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Reichsmarks

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putréfier ! » hurla Hitler sous les applaudissements déchaînés<br />

du public debout.<br />

Rétablissant le silence d’un signe, il leur rappela que le<br />

gouvernement de Weimar avait stupidement essayé de<br />

s’acquitter de ces dettes de guerre impossibles à rembourser en<br />

imprimant tout bonnement plus d’argent, ce qui avait<br />

rapidement enlevé toute valeur à la monnaie. Un dollar<br />

américain valait un peu plus de quatre marks allemands en<br />

1914, environ huit et demi en 1918, et bien plus de deux cents<br />

milliards cinq ans plus tard ! Les économies de toute une vie<br />

étaient perdues, les usines fermaient, les maisons étaient<br />

vendues à des investisseurs étrangers pour le prix, à leurs yeux,<br />

d’une bouchée de pain.<br />

Nous sommes de nouveau sur la bonne voie, assura Hitler.<br />

Les erreurs de politique ont été corrigées. Mais nous subissons<br />

encore les attaques des quatre cavaliers qui sont la faim, la<br />

maladie, le chômage et la perte de la fierté nationale. À<br />

Versailles, certains Européens réclamaient la « pastoralisation »<br />

de l’Allemagne. Les laisserons-nous faire ? Sommes-nous donc<br />

devenus des moutons ? Et quand il les eut fait hurler que non,<br />

son visage devint cruel en proférant ces menaces : « Je<br />

chasserai de la scène politique ces mauviettes qui signent des<br />

traités en cherchant la bonne affaire ! » Un tonnerre<br />

d’applaudissements s’ensuivit.<br />

Et ainsi de suite. Le contexte historique était familier à Geli<br />

et à toute l’assistance de la Hofbräuhaus, mais la récitation que<br />

son oncle en faisait était saisissante de conviction, d’esprit<br />

venimeux, de passion. Sans se soucier de rationalité, il briguait<br />

la confiance des gens avec sa propre certitude. Aux questions<br />

ardues il donnait des réponses faciles. Les objections étaient<br />

vaincues par l’insistance. Les opinions difficiles à accepter<br />

étaient répétées sans cesse. Tous les problèmes complexes<br />

étaient simplifiés. Le moindre soupçon de paranoïa recevait la<br />

considération et le respect nécessaires. Les spectateurs les<br />

moins éduqués avaient l’impression de comprendre enfin la<br />

politique.<br />

Geli regarda sa montre et se rendit compte qu’une heure<br />

s’était écoulée depuis que son oncle avait pris la parole, et il<br />

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