Programme et Résumés - Inra
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alimentaire facilite le respect des équilibres nutritionnels, or l’offre est plutôt conditionnée par<br />
une concurrence très forte des divers lobbies alimentaires. La nutrition humaine ne peut donc<br />
être gérée correctement par la multiplication quasi infinie de produits alimentaires de qualité<br />
standard. Il est maintenant urgent de repenser les systèmes de production-distribution pour<br />
aboutir à une offre alimentaire plus satisfaisante <strong>et</strong> de lutter contre la prolifération de produits<br />
alimentaires largement dépourvus de composés nutritionnels protecteurs. Certes, nous ne<br />
consommons pas les pilules que certains futuristes avaient prévues pour l’homme du 21ième<br />
siècle mais les gadg<strong>et</strong>s alimentaires de stations services, les boissons sucrées <strong>et</strong> une très<br />
grande diversité de biscuits, de glaces ou de desserts industriels peut bien être assimilée aux<br />
pilules futuristes d’autant que chacun de ces pseudo aliments parvient à se parer d’une image<br />
nutritionnelle fonctionnelle par quelques ajustements de composition.<br />
L’émergence de c<strong>et</strong> environnement calorique artificiel est finalement extrêmement récent.<br />
Le contraste avec la situation alimentaire de l’homme préhistorique ou même avec celui du<br />
début du 20 ième siècle est saisissant. Nos ancêtres chasseurs cueilleurs devaient dépenser<br />
beaucoup d’énergie pour capturer leurs proies bien souvent peu tendres <strong>et</strong> peu grasses. Quant<br />
aux plantes qu’il fallait bien avaler pour vivre, elles étaient souvent pourvues d’un excès<br />
d’amertume, parfois de substances toxiques <strong>et</strong> bien peu nourrissantes. Si on leur attribue une<br />
valeur énergétique moyenne, entre celle des fruits <strong>et</strong> légumes actuels, d’environ 40 kcal par<br />
100g, il fallait bien en consommer 2 à 4 kg pour combler une partie des besoins énergétiques.<br />
Quelle énergie à dépenser pour cueillir, mastiquer, digérer une masse végétale pareille. Mais<br />
par contre les apports en fibres, minéraux <strong>et</strong> micronutriments étaient sans doute 4 à 10 fois<br />
plus élevés que de nos jours. Souvent la nourriture était tellement rare dans les périodes<br />
hivernales <strong>et</strong> de sécheresse que seuls les individus les plus résistants aux privations<br />
parvenaient à survivre grâce à leur capacité d’accumuler l’énergie dans les périodes fastes.<br />
Ainsi ont été sélectionnés les individus les mieux pourvus de gènes d’épargne. Ces gènes ont<br />
sans doute été largement transmis <strong>et</strong> se sont révélés utiles pour beaucoup de générations voire<br />
dans les situations physiopathologiques de privation. Par contre une trop forte propension à<br />
l’épargne énergétique est maintenant inadaptée au nouvel environnement alimentaire. Sans<br />
remonter très loin, ouvriers <strong>et</strong> paysans accomplissaient leurs tâches grâce à un travail manuel<br />
intensif si bien que leurs dépenses journalières étaient pour la plupart 1,5 à 3 fois plus élevées<br />
que celles d’un sédentaire actuel. Comme l’aliment principal était seulement le pain, les<br />
viandes <strong>et</strong> les matières grasses énergétiques étant très peu disponibles, il n’est pas étonnant<br />
que la situation nutritionnelle des travailleurs manuels fût insuffisante, les carences multiples,<br />
les épuisements fréquents. Les bienfaits de la diversification alimentaire sont évidents,<br />
l’assurance d’avoir à manger, un acquis élémentaire. Dommage d’avoir résolu ce type de<br />
problème tout en créant d’autres sans doute graves à long terme.<br />
Même en pratiquant un exercice physique, la majorité de la population a un mode de vie<br />
sédentaire qui impose une réduction des apports caloriques, cependant, pour bien fonctionner<br />
notre organisme a toujours besoin d’une quantité élevée de minéraux, de vitamines, de<br />
micronutriments divers. Ces éléments ainsi que d’autres nutriments essentiels sont<br />
indispensables pour assurer une bonne longévité <strong>et</strong> pour réduire l’incidence de nombreuses<br />
pathologies. Une consommation élevée de calories vides, en générant des carences <strong>et</strong> par<br />
l’eff<strong>et</strong> prooxydant des glucides purifiés contribue à favoriser les processus de vieillissement <strong>et</strong><br />
l’apparition de nombreuses pathologies. Compte tenu de toutes ces connaissances, du recul<br />
que les nutritionnistes ont enfin acquis sur la situation actuelle, il semble important<br />
d’améliorer l’impact de l’alimentation sur la santé par une politique nutritionnelle, alimentaire<br />
<strong>et</strong> agricole coordonnée. L’information nutritionnelle est indispensable pour promouvoir des<br />
modes alimentaires protecteurs, pour faire assimiler par le public les connaissances<br />
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Université d'été de Nutrition 2003 – Clermont-Ferrand – 17-19 septembre 2003