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Programme et Résumés - Inra

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environnementaux liés à l’industrialisation qui sont responsables de l’élévation de la pression<br />

artérielle avec l’âge. Les études de migration de populations vont aussi dans ce sens. Neil<br />

Poulter (Ecole de Médecine, University College de Londres), par exemple, a suivi les 2 500<br />

membres de la tribu Luo sur les bords du lac Victoria au Kenya. Aucune hypertension n'y a<br />

jamais été détectée. En revanche, pendant les deux ans qu’a duré son étude, ce chercheur a<br />

observé une élévation progressive de la pression diastolique parmi les 310 membres de c<strong>et</strong>te<br />

tribu qui ont migré vers la capitale Nairobi.<br />

Parmi les facteurs environnementaux associés à l’industrialisation, trois habitudes<br />

alimentaires se r<strong>et</strong>rouvent systématiquement associées au développement de l’hypertension <strong>et</strong><br />

des maladies cardio-vasculaires. Nous mangeons trop, trop salé, <strong>et</strong> notre consommation de<br />

potassium est faible en raison d’un régime de moins en moins basé sur des aliments frais.<br />

D’autres facteurs, comme la consommation d’alcool <strong>et</strong> la sédentarité, sont également souvent<br />

associés à l’hypertension.<br />

Il y a 4 500 ans, un médecin chinois avait déjà remarqué l’association entre sel <strong>et</strong><br />

hypertension : « Si trop de sel est ajouté aux aliments, le pouls durcit... » écrivait-il. Et de nos<br />

jours, c’est notamment en favorisant l’excrétion urinaire de sodium, au moyen des<br />

diurétiques, que les médecins font baisser la pression artérielle de leurs patients. En fait, un<br />

faisceau d’arguments accumulés depuis un siècle m<strong>et</strong> en évidence une corrélation forte entre<br />

un régime riche en sodium <strong>et</strong> pauvre en potassium <strong>et</strong> l'apparition de l’hypertension <strong>et</strong> suggère<br />

clairement une relation causale entre les deux phénomènes.<br />

Plusieurs études épidémiologiques ont comparé les habitudes alimentaires de diverses<br />

populations. Le mode de vie des populations traditionnelles, comme les !Kung bushmen du<br />

désert du Kalahari, les membres de la tribu Luo au Kenya, ou les Indiens Yanomamo<br />

d'Amazonie, est basé sur la cueill<strong>et</strong>te <strong>et</strong> la chasse. Ces hommes <strong>et</strong> femmes absorbent <strong>et</strong><br />

excrètent environ 1 g de sodium <strong>et</strong> 10 g de potassium par jour. Toute différente est la situation<br />

en Europe ou aux Etats-Unis où l'apport quotidien en sodium atteint 4 à 6 g, tandis que celui<br />

du potassium avoisine seulement 1,5 à 2,5 g. Une étude particulièrement révélatrice de Lot<br />

Page, du Centre médical administratif des vétérans à Manchester, décrit six populations des<br />

îles Solomon ayant un mode de vie de type rural avec peu ou pas de contact avec la société<br />

industrielle. Une seule se caractérise par une alimentation riche en sodium, de l'ordre de 4,5 g<br />

par jour, car elle prépare sa nourriture avec de l'eau saumâtre d'origine marine. C'est aussi la<br />

seule population dans laquelle l'incidence de l'hypertension n'est pas négligeable. Un autre<br />

exemple, extrême, nous vient de certaines populations rurales du Nord du Japon. En raison, là<br />

encore, d'habitudes alimentaires très particulières, elles consomment de 8 à 18 g de sodium<br />

par jour. Et comme l'a montré Naosuke Sasaki de l'Ecole de Médecine d’Hirosaki, l’incidence<br />

de l'hypertension y est supérieure de 60 % à celle qui est observée en France ou aux Etats-<br />

Unis. De même, les décès par infarctus du myocarde <strong>et</strong> accidents vasculaires cérébraux y<br />

battent des records.<br />

Une des études épidémiologiques les plus vastes réalisées à ce jour (InterSalt) a comparé<br />

plus de 10 000 hommes <strong>et</strong> femmes appartenant à 52 populations réparties dans 32 pays. Elle<br />

montre qu'une augmentation de l'apport journalier de sodium de 2,3 g (mesuré par l'excrétion<br />

urinaire) est associée à une augmentation des pressions systolique <strong>et</strong> diastolique de 4,5/1,5<br />

mm de mercure. À l’inverse <strong>et</strong> de manière indépendante, une augmentation de l'apport<br />

quotidien de potassium de 2 g perm<strong>et</strong> une diminution des pressions systolique <strong>et</strong> diastolique<br />

de 3,5/2,0 mm de mercure. De plus, la comparaison des populations confirme l’augmentation<br />

des pressions systolique <strong>et</strong> diastolique avec l'âge des individus, à l’exception de quatre<br />

populations ayant un mode de vie basé sur la cueill<strong>et</strong>te <strong>et</strong> la chasse avec un apport alimentaire<br />

très faible en sodium <strong>et</strong> très riche en potassium. L'augmentation de la pression artérielle avec<br />

l'âge dans les 48 populations restantes est d'autant plus forte que l'apport quotidien de sodium<br />

est élevé <strong>et</strong> que l'apport en potassium est faible.<br />

48<br />

Université d'été de Nutrition 2003 – Clermont-Ferrand – 17-19 septembre 2003

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