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LA MISE EN RELATION DES COMPAGNIES ET DES STRUCTURES DE DIFFUSION<br />

75<br />

La contraction des crédits de l’Institut Français 51 a conduit à un<br />

redéploiement de ses soutiens vers un renforcement de l’accompagnement<br />

de la mobilité internationale des artistes, notamment<br />

par des bourses de résidences, au détriment de la prise en charge<br />

des frais de transport des spectacles. Ce changement de modèle<br />

économique est regretté par quelques directions de compagnies<br />

qui souhaitent accroître leur diffusion internationale.<br />

“ Et puis il y a quand même la question des moyens. C’est aussi pour ça<br />

qu’on développe nos projets plutôt en Asie puisque les moyens alloués par<br />

l’Institut français se réduisent à peau de chagrin. Même si la compagnie<br />

continue à injecter des ressources propres pour la diffusion internationale,<br />

c’est quelque chose qu’on est obligé de maîtriser et de limiter. ”<br />

(Chorégraphe, compagnie avec lieu 21)<br />

En conclusion de cette section, les aides monétaires à la diffusion<br />

ne semblent pas jouer un rôle décisif dans les choix de programmation<br />

mais contribuent à consolider le positionnement artistique<br />

des structures ouvertes à l’accueil de spectacles exigeants. Comme<br />

la reconnaissance procurée par d’autres subventions publiques,<br />

elles peuvent constituer un effet de levier pour élargir la diffusion<br />

des spectacles aidés des compagnies.<br />

Un enjeu important porte sur la transmission de compétences<br />

pour aider les équipes artistiques à améliorer l’efficacité de leurs<br />

pratiques de prospection de diffusion par une réflexion stratégique<br />

sur le positionnement de la compagnie dans son environnement,<br />

une meilleure connaissance des dispositifs d’aide, des échanges<br />

d’expériences.<br />

“ Les États-Unis c’est très, très compliqué à équilibrer. Oui, ça arrive<br />

qu’on parte dans un pays et qu’on sait qu’on va rentrer avec 30 000<br />

euros de déficit sur la tournée. Mais ces 30 000 ou 20 000 euros de<br />

déficit correspondent à l’aide qu’on avait avant de l’Institut français. ”<br />

(Administrateur, compagnie avec lieu 5)<br />

Un autre problème récurrent est celui de l’indisponibilité de<br />

certains artistes interprètes ayant participé aux premières séries<br />

de représentations lors des tournées discontinues du spectacle. En<br />

effet, les danseurs s’engagent nécessairement dans une diversité<br />

de projets quand la compagnie ne peut offrir un volume de travail<br />

suffisant pour accéder au régime de l’assurance chômage des<br />

intermittents ou renouveler les droits de tirage annuels pour leurs<br />

indemnités de chômage 52 .<br />

La gestion centralisée des plannings sur les disponibilités des<br />

danseurs initialement distribués dans le spectacle détermine les<br />

dates envisageables pour les tournées, qui sont confrontées aux<br />

propositions d’accueil des structures. Si certaines dates de représentations<br />

peu compatibles avec les disponibilités de la distribution<br />

dans son intégralité ne peuvent être négociées, les administrateurs<br />

de tournées et/ou les chorégraphes entrent en relation avec les compagnies<br />

qui emploient les danseurs à ce moment-là afin de solliciter<br />

des arrangements pour des mises en disponibilité. Une coopération<br />

inter-organisationnelle permet de libérer des artistes sur de courtes<br />

périodes quand leur absence ne remet pas trop fortement en question<br />

le processus de création et d’exploitation du spectacle.<br />

L’indisponibilité de certains danseurs pour la tournée d’un spectacle<br />

oblige à allonger le temps des répétitions avant sa reprise pour<br />

intégrer les interprètes qui les remplacent. Cela alourdit le coût<br />

salarial du remontage du spectacle et constitue ainsi un frein à la<br />

diffusion quand le surcoût excède le prix de cession concédé et le<br />

niveau de prise en charge des frais de mission par la structure. De<br />

petites aides à la reprise, parfois pratiquées par des agences régionales<br />

de développement culturel comme l’OARA, peuvent permettre<br />

de viabiliser ces reprises de rôles en évitant ainsi l’annulation de<br />

certaines dates de tournée. L’État a également mis en place un dispositif<br />

d’aide à la reprise plus tourné vers un soutien des recréations<br />

de spectacles du répertoire.<br />

51. Les crédits totaux ont baissé de 25 % et les crédits d’activité de 33 % entre 2011 et 2017. (Jacques Legendre, Hélène Conway-Mouret, « Rapport d’information sur le contrat<br />

d’objectifs et de moyens 2017-2019 de l’Institut Français », Rapport n°417, Paris, Sénat, 2017, p. 19)<br />

52. En 2011, les aides au retour à l’emploi ont représenté 51 % du revenu annuel moyen des artistes intermittents indemnisés par l’annexe 10 du régime d’assurance chômage<br />

(Marie Gouyon, Frédérique Patureau, « Tendances de l’emploi dans le spectacle vivant », Cultures Chiffres 2014-2, 2014, p. 6).

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