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LA DÉLINQUANCE JUVÉNILE ET LA QUESTION DE L'OBJET

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135problématique de la séparation des premiers objets d’amour. Pourtant, la séparation àl’adolescence dépend particulièrement de ce qu’il a pu éprouver de ses pulsionsdestructrices et de la haine éveillée dans la période infantile. À vrai dire, les élémentsdécrits ci-dessus ne peuvent que relier la séparation au fantasme de destruction .Nous considérons que chez cet adolescent une motion pulsionnelle s’éveille et qu’unétat d’excitation le pousse à l’action. La motion du désir dont le contenu demeure latent,voire inconscient, se manifeste dans l’action. Le but pulsionnel est resté inchangé, c’est-àdirequ’il est question de l’exercice de l’amour primitif dont le but est destructif 229 , si l’onse réfère à Winnicott. Autrement dit, l’objectif pulsionnel est d’incorporer, de dévorer et deprendre possession. Cet adolescent à la recherche de la séparation et d’une positionsubjective à l’égard de ses pulsions est quelqu’un qui n’a pas encore appris à les supporteret à les affronter. Nous supposons que le cadre familial ne lui a pas offert les conditionsfavorables à une vie pulsionnelle active. Il ne va faire l’exercice de l’activité pulsionnelleque dans un autre cadre que celui de sa famille.Freud 230 démontre que les affects ne sont pas toujours éliminés d’une manière normaleet ils cherchent à se décharger par des voies détournées. Ils sont souvent réprimés, déplacésou refoulés dans l’inconscient. Là, ils continuent à tenter de se décharger et à se manifesteralors que les raisons restent inconscientes. L’être humain ne dispose pas toujours des voiesmotrices pour éliminer l’affect.Lorsque les idées sont en état d’excitation, l’adolescent délinquant essaye de lesdécharger par une voie détournée, et la force qui les repousse reste elle-même inaccessibleà la conscience. L’agir délinquant en est le résultat, la manifestation réelle d’une impulsionqui sert à la décharge des affects refoulés. Ainsi, l’adolescent délinquant ne sait rien desfacteurs déterminants de ses gestes et la pratique clinique nous montre qu’on ne peut pas229 WINNICOTT, D. W. Déprivation et délinquance. Op. cit., p. 140.230 FREUD, S. « Le moi et le ça », in Essais de psychanalyse. Op. cit., pp. 245-253.

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