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Reichsmarks

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La vallée de la Ruhr, la principale région minière et<br />

industrielle allemande, venait d’être envahie par cent mille<br />

militaires français et belges, au prétexte que l’Allemagne, en<br />

prenant du retard dans le versement des réparations en bois et<br />

en charbon, n’avait pas rempli les scandaleuses obligations du<br />

traité de Versailles. Furieux, les Allemands ripostèrent par des<br />

grèves, des manifestations de masse, de la résistance passive et<br />

du sabotage ; en conséquence le Rentenmark s’effondra sur le<br />

marché mondial, passant en quelques semaines du taux déjà<br />

inflationniste de sept mille marks à cinquante mille marks pour<br />

un dollar. En l’espace de huit mois, le Rentenmark, tombé à<br />

cent trente milliards pour un dollar, n’allait avoir pratiquement<br />

plus aucune valeur. La valse des étiquettes était telle que les<br />

ouvriers apportaient leur paye à la maison dès qu’ils l’avaient<br />

touchée pour que les femmes se dépêchent d’aller faire les<br />

courses avant que les prix n’augmentent de nouveau. Le<br />

gouvernement de Weimar était contraint d’employer quaranteneuf<br />

garçons de bureau à porter d’énormes corbeilles à papier<br />

remplies de billets, rien que pour payer un ticket de train. Les<br />

enfants ne sortaient pas faute de souliers. Le charbon était si<br />

précieux qu’on ne chauffait pas les maisons. Le chômage était<br />

épidémique, la faim et la maladie chroniques, le désordre<br />

régnait dans les rues, le nihilisme et l’irrésolution faisaient rage,<br />

et de tous les chanceliers, industriels, généraux et politiciens<br />

ergoteurs qui parlaient pour le Reich naufragé, seul Adolf Hitler<br />

semblait personnellement aussi indigné que le peuple, et plus il<br />

protestait contre l’avalanche de malheurs qui s’abattait sur<br />

l’Allemagne, plus grande était l’estime vouée aux membres du<br />

parti national-socialiste.<br />

Arborant son bonnet de laine tout neuf, Léo, qui<br />

accompagnait fièrement son oncle en voiture dans sa tournée<br />

des villes bavaroises, entendit Hitler prendre la parole le<br />

27 janvier dans douze immenses rassemblements publics,<br />

n’offrant aux Allemands que deux choix, soit l’étoile rouge du<br />

communisme, soit la croix gammée du national-socialisme. À<br />

son retour, Léo décrivit à sa famille l’enthousiasme fanatique du<br />

peuple pour Hitler et son propre saisissement en voyant six<br />

mille SA observer un garde-à-vous rigide pendant le discours<br />

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