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Reichsmarks

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partie de la tranchée où j’étais quelques instants auparavant. Un<br />

obus avait explosé sur les amis que je venais de quitter. Ils ont<br />

tous été tués.<br />

— Nous sommes si contents que vous soyez en vie, dit Geli.<br />

Léo rentra en trombe de la boulangerie et fit la grimace en<br />

voyant Geli seule avec leur oncle.<br />

— Attendez-moi, oncle Adolf ! Ne lui racontez plus rien.<br />

Mais comme il apportait le pain dans la cuisine, Angela lui<br />

dit de se changer pour le dîner.<br />

— Deux minutes ! cria Léo depuis le couloir.<br />

Hitler se pencha en avant et raconta à sa nièce une nouvelle<br />

histoire, sur le ton de la confidence.<br />

— Octobre 1918.<br />

Belgique, près de Wervik. Son régiment d’infanterie, plein à<br />

ras bord de défaitistes, de pessimistes et de futurs déserteurs,<br />

avait été attaqué par l’artillerie britannique avec un poison<br />

appelé gaz moutarde et avait dû battre en retraite. Hitler avait<br />

perdu la voix, son visage avait enflé comme un ballon de<br />

baudruche et il était devenu aveugle. À l’hôpital de Pasewalk,<br />

tout près de Berlin, il avait appris la nouvelle de la reddition de<br />

l’Allemagne dans la forêt de Compiègne, et son cœur avait<br />

saigné comme une seule fois auparavant, quand sa mère était<br />

morte dans les affres du cancer. Recouvrerait-il la vue ? La<br />

question n’était plus là. La question était : sa patrie bien-aimée<br />

allait-elle mourir comme sa mère ?<br />

À ce point de son discours, Adolf plaça une main<br />

étonnamment moite sur le genou de sa nièce.<br />

— Mais, Angelika, dit-il, alors que j’étais étendu sur ma<br />

paillasse cette nuit-là – et tu dois imaginer mon état : effrayé,<br />

dérouté, plein de haine, dans le désespoir le plus noir – un<br />

miracle s’est produit ! Comme Jeanne d’Arc, j’ai entendu des<br />

voix. Elles me disaient toutes « Sauve l’Allemagne ! ».<br />

Geli se mit à rire, car elle pensait qu’il plaisantait, mais son<br />

visage était sérieux et ses yeux lancèrent des éclairs de fureur.<br />

Elle pensa une seconde qu’il allait la frapper.<br />

Mais il contrôla ses émotions.<br />

— Je reconnais que c’est étrange, dit-il calmement. Tout à<br />

fait extraordinaire. Mais figure-toi que quand j’ai ouvert les<br />

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