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84 LA DIFFUSION DE LA DANSE EN FRANCE DE 2011 À 2017 ONDA.FR<br />
Note d’importance moyenne de la politique tarifaire dans le développement du public de la danse selon l’évolution des<br />
représentations et le rayonnement dominant des équipes chorégraphiques programmées par les structures (note de 0 à 3)<br />
Evolution des représentations<br />
Rayonnement des équipes<br />
hausse stable contrastée baisse régional multirégion. national internati. TOTAL<br />
2,26 1,92 1,55 1,57 1,76 1,86 1,89 2,2 1,88<br />
L’importance accordée à la politique tarifaire pour développer<br />
le public de la danse est corrélée positivement à l’évolution<br />
du nombre total de représentations chorégraphiques avec la note<br />
d’importance la plus haute pour les structures en expansion et la<br />
plus basse pour les structures ayant connu une évolution contrastée<br />
ou une baisse du nombre de représentations chorégraphiques au<br />
cours de la période. Les structures ayant une programmation plus<br />
orientée vers les équipes chorégraphiques internationales se sont<br />
spécifiées par une plus grande importance accordée à la politique<br />
tarifaire pour le développement du public tandis que les structures<br />
qui privilégient plus les compagnies régionales se situent un peu<br />
au-dessous de la moyenne d’ensemble.<br />
La politique tarifaire apparaît ainsi comme un outil plus important<br />
pour l’élargissement de la fréquentation auprès des structures<br />
du panel qui ont développé leur programmation chorégraphique<br />
ou privilégié plus l’accueil des équipes artistiques produites hors<br />
de France. La corrélation annoncée ne permet pas néanmoins de<br />
dégager un rapport de causalité directe de la politique tarifaire sur<br />
le niveau de fréquentation.<br />
La programmation de spectacles de danse hors les murs des<br />
lieux de spectacles requiert une tarification adaptée. Si les musées<br />
organisent plutôt des événements artistiques à l’accès payant, les<br />
bibliothèques s’appuient habituellement sur leur budget culturel<br />
pour financer l’achat de droit de cession de représentations qui sont<br />
proposées gratuitement à l’auditoire. L’absence d’obstacle tarifaire<br />
permet de diversifier la composition des publics de la danse dans<br />
une certaine mesure, en les invitant à entrer dans un rapport de<br />
proximité physique avec les interprètes qui dansent le plus souvent<br />
dans les espaces des collections que dans des auditoriums 60 .<br />
“ On a une diversité des publics qu’il n’y a pas dans les théâtres. Une<br />
programmatrice danse est venue à X où elle s’est assise au milieu<br />
d’une salle où elle ne connaissait quasiment personne et ça faisait<br />
bizarre pour elle. C’est un autre public, ça ouvre d’autres visions du<br />
spectateur. ”<br />
(Directeur, structure dédiée 3)<br />
La réduction des tarifs unitaires permise par les abonnements<br />
crée une opportunité de fidéliser des spectateurs et spectatrices tout<br />
en offrant une avance de trésorerie à l’établissement culturel. Une<br />
relation de confiance se noue ainsi avec l’équipe de la structure qui<br />
programme dans une saison une part plus ou moins importante de<br />
spectacles en cours de montage au moment où les choix sont arrêtés.<br />
Cela peut inciter des spectatrices et spectateurs à entrer progressivement<br />
dans un rapport de découverte de compagnies qui leur sont<br />
inconnues en complément des représentations chorégraphiques<br />
d’équipes plus renommées.<br />
60. Daniel Urrutiaguer, Laure Ciosi, Gilles Suzanne, « La diversification de l’offre<br />
des établissements culturels patrimoniaux dans les Métropoles du Grand Paris et<br />
d’Aix-Marseille-Provence par le spectacle vivant », in Yann Nicolas (éd.), Modèles<br />
économiques des musées et des bibliothèques, Paris, La Documentation française,<br />
p. 91-140.<br />
“ Et puis après il y a une tranche de gens qui prend des risques dans<br />
des domaines qu’ils ne connaissent pas, ou plutôt pour un spectacle,<br />
pas pour un domaine en tant que tel. Je pense que dans une salle<br />
pluridisciplinaire comme la nôtre, il y a des gens qui prennent jusqu’à<br />
20 spectacles dans les abonnements et ils sont vraiment très transversaux.<br />
”<br />
(Directrice, structure pluridisciplinaire 19)<br />
La découverte de spectacles peu connus peut être imposée dans<br />
les abonnements conjoints avec la réservation de places pour les<br />
représentations de compagnies plus cotées.<br />
“ On a la capacité de voir aussi le comportement des spectateurs ;<br />
les gens ont du mal à se projeter. On a décidé de passer à quatre<br />
spectacles dans les abonnements avec une seule contrainte qui est<br />
le choix d’un spectacle sésame. On déclare des spectacles sésame<br />
pour attirer les abonnés vers des choses un petit peu différentes, de<br />
manière à ce qu’ils ne voient pas que les blockbusters. On les incite<br />
à aller voir d’autres choses et puis, nous, ça nous permet d’assurer<br />
un peu le remplissage car ce sont bien évidemment les spectacles<br />
les plus fragiles que l’on va mettre en sésame. ”<br />
(Administrateur général, structure dédiée 11)<br />
La première campagne d’abonnements permet aux équipes<br />
des structures de repérer en amont de la saison les spectacles qui<br />
connaissent d’emblée un succès de fréquentation et ceux pour lesquels<br />
des efforts particuliers devront être déployés pour élargir leur<br />
audience. Ces informations remontent d’autant plus rapidement<br />
si une part significative d’abonnements est souscrite par Internet.<br />
Le souhait de développer les sorties des enfants avec leurs<br />
parents pour assister en soirée à des spectacles pour l’enfance et<br />
la jeunesse conduit à proposer des abonnements peu coûteux pour<br />
la famille. Cette dynamique peut aussi conduire les enfants et les<br />
parents à découvrir d’autres spectacles de la saison.<br />
“ Le jeune public doit avoir accès à toutes les expressions. […]<br />
Nous les incitons à venir en soirée et non pas en matinée avec des<br />
parents accompagnateurs en leur proposant des abonnements de<br />
24€ pour trois spectacles au minimum avec leurs enfants. 900 à<br />
1 000 personnes prennent cet abonnement ; une partie d’entre elles<br />
ne viendraient pas sans leurs enfants. ”<br />
(Directeur, structure dédiée 21)<br />
“ On a développé les abonnements « Ma Famille » pour celles et ceux<br />
qui viennent aujourd’hui avec leurs enfants découvrir une programmation<br />
très, très large. C’est aussi découvrir avec leurs enfants la<br />
création d’aujourd’hui que ce soit en danse, en théâtre, en cirque. ”<br />
(Directrice, structure 15)<br />
Il est néanmoins probable que ces sorties familiales soient plus<br />
souvent initiées par des parents déjà intéressés par la culture chorégraphique<br />
que par des enfants au pouvoir prescripteur renforcé<br />
par leur expérience de jeune spectateur ou spectatrice.