document de travail - Université de la Nouvelle-Calédonie
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La dégradation généralisée <strong>de</strong>s coraux, et en particulier les épiso<strong>de</strong>s <strong>de</strong> b<strong>la</strong>nchissement, affectent<br />
directement certaines espèces <strong>de</strong> poissons <strong>de</strong> récif qui dépen<strong>de</strong>nt du corail pour leur survie. Deux<br />
étu<strong>de</strong>s, réalisées aux Seychelles et aux Caraïbes, mettent en évi<strong>de</strong>nce <strong>de</strong>s diminutions significatives<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> diversité et <strong>de</strong> l’abondance <strong>de</strong>s poissons <strong>de</strong> récif suite au b<strong>la</strong>nchissement <strong>de</strong> 1998 et <strong>de</strong> 2005<br />
(cf. encadré 3.7 et 2.19). Le déclin <strong>de</strong> ces popu<strong>la</strong>tions menace directement leurs prédateurs, poissons<br />
ou oiseaux, et affecte ainsi l’ensemble <strong>de</strong> <strong>la</strong> chaîne alimentaire <strong>de</strong>s océans tropicaux.<br />
La dégradation <strong>de</strong>s coraux n’est pas <strong>la</strong> seule menace pour les stocks halieutiques. Les poissons<br />
marins seraient aussi affectés par une réduction <strong>de</strong> <strong>la</strong> circu<strong>la</strong>tion thermohaline (courants marins<br />
convectifs à l’échelle mondiale), provoquée par le changement climatique. Cette réduction<br />
s’accompagne d’une baisse importante <strong>de</strong> <strong>la</strong> productivité <strong>de</strong> phytop<strong>la</strong>nctons dont <strong>la</strong> plupart <strong>de</strong>s<br />
poissons marins dépen<strong>de</strong>nt, et réduit ainsi davantage les stocks halieutiques dans certaines zones<br />
(voir paragraphe suivant). Environ 75 % <strong>de</strong>s zones <strong>de</strong> pêche seraient touchées par les effets <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
réduction <strong>de</strong> <strong>la</strong> circu<strong>la</strong>tion thermohaline (ONU 2006).<br />
Enfin, le changement climatique pourrait également provoquer un dép<strong>la</strong>cement <strong>de</strong> l’aire <strong>de</strong> répartition<br />
<strong>de</strong> certaines espèces <strong>de</strong> poissons, dû à une augmentation <strong>de</strong>s températures. Dans <strong>la</strong> mer du Nord,<br />
une étu<strong>de</strong> récente a analysé les changements <strong>de</strong> répartition spatiale <strong>de</strong> plusieurs espèces <strong>de</strong><br />
poissons <strong>de</strong> 1977 à 2001. Sur les 36 espèces étudies, 15 espèces dont <strong>la</strong> sole commune (Solea<br />
solea) et <strong>la</strong> morue d’At<strong>la</strong>ntique (Godus morhua) ont migré plus au nord en réponse à un<br />
réchauffement <strong>de</strong>s eaux d’environ 1,05 °C (Taylor 2002). Certaines espèces ont migré jusqu’à 1 000<br />
kilomètres plus au nord en moins <strong>de</strong> 20 ans (Quérot 1998). En Macaronésie, <strong>de</strong>s migrations récentes<br />
<strong>de</strong> poissons tropicaux du sud ont récemment été observées pour <strong>la</strong> première fois (cf. encadré 5.8).<br />
Les dép<strong>la</strong>cements <strong>de</strong> stocks halieutiques peuvent modifier complètement l’équilibre <strong>de</strong>s chaînes<br />
alimentaires marines et provoquer le déclin <strong>de</strong> certaines espèces d’eau froi<strong>de</strong> qui ne pourront pas<br />
migrer plus au nord.<br />
Tortues marines - Les tortues marines subissent <strong>de</strong>s pressions anthropiques extrêmement<br />
importantes comme <strong>la</strong> <strong>de</strong>struction directe <strong>de</strong> leur site <strong>de</strong> ponte, <strong>la</strong> pollution, <strong>la</strong> prise dans <strong>de</strong>s filets <strong>de</strong><br />
pêche et le braconnage. Aujourd’hui, 42 % <strong>de</strong>s espèces <strong>de</strong> tortues marines sont menacées<br />
d’extinction (UICN). Aux pressions anthropiques multiples que cette famille subit déjà, vient se greffer<br />
le changement climatique, un mal encore plus sournois qui risque d’accélérer considérablement leur<br />
déclin. Les tortues marines sont souvent utilisées comme indicateur biologique pour mesurer les<br />
impacts du changement climatique sur le milieu naturel, car elles subissent les effets <strong>de</strong> ce<br />
phénomène à tous les sta<strong>de</strong>s <strong>de</strong> leur cycle biologique (Lovich 1996).<br />
Les tortues parcourent généralement plusieurs milliers <strong>de</strong> kilomètres lors <strong>de</strong> voyages transocéaniques<br />
entre leur site <strong>de</strong> ponte et leur aire d'alimentation. Le changement climatique risque <strong>de</strong> modifier les<br />
courants océaniques mondiaux et les voies migratoires <strong>de</strong>s tortues. L'élévation du niveau <strong>de</strong> <strong>la</strong> mer et<br />
l’intensification <strong>de</strong>s cyclones provoquent l'érosion <strong>de</strong>s p<strong>la</strong>ges où ces espèces viennent pondre leurs<br />
œufs (cf. encadré 2.10). Enfin, le réchauffement au niveau <strong>de</strong>s sites <strong>de</strong> ponte pourrait modifier le ratio<br />
mâle/femelle <strong>de</strong>s œufs, déterminé par <strong>la</strong> température d’incubation. Le nombre <strong>de</strong> jeunes tortues<br />
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