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Profil de la politique linguistique éducative Vallée d'Aoste Rapport ...

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Haute et Basse <strong>Vallée</strong>, sur <strong>la</strong> base d’une frontière est-ouest très approximative et effrangée, à p<strong>la</strong>cer<br />

dans <strong>la</strong> zone médiane comprise entre Quart et Châtillon) est en effet remarquable et n’a jamais connu<br />

<strong>de</strong> nivellement en direction d’un dialecte commun en fonction <strong>de</strong> “<strong>la</strong>ngue-toit”.<br />

Les raisons <strong>de</strong> cette caractérisation <strong>linguistique</strong> se relient aux dynamiques historiques (cf.<br />

1.2.) qui ont marqué <strong>la</strong> région valdôtaine.<br />

Le caractère néo-<strong>la</strong>tin <strong>de</strong>s patois valdôtains, qui ressentent uniquement au niveau du substrat<br />

<strong>de</strong> l’influence <strong>de</strong>s parlers celte-ligures <strong>de</strong>s préexistants Sa<strong>la</strong>sses, remonte <strong>de</strong> toute évi<strong>de</strong>nce à <strong>la</strong><br />

profon<strong>de</strong> romanisation qui a eu lieu suite à <strong>la</strong> fondation d’Aoste (l’an 25 avant notre ère).<br />

L’orientation gallo-romane, qui différencie les types <strong>linguistique</strong>s présents en <strong>Vallée</strong> d’Aoste<br />

(et dans <strong>la</strong> partie <strong>de</strong>s autres vallées alpines italiennes occi<strong>de</strong>ntales) <strong>de</strong> ceux piémontais <strong>de</strong> <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ine<br />

du Pô appartenant au groupe gallo-italique, découle plutôt, à l’origine, <strong>de</strong> <strong>la</strong> stratégie adoptée par les<br />

Francs pour tenir les Lombards en respect après <strong>la</strong> paix (575 après J.-C.) signée à <strong>la</strong> suite du premier<br />

conflit entre les <strong>de</strong>ux peuples germaniques. Cet accord réservait aux premiers <strong>la</strong> possession <strong>de</strong>s cols<br />

et le territoire nécessaire à leur mise en sécurité, coïncidant avec le débouché <strong>de</strong>s vallées <strong>de</strong> <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ine<br />

du Pô (pour <strong>la</strong> vallée <strong>de</strong> <strong>la</strong> Doire Baltée, <strong>la</strong> limite fut p<strong>la</strong>cée à Pont-Saint-Martin; cf. Schüle 1990, pp.<br />

6-7). Après cette situation aurorale, l'attraction vers l’outre-monts d’une gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong> cette zone a<br />

été renforcée par l’inclusion du diocèse d’Aoste dans l’archidiocèse <strong>de</strong> Tarentaise, gravitant autour <strong>de</strong><br />

Lyon, et par une longue pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> rapports géo<strong>politique</strong>s et culturels avec <strong>la</strong> France, représentés par<br />

l’appartenance <strong>de</strong> <strong>la</strong> zone septentrionale (<strong>Vallée</strong> d’Aoste, basse vallée <strong>de</strong> Suse et les vallées du<br />

Piémont au nord <strong>de</strong> celle-ci) au domaine « alpin » <strong>de</strong> <strong>la</strong> maison <strong>de</strong> Savoie et <strong>de</strong> <strong>la</strong> partie méridionale,<br />

au contraire, aux possessions dauphinoises et ensuite françaises jusqu’au traité <strong>de</strong> Utrecht (1713).<br />

En ce qui concerne <strong>la</strong> spécificité du francoprovençal par rapport aux <strong>de</strong>ux autres sousgroupes<br />

<strong>linguistique</strong>s du domaine gallo-roman (le français et les parlers occitans), il existe différentes<br />

hypothèses qui ont tenté d’en fournir un tableau étiologique. 7 Parmi ces <strong>de</strong>rnières, celle qui est encore<br />

maintenant <strong>la</strong> plus créditée est celle (énoncée par Hasselrot en 1938 et reprise et consolidée par<br />

Tuaillon en 1972) qui définit le francoprovençal comme un « Gallo-roman septentrional refusant <strong>de</strong>s<br />

innovations » provenant du français (Tuaillon 1994, pp. 38-40 et 63-64). Dans cette perspective, les<br />

caractères diversifiant le francoprovençal par rapport à <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue d’oïl (que Tuaillon résume dans <strong>la</strong><br />

conservation <strong>de</strong> A tonique <strong>la</strong>tine en syl<strong>la</strong>be ouverte, dans le refus <strong>de</strong> l’oxytonie généralisée et dans <strong>la</strong><br />

centralisation manquante <strong>de</strong> u du U long <strong>la</strong>tin) proviendraient <strong>de</strong> <strong>la</strong> condition géographique<br />

périphérique, pendant l’époque mérovingienne et carolingienne, <strong>de</strong> <strong>la</strong> zone autour <strong>de</strong> l’archidiocèse<br />

