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Reichsmarks

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C’est alors qu’un coup de feu retentit, qu’un sergent de police<br />

fut tué. Les policiers hésitèrent, puis, une fraction de seconde<br />

avant d’en recevoir l’ordre, ils ouvrirent le feu sur le cortège.<br />

Scheubner-Richter fut tué dès les premières salves, et dans sa<br />

chute il tira si violemment sur le bras d’Hitler que celui-ci en eut<br />

l’épaule gauche démise. Ulrich Graf, le garde du corps d’Hitler,<br />

se jeta devant lui et fut touché onze fois avant de tomber, mais<br />

survécut. Alfred Rosenberg rampa vers l’arrière. Le vieux soldat<br />

Ludendorff se plaqua au sol dès le début de la fusillade, se<br />

protégeant derrière le corps de Scheubner-Richter jusqu’au<br />

retour du calme, puis se releva et reprit sa marche en avant,<br />

l’œil courroucé, la main dans sa poche gauche, toujours<br />

persuadé que personne ne le tuerait, ce qui fut le cas.<br />

Hermann Göring, qui, en tant qu’as de l’aviation, avait été<br />

décoré de la plus haute distinction militaire allemande, Pour le<br />

Mérite, et la portait ostensiblement sur sa belle veste de cuir<br />

noir, fut touché en haut de la cuisse et à l’aine. Il gagna le Palais<br />

de la Résidence à quatre pattes et se cacha derrière les statues<br />

des lions, où il fut découvert par un ami et amené chez le<br />

premier médecin qu’ils trouvèrent, au 25, Residenzstraße.<br />

Lorsque cet ami lui demanda de l’aide, le docteur Robert Ballin<br />

répondit :<br />

— Naturellement, je porterai assistance à tout homme blessé,<br />

mais je dois attirer votre attention sur le fait que ce sont des<br />

Juifs qui demeurent ici.<br />

Ils entrèrent néanmoins.<br />

On compta vingt tués, dont quatre policiers, et des centaines<br />

de blessés dans cette escarmouche qui n’avait duré que<br />

quelques minutes. Sur les seize nazis qu’Hitler allait<br />

transformer en héros et martyrs, il y avait quatre commerçants,<br />

trois employés de banque, trois ingénieurs, un chapelier, un<br />

serrurier, un sommelier, un domestique, un capitaine de<br />

cavalerie à la retraite, et un conseiller de la Cour suprême de<br />

Bavière, sur qui on trouva le brouillon taché de sang d’une<br />

nouvelle constitution nazie.<br />

Ainsi se termina le putsch. Par la suite, un journaliste<br />

nommerait ce jour Kahrfreitag, Vendredi Kahr, un jeu de mots<br />

sur vendredi saint en allemand, Kar-Freitag. Quelques-uns des<br />

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