document de travail - Université de la Nouvelle-Calédonie
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se p<strong>la</strong>ce en concurrence avec d’autres enjeux qu’ils jugent plus graves. Cependant, le changement<br />
climatique risque d’affecter Mayotte à plusieurs titres.<br />
Les <strong>de</strong>rnières reliques <strong>de</strong> forêts naturelles <strong>de</strong> l’île risquent d'être affectées par les modifications <strong>de</strong>s<br />
conditions climatiques. La migration probable <strong>de</strong>s espèces végétales en altitu<strong>de</strong> pourrait déstructurer<br />
les équilibres naturels et accélérer <strong>la</strong> propagation <strong>de</strong> certaines p<strong>la</strong>ntes exotiques envahissantes. Les<br />
forêts humi<strong>de</strong>s <strong>de</strong> crête sont particulièrement menacées par une augmentation <strong>de</strong> <strong>la</strong> température, car<br />
elles ne pourront pas migrer plus en altitu<strong>de</strong>, étant déjà à <strong>la</strong> limite supérieure <strong>de</strong> leur aire <strong>de</strong> répartition<br />
bioclimatique.<br />
Les p<strong>la</strong>ges et les écosystèmes côtiers sont également <strong>de</strong>s milieux particulièrement vulnérables au<br />
changement climatique. L’élévation du niveau marin pourrait provoquer une érosion <strong>de</strong>s p<strong>la</strong>ges <strong>de</strong><br />
Mayotte, encore particulièrement bien préservées, et menacer <strong>la</strong> faune et <strong>la</strong> flore associées à ces<br />
milieux. La dégradation <strong>de</strong>s p<strong>la</strong>ges entraînerait un impact col<strong>la</strong>téral sur les popu<strong>la</strong>tions <strong>de</strong> tortues qui<br />
y déposent leurs œufs. Ces espèces seraient également menacées par une élévation <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
température qui aurait <strong>de</strong>s effets sur les conditions d’incubation <strong>de</strong> leurs œufs et limiterait leur<br />
capacité <strong>de</strong> reproduction (cf. encadré 3.5).<br />
Mayotte a connu <strong>de</strong>ux épiso<strong>de</strong>s importants <strong>de</strong> b<strong>la</strong>nchissement <strong>de</strong>s coraux <strong>de</strong>puis les 25 <strong>de</strong>rnières<br />
années. En 1982 et 1983, près <strong>de</strong> 36 % <strong>de</strong>s récifs frangeants ont b<strong>la</strong>nchi. En 1998, <strong>la</strong> vague <strong>de</strong><br />
chaleur qui a touché l’ensemble <strong>de</strong> l’Océan Indien a entraîné un b<strong>la</strong>nchissement <strong>de</strong> 90 % <strong>de</strong>s coraux<br />
sur <strong>la</strong> plupart <strong>de</strong>s pentes externes <strong>de</strong> l’île. La mortalité <strong>de</strong>s coraux b<strong>la</strong>nchis était <strong>de</strong> 80 % un an après<br />
<strong>la</strong> vague <strong>de</strong> b<strong>la</strong>nchissement (Turquet). Le taux <strong>de</strong> récupération <strong>de</strong>s coraux après un b<strong>la</strong>nchissement<br />
est donc re<strong>la</strong>tivement faible à Mayotte. Cette faible résilience <strong>de</strong> l'écosystème corallien s'explique<br />
sans doute par <strong>de</strong>s perturbations d'origine locale, qui n'ont rien à voir avec le changement climatique :<br />
mauvais traitement <strong>de</strong>s eaux usées, sédimentation terrigène liée à <strong>la</strong> déforestation, etc. Il est par<br />
conséquent urgent <strong>de</strong> prendre <strong>de</strong>s mesures très fortes pour <strong>la</strong> préservation du <strong>la</strong>gon <strong>de</strong> Mayotte,<br />
principale richesse <strong>de</strong> l'île. Dans un contexte d'explosion démographique à Mayotte, <strong>la</strong> préservation<br />
<strong>de</strong> ce <strong>la</strong>gon sera une tâche difficile et constitue un défi majeur pour les années à venir.<br />
Les mammifères marins migrateurs, espèces emblématiques du patrimoine naturel <strong>de</strong> Mayotte,<br />
pourraient également être affectés par le changement climatique lors <strong>de</strong> leur phase d’alimentation<br />
dans l’océan Austral (cf. encadré 7.4).<br />
Encadré 3.5 : Température et sexe <strong>de</strong>s tortues<br />
Compte tenu <strong>de</strong> leur mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> reproduction, les tortues marines peuvent être directement affectées<br />
par le changement climatique. Le sexe <strong>de</strong>s tortues est déterminé par <strong>la</strong> température d’incubation <strong>de</strong>s<br />
œufs dans les jours qui suivent <strong>la</strong> ponte. Il existe donc une température « pivot » autour <strong>de</strong> <strong>la</strong>quelle<br />
le ratio mâle/femelle évolue dans un sens ou dans l’autre. Une élévation <strong>de</strong> <strong>la</strong> température au niveau<br />
<strong>de</strong>s p<strong>la</strong>ges <strong>de</strong> ponte augmente <strong>la</strong> naissance <strong>de</strong> tortues femelles, alors qu’une diminution au contraire<br />
favorise le sexe mâle. Le changement climatique peut donc induire un déséquilibre du ratio<br />
mâle/femelle <strong>de</strong>s popu<strong>la</strong>tions <strong>de</strong> tortues marines, avec <strong>de</strong>s conséquences graves sur <strong>la</strong> capacité <strong>de</strong><br />
reproduction et <strong>de</strong> survie <strong>de</strong> ces espèces. Les tortues sont <strong>de</strong> bonnes sentinelles pour mesurer les<br />
impacts biotiques du changement climatique, car une augmentation re<strong>la</strong>tivement limitée <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
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