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LA MISE EN RELATION AVEC LES PUBLICS<br />

85<br />

La volonté d’équilibrer la composition des salles en limitant le<br />

nombre de groupes scolaires dans les représentations tous publics<br />

peut se manifester par une obligation de réserver un abonnement<br />

pour les groupes accueillis.<br />

“ À partir du collège, nous ne faisons plus d’accueil en séances scolaires.<br />

Les élèves doivent se sentir comme de vrais spectateurs. […]<br />

Nous ne dépassons pas trois à quatre classes par salle pour l’équilibrage<br />

à condition qu’un abonnement de trois spectacles ait été<br />

souscrit afin de créer un lien plus long, un point de rencontres et<br />

de comparaisons. ”<br />

(Directrice, structure pluridisciplinaire 5)<br />

Dans certaines configurations, la formule de l’abonnement peut<br />

être jugée inappropriée par des directions de structures, en raison<br />

soit de la volatilité des choix des spectateurs et spectatrices qui<br />

prennent leurs décisions de sorties tardivement et ne souhaitent pas<br />

« être badgé∙es » (Directeur, structure 12), soit de la nécessité d’entrer<br />

en partenariat avec des centres sociaux pour éveiller un désir de<br />

sortie dans l’établissement culturel auprès de la population locale<br />

majoritairement pauvre (Directeur, structure pluridisciplinaire 18).<br />

Les cartes Pass constituent une formule d’abonnement illimité<br />

pendant une période donnée en contrepartie du versement d’un<br />

forfait. Elles incitent des spectateurs et spectatrices à densifier leurs<br />

sorties dans l’établissement culturel et à diversifier leurs choix en<br />

prenant plus de risques dans la découverte d’œuvres et d’équipes<br />

qu’ils ne connaissent pas. Ce qui contribue à élargir la culture chorégraphique<br />

des personnes concernées.<br />

“ Et ce qu’on n’avait pas prévu, c’est qu’avec l’abonnement ils choisissent<br />

ce qu’ils pensent qu’ils vont aimer ; avec la carte Pass ils<br />

viennent voir des spectacles qu’ils n’auraient pas choisis. Et ils se<br />

sont aperçus qu’ils ont apprécié des spectacles qu’ils n’auraient pas<br />

choisis. Donc ça va à l’encontre de cette fausse idée comme quoi on<br />

choisit bien. Des gens qui ne seraient jamais venus voir de la danse<br />

sont venus. ”<br />

(Directeur, structure pluridisciplinaire 10)<br />

La durée courte d’une carte Pass est un obstacle à sa diffusion.<br />

Une temporalité assez longue est nécessaire pour passer de la fréquentation<br />

de spectacles pour lesquels on anticipe une satisfaction<br />

à la prise de risques pour découvrir des propositions inconnues<br />

“ On a essayé de voir sur les temps forts, comme X qui regroupe des<br />

spectacles dans lesquels certains domaines artistiques se croisent,<br />

la musique, le théâtre parfois et la danse ; on a fait des Pass pour ça<br />

et ça ne fonctionne pas. ”<br />

(Directrice, structure pluridisciplinaire 19)<br />

Les séries de représentations<br />

“ Les chiffres parlent d’eux-mêmes ; on a vu, en moins de 15 ans, un<br />

changement de programmation hallucinant. Au départ quand on a<br />

commencé tous les deux, ce n’était absolument pas rare d’arriver<br />

dans un théâtre et de jouer 8 à 12 fois. Mais même pas dans un grand<br />

théâtre. Et vers 2005/2006 il y a une bascule qui a commencé et là<br />

où il y avait huit représentations il n’y en avait plus que quatre ; là<br />

où au départ il y en avait quatre, il n’y en avait plus que deux. Et<br />

maintenant les séries, c’est extrêmement compliqué. ”<br />

(Chorégraphe, compagnie 1)<br />

Le témoignage de cette chorégraphe entre en résonance avec<br />

la perception d’une crise de la diffusion chorégraphique par des<br />

compagnies, exposées à des difficultés accrues pour capter des<br />

opportunités de représenter leurs spectacles sur des séries. La<br />

mise en avant des contraintes budgétaires par les lieux pluridisciplinaires<br />

paraît pour certaines équipes comme amplifiée par le choix<br />

de davantage préserver la programmation théâtrale en reportant<br />

davantage l’impératif de remplir la jauge de la salle sur les compagnies<br />

chorégraphiques.<br />

“ C’est souvent dans la danse que ça coupe. Des lieux qui voulaient<br />

programmer deux pièces et qui n’en programment qu’une. On fait<br />

de moins en moins de séries, même sur les petites jauges de 300-<br />

400 places. ”<br />

(Administratrice, compagnie 6)<br />

L’importance des séries de plusieurs représentations pour les<br />

chorégraphes afin de permettre à un spectacle de danse de gagner<br />

en maturité esthétique, en relation avec l’écoute des spectateurs,<br />

et en visibilité professionnelle a été confirmée dans les entretiens.<br />

Par exemple, la chorégraphe de la compagnie 16 a indiqué avoir vu<br />

« l’écart foudroyant entre la première et la sixième représentation »<br />

de sa dernière création dans un contexte où la présence massive des<br />

programmateurs à la première fragilise le devenir de la diffusion<br />

des pièces.<br />

En réponse à la question sur l’importance de différents moyens<br />

pour développer le public, les structures répondantes ont considéré<br />

accorder peu d’importance à l’allongement des séries de représentations<br />

avec une note d’importance moyenne de 0,94 sur 3.<br />

Leurs équipes se démarquent ainsi de la croyance partagée par de<br />

nombreux chorégraphes sur le pouvoir d’amplification de la fréquentation<br />

prêté aux séries de représentations en faisant jouer le<br />

bouche-à-oreille. Il n’y a pas de différence majeure dans cette échelle<br />

d’opinion entre les structures selon leur évolution du nombre de<br />

représentations chorégraphiques ou l’origine géographique dominante<br />

des compagnies de danse programmées.<br />

Parmi les structures qui ont répondu à la question sur l’évolution<br />

de leur nombre de représentations par spectacle et ont renseigné<br />

l’évolution du total de leurs représentations, 40 ont déclaré un allongement<br />

des séries, 74 une stabilité et 13 une baisse. L’évolution de la<br />

longueur moyenne des séries de représentations chorégraphiques<br />

est corrélée positivement à celle du nombre total de représentations<br />

en danse, donc à celle de la fréquentation des spectacles chorégraphiques.<br />

Nombre et pourcentage des structures selon l’évolution du<br />

nombre moyen de représentations par spectacle en fonction<br />

de l’évolution du total des représentations en danse de<br />

2014/15 à 2016/17<br />

Représentations/spectacle<br />

Total représ. hausse stable baisse<br />

hausse<br />

stabilité<br />

contraste<br />

baisse<br />

TOTAL<br />

23<br />

(62,2%)<br />

7<br />

(25%)<br />

7<br />

(18,9%)<br />

3<br />

(12%)<br />

40<br />

(31,5%)<br />

14<br />

(37,8%)<br />

19<br />

(67,9%)<br />

25<br />

(67,6%)<br />

16<br />

(64%)<br />

74<br />

(58,3%)<br />

0<br />

2<br />

(7,1%)<br />

5<br />

(13,5%)<br />

6<br />

(24%)<br />

13<br />

(10,2%)

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