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LA MISE EN RELATION DES COMPAGNIES ET DES STRUCTURES DE DIFFUSION<br />
73<br />
Face à une intensification de la concurrence dans un environnement<br />
budgétaire contraint, l’amélioration des pratiques<br />
professionnelles des compagnies chorégraphiques dans le domaine<br />
de la diffusion requiert un déploiement de dispositifs de formation<br />
professionnelle continue. Il s’agit notamment d’aider les salariés<br />
à gagner en compétences pour mieux se situer dans leur environnement,<br />
mieux comprendre les fonctions possibles d’un chargé<br />
de diffusion ou d’un administrateur, réfléchir sur les stratégies<br />
d’action les plus appropriées compte tenu du positionnement artistique<br />
de la compagnie en ciblant les programmateurs pertinents.<br />
Les questionnements au cours de la session de formation suivie<br />
conduisent les personnes à poursuivre un processus réflexif qui<br />
remet en question des routines peu efficaces dans leur organisation<br />
du travail et permet de clarifier la présentation de leur projet artistique<br />
et culturel. Les rencontres entre les formateurs, formatrices<br />
et les personnes formées peuvent aussi être l’occasion d’élargir le<br />
réseau professionnel des salarié·es et de les inciter à entrer dans<br />
des logiques de coopération.<br />
Par exemple, la mise en place par Arcadi Île-de-France des<br />
ateliers Rebonds, du tutorat des administrateurs de compagnies<br />
chorégraphiques et de l’accompagnement de jeunes artistes par<br />
le Théâtre de Vanves avec le bureau Cassiopée a fait l’objet d’une<br />
évaluation 48 . La participation à ces actions de formation améliore la<br />
confiance en soi et dans la compagnie, enrichit la réflexion stratégique<br />
et transforme les pratiques professionnelles des participants<br />
dans le sens d’une plus grande efficacité organisationnelle. Il est<br />
néanmoins difficile de pérenniser des actions de coopération compte<br />
tenu de la singularité recherchée par chaque projet artistique. Les<br />
relations de méfiance des équipes artistiques insuffisamment reconnues<br />
à l’égard des structures de diffusion et des institutions peuvent<br />
rester vives même si les représentations mentales ont été modifiées<br />
par une meilleure compréhension de leurs contraintes et cahiers<br />
des charges.<br />
À une échelle internationale, l’Informal European Theatre Meeting<br />
(IETM) organise des sessions de formation avec des tuteurs et<br />
tutrices expérimentées pour transmettre à de jeunes professionnel∙les<br />
leurs savoirs et savoir-faire sur le travail de production et<br />
de diffusion à l’international. Ce réseau a participé à la fondation<br />
en 2002 d’On The Move, qui gère un portail web d’informations<br />
sur la mobilité culturelle internationale. Un premier programme<br />
de formation d’On The Move a concerné quatre équipes chorégraphiques<br />
cette année, en collaboration avec la DGCA et l’Institut<br />
Français. Il s’agit de présenter les réseaux et plateformes internationales,<br />
la multitude des dispositifs d’aides européennes, puis<br />
d’accompagner la réflexion pour structurer une stratégie internationale<br />
de partenariat en fonction du positionnement artistique<br />
de chaque compagnie. L’approche formatrice entend aussi inciter<br />
les professionnel∙les à s’éloigner de l’agencement séquentiel d’une<br />
création de spectacle puis d’une recherche de diffusion au profit<br />
de déplacements à l’étranger pour effectuer des rencontres et ainsi<br />
consolider un réseau international.<br />
Les aides financières aux structures<br />
Les aides monétaires proposées aux structures par l’<strong>Onda</strong> et des<br />
agences régionales sont destinées à limiter les pertes d’exploitation<br />
qui découlent des choix de programmation de spectacles exigeants.<br />
Elles s’appliquent aussi dans le cas de l’<strong>Onda</strong> aux premières séries<br />
de représentations qui découlent d’un accueil studio dans les CCN<br />
et les CDCN, et depuis 2015 à la diffusion d’une deuxième œuvre<br />
du répertoire d’une compagnie programmée au cours d’une saison.<br />
Dans le cas d’Arcadi Île-de-France, le soutien a été tourné vers un<br />
allongement des séries de représentations ou une densification des<br />
actions artistiques prévues sur le territoire.<br />
La garantie financière de l’<strong>Onda</strong> 49 a pu jouer dans une certaine<br />
mesure un rôle contra-cyclique après 2013 quand le nombre<br />
de représentations chorégraphiques a baissé puis s’est stabilisé,<br />
d’après la base de la SACD. En effet, les crédits et le nombre de<br />
garanties ont augmenté respectivement de 11 % et de 16 % entre<br />
2014 et 2016. Les déficits d’exploitation des représentations chorégraphiques<br />
soutenues ont été plus limités puisque la garantie<br />
financière moyenne est passée de 1050 € par représentation en 2014<br />
à 993 € en 2016. Cependant, le nombre moyen de représentations<br />
chorégraphiques par garantie financière est resté stable, autour<br />
de 1,8, tout comme le nombre moyen de spectacles de danse par<br />
garantie, autour de 1,5.<br />
Les aides procurées par l’<strong>Onda</strong> ou les agences régionales jouent<br />
un effet de levier pour l’élargissement de la diffusion des spectacles<br />
soutenus quand elles sont interprétées comme un signal de qualité.<br />
“ Sur la dernière création, j’ai remarqué que l’aide de l’Agence Régionale<br />
détermine souvent le choix de programmer ou pas. Même si on<br />
n’est pas soutenu financièrement beaucoup, ils vont être plus réceptifs<br />
à l’idée de programmer que s’ils doivent tout assurer tout seul. ”<br />
(Administrateur, compagnie avec lieu 18)<br />
L’impulsion suscitée par ces aides à la diffusion doit néanmoins<br />
être relativisée. Selon un bilan des mécanismes d’aides d’Arcadi Îlede-France,<br />
l’incitation financière ne semble pas avoir été décisive<br />
pour les choix de programmation de la plupart des lieux franciliens,<br />
sauf pour les grands formats 50 . Cet effet d’aubaine joue davantage si<br />
la décision du soutien institutionnel est tardive pour le calendrier<br />
de construction de la programmation. L’expérimentation d’une<br />
bonification de la garantie déficitaire dans le cas d’une deuxième<br />
représentation du spectacle nouvellement créé dans un CCN, avec<br />
une prise en charge doublée des dépenses artistiques en cas de<br />
déficit supérieur de 50 % des recettes, n’a pas rencontré un écho<br />
significatif auprès de ces établissements.<br />
Une question a interrogé les structures sur l’obtention ou non<br />
d’aides à la diffusion au cours des trois saisons pour des compagnies<br />
chorégraphiques implantées dans la région, ou les autres régions<br />
françaises, ou des équipes chorégraphiques étrangères.<br />
48. Félix Dupin-Ménard, « Evaluation de quatre dispositifs ressources d’Arcadi », Paris, Arcadi, 2012.<br />
49. Si le déficit du budget prévisionnel de l’accueil d’un spectacle est supérieur de 50 % aux recettes, l’aide apportée correspond au quart des dépenses artistiques à<br />
condition que le budget de la structure soit inférieur ou égal à 2 millions € et que les subventions du ministère de la Culture n’excèdent pas 150 000 €, ou au sixième de<br />
ces dépenses dans les autres cas.