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LA MISE EN RELATION AVEC LES PUBLICS<br />

83<br />

3. Les modalités de la programmation<br />

chorégraphique<br />

La recherche d’un élargissement du public dans l’organisation<br />

d’une programmation chorégraphique pose la question de la tarification<br />

des spectacles. La vision de la mission de service public<br />

privilégie les faibles tarifs tandis que l’anticipation du consentement<br />

à payer différencié des personnes conduit à moduler la grille<br />

tarifaire. La fixation de la durée des séries de représentations fait<br />

l’objet d’arbitrages selon le pouvoir localement prêté au bouche-àoreille<br />

des spectateurs et spectatrices, les capacités budgétaires des<br />

structures, l’étendue du bassin de population et l’offre chorégraphique<br />

existante sur le territoire. Comme la création d’événements<br />

est une façon d’attirer l’attention de publics occasionnels, les effets<br />

des temps forts ou des festivals organisés par les établissements<br />

culturels sont à interroger.<br />

La politique tarifaire des structures<br />

La politique tarifaire peut être envisagée comme un moyen<br />

d’élargir la base sociodémographique des publics de la danse avec<br />

des tarifs réduits susceptibles de diminuer l’obstacle financier à la<br />

venue des personnes à bas revenu.<br />

La baisse de certains tarifs peut être compensée par une augmentation<br />

du niveau des tarifs pleins sans forcément diminuer la<br />

demande des personnes plus aisées. Une expansion des billets à tarif<br />

réduit diminue le tarif moyen des places mais peut être compensée<br />

par une hausse de la fréquentation globale si elle est accompagnée<br />

d’un travail de sensibilisation à la programmation chorégraphique<br />

de la structure. Le consentement à payer des personnes aux revenus<br />

plus élevés pour des spectacles de danse contemporaine semble<br />

néanmoins rencontrer des limites tarifaires.<br />

“ En 2016, on a revu la politique tarifaire légèrement à la baisse pour<br />

que les billets soient accessibles au plus grand nombre. Ça se joue à<br />

3€ sur les billets les plus élevés. Mais pour certaines personnes, la<br />

barrière psychologique des 30€, elle est nette. ”<br />

(Administratrice, structure dédiée 6)<br />

La vision des bas tarifs souhaitables pour tenter d’élargir la<br />

fréquentation d’une programmation de spectacles de danse généralement<br />

peu connus varie selon le positionnement idéologique des<br />

directions des structures à l’égard de leur mission de service public<br />

mais aussi de leur niveau de subventionnement, ainsi que des partenariats<br />

noués pour assurer la viabilité d’une billetterie solidaire.<br />

“ C’est né d’un partenariat avec Arte et une mairie d’arrondissement<br />

de X, et puis ça s’est développé ensuite parce que d’autres ont voulu<br />

en faire partie. C’est une billetterie solidaire à 1€ symbolique. Ça<br />

s’adosse à un programme de sensibilisation des publics aussi. Les<br />

établissements scolaires qui sont en zone d’éducation prioritaire<br />

en bénéficient évidemment mais c’est surtout des associations, des<br />

centres sociaux, des structures qui travaillent pour des personnes<br />

en situation de handicap et, du coup, qui n’ont pas forcément les<br />

ressources pour sortir. ”<br />

(Responsable des relations avec les publics, structure dédiée 6)<br />

Ces choix dépendent aussi de la configuration sociale et culturelle<br />

du territoire selon le revenu moyen de la population et le niveau<br />

d’appétence chorégraphique de la population locale.<br />

“ Sur l’aspect économique, on a fait le choix d’un plein tarif à 11€.<br />

Ce qui veut dire que le prix moyen est à 6€ et avec une telle hausse<br />

du public qu’aujourd’hui on a augmenté nos recettes propres. Je<br />

parle de l’interpellation de gens qui nous disent qu’avec cinq ou six<br />

enfants, c’est compliqué de payer 4,50€ ; on est dans ces réalités<br />

économiques. ”<br />

(Directeur, structure pluridisciplinaire 18)<br />

“ On a réussi à faire en sorte que la billetterie soit très peu chère, le<br />

billet est à 5€ et le tarif réduit à 3€. Et c’est ça qui a permis la création<br />

d’un public. […] Tu es obligé de déconstruire des présupposés et<br />

d’avoir la possibilité de leur dire que ce n’est pas cher, donc ce n’est<br />

pas grave si ça ne plaît pas. Un spectateur m’a dit « 5€ c’est le prix<br />

de la découverte », j’aurais aimé l’inventer. ”<br />

(Directeur, structure dédiée 9)<br />

En réponse au questionnaire sur les moyens privilégiés pour<br />

développer le public de la danse, les structures répondantes ont mis<br />

en avant un attachement globalement assez important à la politique<br />

tarifaire avec une note d’importance moyenne de 1,88 sur 3. Cela<br />

situe cet outil à un niveau d’importance similaire en moyenne à<br />

celui des résidences d’artistes, du développement des ateliers de<br />

pratique et des rencontres d’artistes.<br />

“ On fait vraiment le choix aussi d’avoir des prix de billet qui sont<br />

extrêmement bas puisque le grand maximum du tarif c’est 14 euros ;<br />

ailleurs on paie 25 ou 30. C’est vraiment un choix qu’on a fait, donc<br />

de fait notre affaire n’est pas rentable. ”<br />

(Codirectrice, structure pluridisciplinaire 16)

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