<strong>de</strong> Lyon par rapport au centre innovateur <strong>de</strong> <strong>la</strong> cour <strong>de</strong> France (l’Île <strong>de</strong> France), qui aurait déterminé<br />

dans les parlers francoprovençaux l’absence <strong>de</strong>s traits évolutifs plus récents du français. Dans <strong>la</strong> zone<br />

valdôtaine, une confirmation <strong>de</strong> cette situation géo<strong>linguistique</strong> est fournie par l’opposition entre les<br />

traits généralement plus archaïques (d’un point <strong>de</strong> vue gallo-roman) <strong>de</strong>s patois <strong>de</strong> <strong>la</strong> Basse <strong>Vallée</strong> et<br />

ceux plus innovateurs (et coïnci<strong>de</strong>nts avec le français) <strong>de</strong> <strong>la</strong> Haute <strong>Vallée</strong>. 8<br />

Nous avons parlé précé<strong>de</strong>mment <strong>de</strong> l’absence, dans <strong>la</strong> zone francoprovençale, <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

constitution en époque historique d’une tradition <strong>de</strong> koinè ayant <strong>de</strong>s finalités communicatives supra-<br />

7 Voici le résumé <strong>de</strong>s principales hypothèses. C’est à W. von Wartburg (voir von Wartburg 1980 [1950], pp. 119-143)<br />

que l’on peut ramener l’hypothèse voyant dans le substrat burgon<strong>de</strong> (différent <strong>de</strong> celui franc dans le reste du septentrion<br />

français et <strong>de</strong> celui wisigoth dans le sud) <strong>la</strong> cause <strong>de</strong>s caractéristiques particulières <strong>de</strong> <strong>la</strong> zone francoprovençale. Pour d’autres<br />

(parmi lesquels Pierre Gar<strong>de</strong>tte ; voir Tuaillon 1994, 56-57), au contraire, cette <strong>de</strong>rnière <strong>de</strong>vrait être recherchée dans <strong>la</strong> fonction<br />

<strong>de</strong> centre <strong>de</strong> gravitation exercée par Lyon à l’époque mérovingienne et carolingienne, surtout en ce qui concerne sa fonction <strong>de</strong><br />

centre épiscopal et <strong>de</strong> carrefour <strong>de</strong>s routes qui reliaient les <strong>de</strong>ux versants <strong>de</strong>s Alpes. Finalement, il ne faut pas négliger <strong>la</strong> thèse<br />

<strong>la</strong> plus récente et suggestive proposée par Mario Alinei (voir Alinei 2000) qui, dans le cadre d’une thèse plus générale basée<br />

sur <strong>la</strong> “théorie <strong>de</strong> <strong>la</strong> Continuité” (qui renverse les théories glottologiques traditionnelles, fondées sur <strong>la</strong> supposée “invasion<br />

indoeuropéenne” du troisième millénaire av. J.-C.), propose une genèse pré<strong>la</strong>tine <strong>de</strong>s caractères <strong>linguistique</strong>s du<br />

francoprovençal attribués à une première colonisation “itali<strong>de</strong>” <strong>de</strong> <strong>la</strong> zone, provenant du sud à travers le cours du Rhône<br />

(culture Chassey, selon <strong>la</strong> dénomination <strong>de</strong>s archéologues), à <strong>la</strong>quelle se serait superposée une <strong>de</strong>uxième colonisation celtique<br />

(culture <strong>de</strong> Cortaillod, du Mégalithisme et Campaniforme) qui expliquerait <strong>la</strong> coexistence <strong>de</strong>s caractères “méridionaux”<br />

(notamment “provençaux”) et “septentrionaux” (c'est-à-dire “français”) dans le “<strong>la</strong>tin du haut-Rhône” dont serait dérivé en<br />

continuité le “néo<strong>la</strong>tin francoprovençal”.<br />

8 Prenons à titre d’exemple <strong>la</strong> dénomination pour le ‘renard’, qui est rèinar dans <strong>la</strong> Haute et Moyenne <strong>Vallée</strong> (en<br />

conformité avec l’innovation lexicale du français, motivée dès l’XI e siècle par l’adoption du nom propre <strong>de</strong> l’animal protagoniste<br />

du Roman <strong>de</strong> Renart), gourpoei par contre (conformément à l’ancien français goupil < <strong>la</strong>t. VULPICULU) dans <strong>la</strong> Basse <strong>Vallée</strong> (voir<br />

Favre 2002).<br />

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