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104 LA DIFFUSION DE LA DANSE EN FRANCE DE 2011 À 2017 ONDA.FR<br />

Les objectifs assignés aux ateliers sont négociés avec les<br />

structures de résidence et de diffusion selon la politique de développement<br />

des publics des équipes des lieux ou des festivals. La<br />

temporalité de l’année scolaire peut entrer en décalage avec celle<br />

des temps forts de la programmation chorégraphique lorsque ceux-ci<br />

sont prévus au début de la période estivale (structure dédiée 6).<br />

Quand la durée de ces ateliers est assez courte lors de résidences<br />

ou de séries de représentations, les équipes chorégraphiques sont<br />

a priori plus stimulées par une exploration interrogative d’une des<br />

thématiques artistiques de leur spectacle que par la transmission<br />

de quelques pas de danse.<br />

La hiérarchisation des demandes d’intervention en fonction des<br />

disponibilités des interprètes et des chorégraphes peut amener les<br />

équipes à se tenir à l’écart des propositions d’ateliers de pratique<br />

annuels devant se conclure par la présentation d’un spectacle. Une<br />

préférence pour s’engager dans des actions de formation d'interprètes<br />

a été affirmée par quelques chorégraphes.<br />

“ Comme j’ai beaucoup donné des ateliers à des non-danseurs, collégiens,<br />

élèves des écoles élémentaires, ce qui m’intéresse dorénavant,<br />

c’est de donner des ateliers à des gens qui ont une pratique assidue<br />

de la danse, en voie de professionnalisation pour aller plus loin dans<br />

la recherche du mouvement. C’est là où je retrouve une cohérence<br />

dans ma démarche. […] La compagnie continue à prendre en charge<br />

les actions auprès des non-danseurs, mais je délègue. ”<br />

(Chorégraphe, compagnie 6)<br />

La question des liens entre la participation à des ateliers de<br />

pratique de la danse et la fréquentation de la programmation chorégraphique<br />

fait l’objet néanmoins de débats. En effet, l’éveil d’un<br />

plaisir corporel lors de la participation à un atelier ouvre la voie<br />

à un développement personnel par une découverte de nouvelles<br />

possibilités d’expression, un gain de confiance en soi, une attention<br />

aux autres plus respectueuse en raison d’une meilleure estime de soi.<br />

Les rapports entre les enseignants et les élèves sont transformés à<br />

court terme par une expérience de vie solidaire et une redistribution<br />

des rôles attribués dans une classe par une opportunité de laisser<br />

s’exprimer par l’engagement corporel de la danse des facettes ignorées<br />

des personnalités des participants 76 . L’empathie ressentie pour<br />

l’encadrant∙e professionnel∙le se traduit par un attachement affectif<br />

pendant la durée du projet sans garantir néanmoins la formation<br />

d’une curiosité intellectuelle pour les spectacles chorégraphiques<br />

programmés par la structure organisatrice des ateliers 77 . La fin de<br />

tout projet conduit aussi à la dispersion des personnes qui l’ont<br />

suivi et à un relâchement des liens de solidarité qui se sont créés 78 .<br />

Quelques témoignages dans les entretiens ont émis des doutes<br />

sur l’intensité de la corrélation entre la participation à des ateliers<br />

de pratique, notamment si leur accès est gratuit, et la fréquentation<br />

des spectacles programmés par leur structure.<br />

76. Jean-Marc Lauret, L’art fait-il grandir l’enfant ? ? Essai sur l’évaluation de<br />

l’éducation artistique et culturelle, Toulouse, L’Attribut, 2014, p. 95-103 ; Patrick<br />

Germain-Thomas, Que fait la danse à l’école ?, Toulouse, L’Attribut, 2016, p. 170-173<br />

