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LA MISE EN RELATION DES COMPAGNIES ET DES STRUCTURES DE DIFFUSION<br />

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programmation limitées. Sur les territoires plus denses en population<br />

et en établissements culturels ou festivals, les rapports entre<br />

les programmateurs et programmatrices peuvent osciller entre la<br />

concurrence pour attirer les équipes chorégraphiques, la complémentarité<br />

des programmations, et la coopération en partageant des<br />

informations et des coûts de production ou de diffusion.<br />

Les accords de coopération territoriale<br />

Les accords de coréalisation pour l’accueil de représentations par<br />

plusieurs structures de diffusion voisines permettent de réduire les<br />

coûts variables en partageant de fait les frais de transport des équipes<br />

chorégraphiques programmées dans la région sur une période de<br />

temps groupée. Le partage des recettes de billetterie s’effectue en<br />

fonction des apports de chaque partenaire. Dans certaines configurations<br />

territoriales, quelques co-accueils sont systématiquement<br />

négociés par des structures dédiées à la danse avec les établissements<br />

pluridisciplinaires de la communauté de communes.<br />

L’organisation de festivals suppose aussi des partenariats avec<br />

des établissements culturels ou des lieux non dédiés au spectacle<br />

vivant où sont aménagés des espaces de représentation pour la circonstance,<br />

afin de permettre une déconcentration de l’offre artistique<br />

sur le territoire. Par exemple, le Festival d’Automne fait des propositions<br />

