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LA MISE EN RELATION AVEC LES PUBLICS<br />

99<br />

L’assimilation du travail des artistes à une animation culturelle<br />

par les financeurs tend à réduire le tarif horaire proposé alors que<br />

la préparation pédagogique des interventions requiert un temps<br />

important. Le resserrement de la contrainte d’équilibre budgétaire<br />

des structures peut conduire au choix d’augmenter les actions artistiques<br />

avec la même enveloppe budgétaire, voire de la diminuer.<br />

Cela peut déplacer les demandes d’intervention des artistes vers<br />

des rencontres avec les publics qui ne sont pas rémunérées dans le<br />

calcul des prix de cession des droits de représentation des spectacles.<br />

“ Les coûts d’atelier sont de plus en plus bas. J’ai même eu des propositions<br />

à des tarifs horaires de 50€ TTC... ; ça veut dire que les artistes,<br />

il leur reste 20€ et on ne trouve plus de danseurs pour animer des<br />

ateliers. C’est de plus en plus compliqué. Là, par exemple, la structure<br />

X m’a proposé un atelier d’une heure un week-end de septembre<br />

mais je n’ai pas trouvé d’artiste pour aller animer cet atelier-là. Le<br />

coût du trajet est plus cher que le temps de présence payé. Alors, on<br />

le fait parce que les lieux le demandent, et parce qu’on pense très<br />

sincèrement qu’il faut le faire. ”<br />

(Administratrice, compagnie 6)<br />

Cette limitation du consentement à payer pour le temps de travail<br />

lié aux échanges avec des spectateurs peut aussi toucher les<br />

administrateurs ou administratrices de tournée qui accompagnent<br />

l’équipe chorégraphique lorsqu’ils ou elles sont invitées à animer<br />

gracieusement des master classes sur les métiers de l’accompagnement<br />

des créations ou le montage des spectacles (compagnie<br />

20). La dérive vers une demande d’engagement dans des actions<br />

de sensibilisation artistique sans une réelle rémunération semble<br />

néanmoins contenue. En réponse à la question sur le mode de rémunération<br />

des actions artistiques lors des tournées sans résidence,<br />

80,4 % des compagnies répondantes ont indiqué qu’elles l’étaient<br />

par les structures programmatrices et 19,6 % ont mentionné leur<br />

inclusion dans le forfait du contrat de cession. La rémunération<br />

de ces actions par les structures a été la plus fréquente pour les<br />

compagnies multirégionales (96 %).<br />

Le développement de carrière des chorégraphes ou des danseurs<br />

et danseuses s’appuie surtout sur l’appréciation des qualités<br />

esthétiques des créations ou de l’interprétation artistique par les<br />

professionnel∙les du milieu chorégraphique. Une implication plus<br />

importante dans un travail d’éducation chorégraphique ou de création<br />

participative présente un risque de déclassement pour une<br />

compagnie si ce travail est jugé s’éloigner d’une démarche artistique.<br />

Le chorégraphe de la compagnie 13 a exprimé ce risque en ces<br />

termes : « Mon métier est foutu si je fais de la médiation culturelle ».<br />

L’enjeu est donc d’obtenir une reconnaissance de la valeur artistique<br />

du travail d’encadrement mené par les chorégraphes ou artistes<br />

interprètes au lieu de le considérer au prisme d’une valeur sociale<br />

ajoutée. L’implication des artistes dans des dispositifs d’action culturelle<br />

est également freinée par le quota d’heures d’enseignement<br />

éligibles pour l’accès au régime de l’assurance chômage des intermittent∙es<br />

du spectacle et le renouvellement des droits de tirage des<br />

aides au retour à l’emploi.<br />

L’anticipation des effets<br />

En réponse à la question sur le temps de travail moyen consacré<br />

aux actions de sensibilisation artistique par lieu lors des tournées<br />

sans résidence, 35,3 % des compagnies répondantes ont indiqué<br />

un niveau inférieur à deux heures, 36,3 % un volume compris entre<br />

deux heures et moins de quatre heures, 22,5 % entre quatre heures<br />

et moins de huit heures et 5,9 % au moins huit heures.<br />

Répartition en % des compagnies chorégraphiques selon le<br />

temps moyen dédié aux actions de sensibilisation par lieu et<br />

l’évolution de leurs représentations de 2014 à 2016 69<br />

Diffusion < 2h 2h à < 4h 4h à < 8h > 8h Total<br />

hausse 47,2 38,9 11,1 2,8 100<br />

stable 18,8 43,8 31,3 6,3 100<br />

contrastée 37,9 31 24,1 6,9 100<br />

baisse 20 40 40 0 100<br />

TOTAL 35,3 36,3 22,5 5,9 100<br />

Le temps moyen consacré aux actions de sensibilisation artistique<br />

a été plus faible pour les équipes chorégraphiques ayant connu<br />

une hausse ou une évolution contrastée de leurs représentations<br />

que pour celles qui ont vu leur diffusion baisser ou rester stable. Les<br />

compagnies chorégraphiques de plus en plus demandées semblent<br />

ainsi être moins sollicitées pour participer à des dispositifs d’action<br />

culturelle.<br />

Une question à choix multiples a demandé aux compagnies de se<br />

prononcer sur le degré de pertinence des actions de sensibilisation<br />

artistique par rapport à six effets attendus en choisissant une des<br />

quatre modalités « pas du tout pertinent, seulement chronophage »<br />

(note de 0), « peu pertinent » (note de 1), « assez pertinent » (note<br />

de 2) et « très pertinent » (note de 3).<br />

69. Parmi les 100 compagnies ayant renseigné leur nombre de représentations de 2014 à 2016, 37 ont connu une hausse de leur diffusion, 16 une stabilité, 31 une évolution<br />

contrastée et 16 une baisse.

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