29.12.2014 Views

Programme et Résumés - Inra

Programme et Résumés - Inra

Programme et Résumés - Inra

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

pendant plusieurs millions d’années avec un mode de vie basé sur la cueill<strong>et</strong>te <strong>et</strong> la chasse <strong>et</strong><br />

une alimentation au rapport sodium/potassium faible. Dans c<strong>et</strong> environnement relativement<br />

chaud <strong>et</strong> sec, chaque individu était exposé à deux types de problèmes épisodiques mais<br />

récurrents. Le premier est la sudation qui sert à maintenir constante la température du corps.<br />

Le second est celui des diarrhées infectieuses, liées au manque d’hygiène. Sudation <strong>et</strong><br />

diarrhées pouvaient provoquer des pertes considérables de sodium, d'eau <strong>et</strong> de potassium.<br />

Dans le cas de sudations très intenses, ces pertes quotidiennes peuvent atteindre 11 g de<br />

sodium, 5 litres d'eau <strong>et</strong> 4 g de potassium. Pour les cas sévères de diarrhées, ces pertes<br />

peuvent aller jusqu'à 50 g de sodium, 20 l d'eau <strong>et</strong> 15 g de potassium par jour. Les pertes de<br />

potassium pouvaient être compensées grâce aux apports importants de l'alimentation (8 à 10 g<br />

de potassium par jour). Et malgré ces pertes épisodiques, le rein devait le plus souvent<br />

excréter un excédent de potassium dans l'urine. En revanche, les pertes de sodium <strong>et</strong> d'eau<br />

représentaient un danger certain pour l'organisme car les apports alimentaires étaient faibles,<br />

moins de 1 g de sodium par jour. Pendant les épisodes de pertes intenses de sodium <strong>et</strong> d'eau,<br />

le rein jouait son rôle de régulateur principal des équilibres électrolytiques en excrétant une<br />

quantité minimale de sodium <strong>et</strong> d'eau, tout en continuant à produire de l'urine pour éliminer<br />

l'excès de potassium <strong>et</strong> les composés toxiques du métabolisme azoté. C’est dans ces<br />

conditions que toute mutation contribuant à limiter les pertes de sodium <strong>et</strong> d'eau dans la sueur,<br />

les fèces <strong>et</strong> l'urine, tout en maintenant une excrétion élevée de potassium, a pu être<br />

sélectionnée pour maintenir les équilibres électrolytiques de l'organisme. Les protéines de<br />

transport <strong>et</strong> de régulation intervenant dans la réabsorption <strong>et</strong> la sécrétion des ions sodium <strong>et</strong><br />

potassium dans les glandes sudoripares, le côlon <strong>et</strong> les reins ont donc sûrement été des cibles<br />

privilégiées de la sélection naturelle durant des millions d'années.<br />

Avec l'apparition de l'agriculture <strong>et</strong> de l'élevage il y a environ 10 000 ans, le régime<br />

alimentaire s'est progressivement modifié. Parallèlement à l'établissement de l’industrie du<br />

sel, l’utilisation du chlorure de sodium est devenue de plus en plus fréquente. Dans le même<br />

temps, l'apport en potassium a diminué suite à une alimentation moins diversifiée <strong>et</strong> plus<br />

pauvre en produits frais. Ces tendances alimentaires se sont accentuées jusqu'à nos jours, où<br />

l'ensemble des sociétés industrialisées se caractérise par un régime contenant un rapport<br />

sodium/potassium élevé. Dans ces nouvelles conditions de vie, la sudation n'est par ailleurs<br />

plus une nécessité absolue <strong>et</strong> l'hygiène a réduit considérablement la fréquence des diarrhées<br />

infectieuses : le contexte est donc pratiquement opposé à la situation initiale des premiers<br />

hommes <strong>et</strong> des populations subsistant encore actuellement avec un régime de cueill<strong>et</strong>te <strong>et</strong> de<br />

chasse à rapport sodium/potassium faible. Le rein des individus doit maintenant excréter un<br />

large excédent de sodium dans l'urine, alors que l'excrétion du potassium, bien que toujours<br />

nécessaire, n'a plus du tout la même intensité.<br />

C<strong>et</strong>te évolution comportementale s'est faite très rapidement par rapport aux constantes de<br />

temps des processus de mutation <strong>et</strong> de sélection des variants de gènes. Les protéines de<br />

transport <strong>et</strong> de régulation qui interviennent dans la réabsorption <strong>et</strong> la sécrétion des ions<br />

sodium <strong>et</strong> potassium seraient donc toujours adaptées à un régime à rapport sodium/potassium<br />

faible, avec des épisodes occasionnels de perte de sodium <strong>et</strong> d'eau par sudation ou diarrhée.<br />

Comme on l’a vu, une relation de cause à eff<strong>et</strong> entre un régime caractérisé par un rapport<br />

sodium/potassium élevé <strong>et</strong> l'hypertension artérielle est plus que probable, au moins pour une<br />

partie de la population. Ainsi, des millions d'individus s'exposent à l'infarctus du myocarde <strong>et</strong><br />

aux accidents vasculaires cérébraux. De multiples arguments anthropologiques,<br />

épidémiologiques <strong>et</strong> expérimentaux, qui ne sont pas moins convaincants que ceux qui lient<br />

consommation de cigar<strong>et</strong>tes <strong>et</strong> cancer du poumon, vont dans ce sens chez l'homme <strong>et</strong> chez<br />

l'animal. Or il faut savoir qu’une écrasante proportion du sodium que nous consommons<br />

provient, non pas de la salière de table, mais du chlorure de sodium ajouté presque<br />

systématiquement dans les aliments par les industries agroalimentaires. Aux Etats-Unis <strong>et</strong> en<br />

Université d'été de Nutrition 2003 – Clermont-Ferrand – 17-19 septembre 2003<br />

51

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!