document de travail - Université de la Nouvelle-Calédonie
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détectées pour d’autres îles subantarctiques comme Marion Is<strong>la</strong>nd et Heard Is<strong>la</strong>nd (Weimerkirch et al.<br />
2004). A <strong>la</strong> base <strong>de</strong> Port-aux-Français, il y a eu un changement <strong>de</strong>s conditions climatiques au cours<br />
<strong>de</strong>s <strong>de</strong>rnières années avec notamment une augmentation <strong>de</strong>s températures <strong>de</strong> 1,3°C <strong>de</strong>puis les<br />
années 1960 et une diminution <strong>de</strong>s précipitations moyennes annuelles <strong>de</strong> 100 à 250 millimètres entre<br />
1994 et 2004 (Météo France). Les g<strong>la</strong>ciers qui s’éten<strong>de</strong>nt à partir <strong>de</strong> <strong>la</strong> calotte g<strong>la</strong>ciaire <strong>de</strong> Cook sont<br />
dans une phase <strong>de</strong> retrait <strong>de</strong>puis <strong>la</strong> fin du Petit Age G<strong>la</strong>ciaire (PAG - vers le milieu du 19 e siècle). Le<br />
front du g<strong>la</strong>cier Ampère, au sud <strong>de</strong> <strong>la</strong> calotte, s’est par exemple reculé <strong>de</strong> 1 kilomètre entre 1800 et<br />
1970 ; ce retrait s’est fortement accéléré au cours <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rnières décennies puisque le front du g<strong>la</strong>cier<br />
se trouve aujourd’hui à plus <strong>de</strong> 3 kilomètres <strong>de</strong> sa position au cours du PAG (Frenot et al. 1993). Entre<br />
1966 et 1977, ce même g<strong>la</strong>cier avait perdu plus <strong>de</strong> 150 mètres d’épaisseur (Vallon 1977).<br />
Impacts sur <strong>la</strong> biodiversité terrestre - Le principal impact du changement climatique est celui lié aux<br />
espèces envahissantes. En effet les espèces envahissantes ont généralement une meilleure tolérance<br />
climatique et sont les premières à bénéficier d’un adoucissement <strong>de</strong>s conditions climatiques (encadré<br />
7.6). Un autre problème est directement lié à <strong>la</strong> diminution <strong>de</strong>s précipitations, notamment autour <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
base scientifique <strong>de</strong> Ports-aux-Français. Cette diminution <strong>de</strong>s précipitations a accentué l’aridité<br />
estivale et a <strong>de</strong>s impacts sur une espèce emblématique, le chou <strong>de</strong>s Kerguelen (Pringlea<br />
antiscorbutica). Les pieds <strong>de</strong> chou <strong>de</strong> Kerguelen sont en voie d’assèchement ; bien qu’ils produisent<br />
<strong>de</strong>s graines, aucune germination ne se développe en périphérie à cause <strong>de</strong>s sècheresses estivales<br />
(Chapuis, Frenot & Lebouvier 2003)<br />
Encadré 7.8 : Changement climatique et espèces envahissantes aux Kerguelen<br />
La plupart <strong>de</strong>s espèces envahissantes ont été introduites après l’imp<strong>la</strong>ntation <strong>de</strong>s bases scientifiques<br />
et non pas par les baleiniers et chasseurs <strong>de</strong> phoques (Frenot, Chapuis & Lebouvier 2001). Au niveau<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> flore, il y a actuellement 56 espèces envahissantes sur Amsterdam, 58 sur l’île <strong>de</strong> <strong>la</strong> Possession<br />
et 68 sur l’archipel <strong>de</strong>s Kerguelen. Quelques-unes <strong>de</strong> ces espèces sont communes à différentes îles,<br />
mais <strong>la</strong> plupart sont confinées sur une seule île. Toutes ces espèces envahissantes sont communes<br />
dans les régions tempérées <strong>de</strong> l’hémisphère Nord et proviennent <strong>de</strong> <strong>la</strong> flore européenne (Frenot et al.<br />
2001). Ce phénomène n’est pas spécifique aux p<strong>la</strong>ntes, il se retrouve également avec les insectes.<br />
L’introduction d’une mouche bleue (Calliphora vicina) dans les années 1970 s’est dans un premier<br />
temps cantonnée aux bâtiments chauffés <strong>la</strong> base scientifique <strong>de</strong> Ports-aux-Français. Mais<br />
l’adoucissement <strong>de</strong>s conditions climatiques permet aujourd’hui à ce diptère <strong>de</strong> se reproduire à<br />
l’extérieur et <strong>de</strong> coloniser <strong>la</strong> partie est <strong>de</strong> l’archipel <strong>de</strong>s Kerguelen. Le problème est que les <strong>la</strong>rves <strong>de</strong><br />
cette mouche introduite rentrent en compétition avec celles d’une mouche autochtone sans ailes<br />
(Anata<strong>la</strong>nta aptera) (IPEV). De plus, cette mouche sans ailes est également en concurrence avec un<br />
autre insecte introduit <strong>de</strong> <strong>la</strong> famille <strong>de</strong>s carabes, qui est arrivé en 1910 avec <strong>de</strong>s fourrages importés<br />
<strong>de</strong>s Malouines. Les popu<strong>la</strong>tions <strong>de</strong> carabes semblent avoir <strong>la</strong>rgement augmenté <strong>de</strong>puis quelques<br />
années et les chercheurs avancent l’hypothèse du réchauffement climatique pour expliquer cette<br />
explosion démographique (Renault & Lalouette, Univ Rennes 1). Sur l’île <strong>de</strong> Crozet, <strong>de</strong>s pissenlits<br />
(Taraxacum erythrospermum et T. officinale) et une stel<strong>la</strong>ire (Stel<strong>la</strong>ria alsine) ont déjà colonisé le<br />
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