de programmation aux différentes structures franciliennes<br />

qui se positionnent sur les spectacles qu’elles ne pourraient pas<br />

accueillir au cours de la saison sans son appui.<br />

Les accords de coréalisation offrent aussi aux directions de structures<br />

une opportunité de prendre plus de risques dans leurs choix de<br />

programmation grâce au partage des coûts de cession de spectacles<br />

a priori plus difficiles d’accès. L’exposition répétée des spectateurs à<br />

des formes chorégraphiques plus complexes grâce à ces accords les<br />

familiarise progressivement à la diversité des recherches esthétiques.<br />

“ La force de ces accords augmente la prise de risque, aide à porter<br />

les choix. Ça se vérifie maintenant que les gens osent prendre plus<br />

de risques. […]. On a passé quelques difficultés, les gens ont moins<br />

d’appréhension par rapport aux artistes. Et à chaque fois je peux<br />

augmenter le risque. ”<br />

(Directrice, structure dédiée 4)<br />

L’objectif de ces accords de coréalisation peut aussi être tourné<br />

vers le partage des frais de cession et de déplacement de spectacles<br />

à grand format trop onéreux pour le budget d’une seule structure.<br />

Les possibilités de coopération inter-organisationnelle sont également<br />

influencées par la conduite des politiques culturelles des<br />

collectivités locales et les positionnements des directions de structure.<br />

Par exemple, le directeur de la structure pluridisciplinaire 8 a<br />

évoqué dans son entretien la situation paradoxale de sa métropole,<br />

qui a choisi deux établissements pour coordonner la coopération<br />

culturelle alors que celle-ci a en fait régressé dans cette métropole,<br />

à l’opposé de la région.<br />

D’autres formes de collaboration pour organiser des tournées<br />

ou des coproductions à l’échelle du territoire ont été interrogées<br />

dans le questionnaire adressé aux structures de diffusion, ainsi que<br />

l’importance des accords de coréalisation avec des établissements ou<br />

festivals en dehors de la région. Les réponses indiquent des accords<br />

de coréalisation bien plus fréquents avec des structures de diffusion<br />

du territoire qu’en dehors de la région. Les lieux et festivals dédiés<br />

à la danse se sont plus impliqués que les structures pluridisciplinaires<br />

dans la construction d’accords de coréalisation avec d’autres<br />

organisations sur les deux échelles, dans et en dehors du territoire.<br />

Les réseaux de structures<br />

Des réseaux de structures pluridisciplinaires se sont constitués<br />

à une échelle régionale ou multirégionale. Les réunions de programmateurs<br />

et programmatrices sont l’occasion d’échanger les<br />

informations et les avis sur les spectacles pour inciter leurs collègues<br />

à soutenir certaines équipes chorégraphiques. La plateforme d’informations<br />

collectives peut être plus particulièrement opérationnelle<br />

pour le repérage des équipes émergentes et leur mise en relation<br />

avec des structures susceptibles de les programmer ou les soutenir<br />

dans la coproduction de leurs spectacles.<br />

“ J’appartiens à un réseau avec 43 programmateurs de deux régions.<br />

On a une réunion 3 à 4 fois par an où on parle des spectacles qu’on<br />

voit et on porte chacun des spectacles que l’on défend auprès de<br />

nos collègues. Et c’est vrai qu’au niveau de la danse, on n’est pas<br />

très nombreux à les défendre, mais à chaque fois on remonte nos<br />

manches. On insiste beaucoup sur le repérage des jeunes artistes.<br />

Le repérage est plus collectif à l’endroit de la jeune création, il y a<br />

plus de relais. […] Alors que pour des compagnies plus établies, on<br />

est dans un soutien plus traditionnel peut-être. ”<br />

(Directrice, structure pluridisciplinaire 19)<br />

Les perspectives de mutualisation induites par les collaborations<br />

entre plusieurs établissements culturels peuvent inciter des<br />

structures à s’engager plus facilement dans des prises de risques.<br />

Néanmoins, les discussions menées dans les réseaux ne suffisent<br />

pas en soi à réduire la forte appréhension de certaines structures<br />

pluridisciplinaires à programmer de la danse.<br />

“ Les semaines de solis et des projets régionaux, on fait notre réunion<br />

de réseau, parce qu’on est pluridisciplinaire et que l’on fait des choix<br />

en théâtre, en musique et en danse. On se dit qu’en le faisant en lien<br />

avec des spectacles à voir le soir ou des rencontres artistiques... Ils ne<br />

restent pas... ils sont là pendant la réunion et après ils partent ; il y en<br />

a deux qui restent. Scènes conventionnées, scènes nationales... tous<br />

labels confondus. Il y a un endroit où on ne s’en sort pas. Ils n’arrêtent<br />

pas de dire : « c’est compliqué pour le public », « la danse, c’est hermétique<br />

». Mais si on ne fait pas la démarche de la faire comprendre.... ”<br />

(Directrice, structure pluridisciplinaire 19)<br />

Plusieurs réseaux régionaux de structures pluridisciplinaires<br />

organisent des journées professionnelles pour mettre en relation des<br />

équipes artistiques qu’elles ont sélectionnées et les programmateurs.<br />

Les membres du Groupe des 20 Scènes publiques en Auvergne-Rhône-Alpes<br />

organisent ainsi chaque année la Route des 20, en offrant<br />

la possibilité de présenter la maquette d’une future création. Elles<br />

invitent aussi d’autres compagnies à des « rendez-vous d’artistes »<br />

pour leur permettre d’exposer auprès des programmateurs les principes<br />

directeurs de leur création en recherche de diffusion. Le Groupe<br />

des 20 Théâtres en Île-de-France ou Quint’Est, le réseau spectacle<br />

vivant Bourgogne Franche-Comté Grand Est, plus centrés sur la<br />

programmation théâtrale, organisent des « plateaux » ou journées<br />

qui permettent à des compagnies sélectionnées de présenter leur<br />

projet de création ou leur demande de diffusion d’un spectacle aux<br />

programmateurs présents.<br />

Ces journées professionnelles peuvent jouer un rôle d’accélération<br />

dans la constitution d’un cercle de producteurs en déclenchant<br />

une cascade de décisions à partir de la réception positive de la présentation<br />

de l’étape de travail.

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