alors, sous les acclamations de ses partisans et les<br />

cris de « Sieg, Heil ! » répétés à l’infini par cinq cents SA<br />

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