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68 LA DIFFUSION DE LA DANSE EN FRANCE DE 2011 À 2017 ONDA.FR<br />

La coproduction de spectacles comprend le plus souvent un volet<br />

de diffusion avec la signature conjointe d’un contrat de cession du<br />

droit de représenter le spectacle. L’importance des contreparties<br />

demandées en termes de participation à des actions de sensibilisation<br />

artistique ou à des créations participatives sur le territoire<br />

dépend du projet culturel de la structure. Par exemple, la direction<br />

de la structure 18 a indiqué axer son budget de coproduction sur le<br />

soutien des équipes qui privilégient les actions artistiques en dehors<br />

des murs de l’établissement culturel.<br />

Dans l’ensemble, les contrats de cession avec coproduction ont<br />

représenté moins de 1 % des contrats de cession pour 36,3 % des<br />

compagnies, de 1 % à moins de 32 % pour 33,3 % des équipes et<br />

au moins 32 % dans 30,4 % des cas. Les compagnies au plus haut<br />

niveau de diffusion (plus de 33 représentations par an) sont moins<br />

tributaires des contrats de cession avec coproduction tandis que la<br />

situation est la plus contrastée pour les équipes au plus bas niveau<br />

de diffusion (moins de 13 représentations par an).<br />

Part des contrats de cession avec coproduction selon le niveau<br />

annuel moyen de diffusion des compagnies en % (2014-2016)<br />

Comme le préachat des spectacles coproduits tend à s’effectuer<br />

au coût du plateau, le montant de la coproduction conjointe est un<br />

enjeu important pour les conditions de financement du spectacle.<br />

La nécessité de multiplier les coproducteurs, en raison de la réduction<br />

de leurs apports moyens notée dès le début des années 2000<br />

par le rapport Latarjet 47 , présente l’avantage d’élargir le réseau des<br />

premières séries de représentations mais l’inconvénient d’allonger<br />

le temps de travail pour prospecter les financements nécessaires et<br />

reporte les négociations sur les marges bénéficiaires afin d’amortir<br />

au mieux les coûts du montage sur la tournée postérieure.<br />

Les équipes chorégraphiques les plus anciennes ont témoigné<br />

de la raréfaction des coproductions et de la baisse drastique des<br />

montants habituellement mis en jeu en raison du resserrement de<br />

la contrainte d’équilibre budgétaire des structures.<br />

“ Avant [en 2000] je pouvais obtenir des apports de 80 à 100 000 €<br />

avec le Théâtre X ; aujourd’hui, je suis content avec 5000 €. ”<br />

(Chorégraphe, compagnie 13)<br />

“ Ça a pas mal changé depuis 5-6 ans en termes de montant. Avant<br />

on pouvait avoir des co-productions de l’ordre de 15/20 000 €, même<br />

plus. Aujourd’hui ce n’est plus possible ça. C’est des co-productions<br />

qui tournent entre 5 et 10 000 €. Et 10 000 € c’est une bonne nouvelle.<br />

On est obligé de multiplier les co-productions et on se retrouve à avoir<br />

des listes de coproducteurs qui sont énormes. Ce qui rend le travail<br />

encore plus difficile, aller chercher 5000 € par ci, 5000 € par là… ”<br />

(Chorégraphe, compagnie 18)<br />

Moins de<br />

13 repr.<br />

de 13 à<br />

33 repr.<br />

plus de<br />

33 repr.<br />

TOTAL<br />

Moins de 1% 48,5 40 20,6 36,3<br />

De 1% à moins<br />

de 32%<br />

9,1 34,3 55,9 33,3<br />

32% et plus 42,4 25,7 23,5 30,4<br />

TOTAL 100 100 100 100<br />

Les ordres de grandeur avancés oscillent entre 20 000 € quand il<br />

s’agit de grosses coproductions accordées à des artistes associé·es,<br />

des montants de 10 à 15 000 € pour les grandes structures pluridisciplinaires,<br />

de 5 à 10 000 € pour les autres structures. Les montants<br />

peuvent être parfois inférieurs :<br />

“ On a eu parfois 3 000 euros pour 1a coproduction d’une scène<br />

nationale par exemple. ”<br />

(Codirectrice, compagnie 11)<br />

Des structures ont indiqué fournir un effort budgétaire plus<br />

important en termes d’apport monétaire pour soutenir leurs artistes<br />

associées. Si certains grands établissements peuvent proposer des<br />

apports plus conséquents, de 20 000 à 50 000 €, les moyens budgétaires<br />

contraignent des structures plus petites à se confiner à des<br />

montants moyens plus faibles.<br />

“ Aujourd’hui on se retrouve confronté à la question de faire remonter<br />

la moyenne de 7 500 €. La question n’est pas tranchée pour le<br />

moment. […] Pour les résidences longues, l’apport est de 10 000 €<br />

par an. Les autres coproductions oscillent de 3 000 à 7 000 €. On<br />

ne pourra pas faire plus. ”<br />

(Directeur, structure dédiée 9)<br />

La dérive vers des coproductions à un niveau similaire à celui<br />

de préachats de représentations à peine améliorés est dénoncée par<br />

certaines directions de structures.<br />

“ On a un problème dans la profession parce que les définitions ne<br />

sont pas les mêmes, tout comme pour les résidences. […] J’ai passé<br />

cinq ans en tant que Président du réseau X à me battre avec mes<br />

collègues pour qu’ils ne mettent pas indûment sur un dossier préachat<br />

ou coproduction. Par exemple, le spectacle vaut 5000 € ; je mets<br />

4000 en coproduction, je les verse quand je peux et je te rajouterai<br />

1000 € au moment du spectacle. ”<br />

(Directeur, structure pluridisciplinaire 8)<br />

Les accords de coproduction s’accompagnent souvent d’une<br />

mise à disposition gracieuse des compétences du personnel de la<br />

structure. Cependant, l’emploi d’intermittents pour les besoins du<br />

montage et de l’exploitation de la création sur place peut être refacturé<br />

aux compagnies. La prise en charge de dépassements de frais,<br />

par exemple pour la construction des décors, est difficile à faire<br />

accepter (compagnie 13).<br />

Les sociétés en participation permettent de solidariser financièrement<br />

les partenaires dans la conduite du projet de spectacle, en<br />

partageant le résultat final selon la clé de répartition convenue, ce<br />

qui les incite à suivre les étapes du projet sur les plans artistique<br />

et budgétaire. Les accords de coproduction simple sont beaucoup<br />

plus fréquents que la formation de sociétés en participation dans<br />

le monde de la danse. Cela constitue un obstacle à l’engagement<br />

des coproducteurs dans le suivi budgétaire du projet.<br />

47. Bernard Latarjet, « Pour un débat sur l’avenir du spectacle vivant. Compte-rendu de mission », Paris, Ministère de la Culture et de la Communication, 2004.

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