77. Daniel Urrutiaguer, « Résidences d’artistes et implication de la population locale :<br />

le cas du Forum du Blanc-Mesnil », in Françoise Liot (dir.), Projets culturels et participation<br />

citoyenne. Le rôle de la médiation et de l’animation en question, Paris,<br />

L’Harmattan, 2010, p. 123.<br />

78. Sophie Courau, Les outils d’excellence du formateur. Partie Connaissance du<br />

problème, Paris, ESF, 1994, p. 94.<br />

“ Je ne pense pas que ça ait un effet sur la fréquentation des salles.<br />

Je pense que c’est deux choses très différentes. Pour la fréquentation<br />

du lieu certes, pour la familiarisation avec le lieu culturel oui. Après<br />

est-ce que les gens qui viennent faire des cours de danse-minute<br />

vont aller voir des spectacles, je ne suis pas du tout sûre. Il y a une<br />

vraie question entre les activités gratuites et les activités payantes.<br />

Il y a quand même des publics qui peuvent être assez différents. ”<br />

(Codirectrice, structure pluridisciplinaire 16)<br />

Les écarts entre les esthétiques enseignées dans les cours de<br />

danse et les spectacles de danse contemporaine programmés sont<br />

des freins à leur fréquentation par les élèves qui suivent ces leçons.<br />

“ Les cours de danse sont vraiment à destination des amateurs. […]<br />

Ça va de 7 à 77 ans, de l’initiation à des cours de perfectionnement<br />

[…] Le hic c’est que l’esthétisme des cours ne correspond pas forcément<br />

à notre projet artistique. Ce sont des cours vraiment classiques,<br />

avec la mentalité classique qui va avec. Donc ce sont des gens qu’on<br />

ne retrouve pas forcément dans nos spectacles en fréquentation. ”<br />

(Administrateur, compagnie avec lieu 4)<br />

“ Oui, ce n’est pas forcément une évidence qu’en faisant de la danse<br />

ils aillent voir un spectacle de danse. Donc nous on a cette priorité-là.<br />

On se dit qu’on a des gens qui dansent, donc ça serait bien qu’ils<br />

aillent voir de la danse. Ou qu’ils aient des contacts réguliers avec<br />

des artistes professionnels. Ça peut paraître évident mais il faut le<br />

faire ce boulot-là.<br />

(Secrétaire général, compagnie avec lieu 5). ”<br />

D’autres témoignages ont été plus enthousiastes quant aux effets<br />

des ateliers de pratique tout en les reliant à une attitude proactive<br />

de certaines équipes de structures pour développer leurs publics<br />

de la danse du côté des compagnies, à la méthodologie de certains<br />

artistes du côté des structures.<br />

“ Et pareil au X, une région qu’on ne connaissait pas du tout, où<br />

personne ne nous connaît, la salle était pleine parce qu’il y avait eu<br />

les ateliers. Il y avait eu de la presse aussi, on était allé à la radio.<br />

Ils avaient vachement communiqué là-dessus. ”<br />

(Chorégraphe, compagnie 15)<br />

“ Il y a des villes où vraiment on ne s’attendrait pas à ce qu’il y ait<br />

autant de monde et c’est <strong>complet</strong>. Mais c’est vraiment la démarche<br />

d’un lieu avec son public qui fait que ça fonctionne ou pas. ”<br />

(Chorégraphe, compagnie 6)<br />

“ Les collégiens sont un peu forcés. Mais globalement tous les publics,<br />

à 80 % viennent voir des spectacles. Il y a un très bon retour. La<br />

plupart sont curieux et vont venir voir les duos. Mais ça dépend aussi<br />

des artistes et de comment ils vont travailler. ”<br />

(Directeur, structure dédiée 3)<br />

L’articulation entre la pratique encadrée dans les ateliers et la<br />

fréquentation de spectacles programmés par les structures peut être<br />

construite par leur conjonction dans la conception des dispositifs<br />

proposés aux participants. Un pari est de placer les enfants praticiens<br />

dans un rôle de prescription de sorties chorégraphiques pour leurs<br />

parents accompagnateurs, à la suite du vécu de leur expérience<br />

physique de la danse.

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