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Reichsmarks

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un des leurs, un Völkischer – sans éducation, défavorisé, venant<br />

d’un milieu humble, un zéro, un soldat blessé et inconnu de<br />

plus, et qui avait enduré exactement les mêmes souffrances<br />

qu’eux. Et pourtant, il leur prédisait un avenir glorieux s’ils se<br />

remettaient complètement à lui comme leur Führer. « On est<br />

soit le marteau, soit l’enclume, criait-il. On ne peut choisir<br />

qu’entre Hitler et la mort, la victoire ou la destruction, la gloire<br />

ou l’ignominie. Nous serons riches ou nous serons pauvres.<br />

Nous serons des héros conquérants ou des agneaux qu’on<br />

sacrifie. Nous serons chauds ou froids, mais les tièdes seront<br />

damnés. »<br />

Au-delà des paroles enflammées, Geli vit qu’Hitler captivait<br />

son public avec un talent pour le cabotinage digne d’un acteur<br />

chevronné : les poings sur le cœur quand il invoquait le<br />

patriotisme, le visage ravagé, les épaules courbées sous leur<br />

lourd fardeau lorsqu’il décrivait les malheurs de l’Allemagne, la<br />

main levée vers le ciel, le visage transfiguré quand il parlait de<br />

saisir l’avenir. Souvent, cependant, il se tenait comme un soldat<br />

au repos, les mains protégeant son entrejambe, la tête haute, le<br />

visage rougi, la voix comme un orchestre d’émotions primales<br />

lorsqu’il éructait sa haine des parlementaires de Weimar, des<br />

communistes, des industriels profiteurs de guerre, des<br />

intellectuels et des Juifs, promettant qu’un jour tous les<br />

ennemis du peuple seraient beseitigt, éliminés. Et au cas où l’on<br />

ignorait qui était le pire ennemi, Hitler terminait la deuxième<br />

heure de son discours par une longue harangue contre ceux qu’il<br />

appelait « les Hébreux corrupteurs du peuple » et « le ferment<br />

de la décomposition ».<br />

Tout ce qui n’allait pas en Allemagne, disait-il, était dû à la<br />

conspiration sioniste pour la conquête du monde. Les Juifs<br />

étaient des parasites, de la vermine. Ils avaient regardé sans<br />

réagir les bons soldats aryens se faire tuer au front, ils avaient<br />

provoqué l’armistice, nourri le communisme, signé « le traité de<br />

la honte », et profité de la misère de l’Allemagne avec leur<br />

marché noir. Et à présent ils manipulaient la finance,<br />

corrompaient la jeunesse, changeaient radicalement les<br />

sciences, inondaient les humanités et les arts de leur laideur et<br />

de leur dégénérescence, polluaient le sang aryen avec les<br />

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