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Profil de la politique linguistique éducative Vallée d'Aoste Rapport ...

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conosce, ma che non si usa (perché non c’è bisogno di usar<strong>la</strong>)” 37 ; il nous paraît utile préciser qu’elle<br />

peut être facilement substituée dans tout contexte par une (dans <strong>de</strong>s contextes d’utilisation élevée et<br />

officielle) ou par toutes les <strong>de</strong>ux (dans les contextes communicatifs plus informels) <strong>de</strong>s autres<br />

<strong>la</strong>ngues.<br />

L’étiologie historique <strong>de</strong> cette dynamique substitutive est, du reste, inhérente aux modalités<br />

d’affirmation <strong>de</strong> l’italien mises en évi<strong>de</strong>nce précé<strong>de</strong>mment, qui ont permis <strong>la</strong> mise en corré<strong>la</strong>tion <strong>de</strong><br />

cette <strong>la</strong>ngue avec <strong>de</strong>s traits symboliques tels que <strong>la</strong> mo<strong>de</strong>rnisation et l’ouverture économique <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

<strong>Vallée</strong> et avec <strong>de</strong>s facteurs socioculturels tels que l’alphabétisation diffuse et profon<strong>de</strong> et <strong>la</strong> diffusion<br />

<strong>de</strong>s moyens <strong>de</strong> communication. Ce fait a déterminé pour l’italien <strong>la</strong> possibilité <strong>de</strong> substituer d’un côté<br />

rapi<strong>de</strong>ment le français dans <strong>la</strong> portion limitée <strong>de</strong> répertoire (les hauts niveaux <strong>de</strong> l’officialité, <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

formalité et <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue écrite) que cette <strong>la</strong>ngue possédait auparavant, et d’un autre côté d’étendre<br />

en même temps sa pénétration aux niveaux <strong>de</strong> formalité moyenne et basse (au détriment, dans ce<br />

cas, du francoprovençal), qui en perspective constituent le facteur primaire <strong>de</strong> “vitalité” pour un co<strong>de</strong><br />

<strong>linguistique</strong>. 38<br />

Il faut toutefois mettre en évi<strong>de</strong>nce que cette marginalisation fonctionnelle du français n’a pas<br />

été accompagnée en <strong>Vallée</strong> d’Aoste par une marginalisation parallèle en terme <strong>de</strong> prestige : bien au<br />

contraire, plus sa valence fonctionnelle diminuait, plus s’établissait une forte i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong> cette<br />

<strong>la</strong>ngue “historique” avec <strong>de</strong>s traits symboliques reliés aux valeurs i<strong>de</strong>ntitaires du groupe social<br />

valdôtain, et ceci surtout dans les c<strong>la</strong>sses sociales dominantes (intellectuels, hommes <strong>politique</strong>s et<br />

hommes <strong>de</strong> culture) <strong>de</strong> <strong>la</strong> société valdôtaine <strong>de</strong> l’après-guerre. De sorte qu’il semble correct d’affirmer<br />

que encore aujourd’hui, bien que, d’un point <strong>de</strong> vue du répertoire <strong>linguistique</strong> communautaire, <strong>la</strong><br />

société attribue le maximum <strong>de</strong> prestige à l’italien, en tant que véhicule <strong>de</strong>s modèles culturels<br />

dominants et comme variété fonctionnellement plus “puissante”, le français constitue encore en <strong>Vallée</strong><br />

d’Aoste un élément <strong>de</strong> prestige très élevé re<strong>la</strong>tivement au répertoire <strong>linguistique</strong> individuel, dans le<br />

sens qu’une bonne compétence en cette <strong>la</strong>ngue est encore interprétée comme indice d’une<br />

préparation culturelle supérieure. 39<br />

En réutilisant en conclusion ces <strong>de</strong>rnières considérations ainsi que les résultats qui découlent<br />

<strong>de</strong> l’analyse répertoriale <strong>de</strong>s pages précé<strong>de</strong>ntes, nous tenterons maintenant <strong>de</strong> donner un cadre<br />

général <strong>de</strong>s définitions applicables au bilinguisme valdôtain.<br />

D’un point <strong>de</strong> vue purement socio<strong>linguistique</strong>, le bilinguisme valdôtain se caractérise comme<br />

un bilinguisme endogène, c'est-à-dire non généré par l’immigration provenant <strong>de</strong> l’extérieur, et<br />

monocommunautaire, où, plus précisément, il n’existe pas <strong>de</strong>ux communautés distinctes chacune<br />

porteuse <strong>de</strong> son propre co<strong>de</strong> communautaire primaire (comme c’est par exemple le cas <strong>de</strong> l’italien et<br />

<strong>de</strong> l’allemand dans le Haut Adige), mais une seule communauté qui se sent (du moins<br />

potentiellement) “bilingue”. Donc, par rapport à ses caractéristiques structurelles, le bilinguisme<br />

valdôtain peut être défini comme un bilinguisme individuel où justement “ogni cittadino è tenuto ad<br />

essere bilingue” 40 (Balboni 2002, page 222) et doit réaliser dans sa personne le bilinguisme établi par<br />

le Statut.<br />

C’est probablement ce dép<strong>la</strong>cement sur le p<strong>la</strong>n individuel à déterminer dans <strong>la</strong> société<br />

valdôtaine (et en particulier chez ceux qui ont plus à cœur ce problème, comme les enseignants, les<br />

opérateurs <strong>de</strong> <strong>la</strong> culture et <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>politique</strong> culturelle) une sorte <strong>de</strong> “dramatisation” et <strong>de</strong> surévaluation<br />

symbolique <strong>de</strong>s aspects <strong>linguistique</strong>s, qui entraînent souvent <strong>de</strong>s représentations complexes et<br />

quelquefois contradictoires <strong>de</strong> <strong>la</strong> valeur qu’on doit attribuer aux <strong>la</strong>ngues, bien représentées par les<br />

profils individuels qui émergent par exemple dans l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> Cavalli et Coletta (2002), et qui se<br />

concrétisent souvent par le mythe du “bilingue parfait” (celui qui maîtrise parfaitement à tous les<br />

niveaux fonctionnels les <strong>de</strong>ux co<strong>de</strong>s élevés du répertoire) ou en comportements <strong>de</strong> purisme<br />

<strong>linguistique</strong> exercés bien entendu par rapport à <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue cible (le français) dans le processus <strong>de</strong><br />

complètement du bilinguisme ; ou bien, sur un versant opposé d’évaluation, dans un sentiment diffusé<br />

37<br />

[«que l’on connaît mais que l’on n’utilise pas (car on n’a pas besoin <strong>de</strong> l’utiliser)»].<br />

38<br />

De plus, il faut ajouter, en reprenant Berruto, 2003, p. 48, qu’il a été démontré qu’en général, à l’intérieur d’un<br />

répertoire bilingue endogène et monocommunautaire comme dans le cas valdôtain (voir ci-<strong>de</strong>ssous <strong>la</strong> définition), il est très<br />

difficile (pour <strong>de</strong>s questions <strong>de</strong> “économicité” <strong>linguistique</strong>) “le maintien stable et à long terme <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux <strong>la</strong>ngues ‘hautes’ [...] en<br />

utilisation effective et paritaire sur toute <strong>la</strong> gamme <strong>de</strong> fonctions ”.<br />

39 c<br />

Cf. Telmon 1992 , p. 126, qui renvoie à Rossignoli 1986. Voir aussi les observations conclusives (pages 51 et 52)<br />

par Berruto 2003.<br />

40<br />

[«Tout citoyen est censé être bilingue»].<br />

32

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