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LA MISE EN RELATION AVEC LES PUBLICS<br />

77<br />

rajeunissement avec une progression de la part des personnes<br />

âgées de moins de 25 ans 53 . Ce taux de fréquentation situe la danse<br />

au-dessus de l’opéra, du jazz et de la musique classique mais au-dessous<br />

du théâtre (19 %), du cirque (14 %), des spectacles de danses<br />

folkloriques (10 %) et des autres genres musicaux (10 à 13 %) 54 . Les<br />

spectateurs de danse se caractérisent aussi par une fréquentation<br />

plus occasionnelle (une ou deux sorties par an) que pour la plupart<br />

des autres disciplines artistiques 55 .<br />

Les références culturelles concernant la danse sont très<br />

diversifiées. Les publics réguliers ont logiquement une culture chorégraphique<br />

plus étendue ; la passion pour la danse anime un désir<br />

de fréquentation et d’appropriation de connaissances plus pointues<br />

sur les milieux chorégraphiques 56 . Les motivations des spectateurs<br />

et spectatrices occasionnelles croisent des connaissances de noms<br />

de chorégraphes beaucoup plus circonscrites et une attention plus<br />

sensible aux conditions de sociabilité de la sortie. La réputation<br />

professionnelle des chorégraphes confirmée par les jugements<br />

des experts professionnels ne se transforme pas aisément en une<br />

renommée auprès d’un large public. Les projections négatives sur<br />

« l’hermétisme de la danse contemporaine » constituent un autre<br />

obstacle à un élargissement de la fréquentation des spectacles de<br />

danse professionnels tandis que la pluralité des cultures sur un<br />

territoire doit être prise en considération.<br />

Les spectacles grand public<br />

Les spectacles plus facilement lisibles créés par des équipes<br />

chorégraphiques renommées attirent a priori un large public. La<br />

construction d’une programmation, sous la contrainte d’équilibre<br />

budgétaire, s’appuie habituellement sur une péréquation de la prise<br />

de risques entre ces spectacles populaires et des spectacles produits<br />

par des équipes peu connues, avec une recherche esthétique<br />

plus inédite. Ces derniers requièrent un travail d’action culturelle,<br />

nécessaire afin de pallier le déficit de réputation 57 .<br />

“En termes de fréquentation, c’est la notoriété de l’artiste qui fait<br />

la différence en premier lieu ; ensuite cela peut être le travail de<br />

relation avec les publics et l’action culturelle. Si c’est une pièce pour<br />

laquelle on peut accueillir des familles avec des enfants, cela ouvre<br />

d’autant le champ des possibles en termes de cibles de spectateurs”<br />

(Directrice, structure pluridisciplinaire 5)<br />

Quelques compagnies interrogées dans les entretiens ont<br />

confirmé percevoir une segmentation des réseaux de diffusion<br />

entre des circuits populaires plus centrés sur la programmation de<br />

spectacles suscitant des rapports de projection-identification assez<br />

consensuels parmi les spectateurs et des circuits orientés vers la<br />

mise en avant d’une recherche esthétique moins divertissante et<br />

plus pointue. La différenciation des horizons d’attente des spectateurs<br />

génère des frictions dans la relation d’écoute si le degré de<br />

complexité du spectacle est décalé par rapport aux anticipations<br />

du public habituel du lieu.<br />

“Au tout début des réflexions c’était aller à la rencontre des cultures<br />

urbaines, du hip-hop et des opéras, de la musique classique. Donc on<br />

s’est dit que ça allait être une approche facile pour les opéras pour<br />

diversifier leur programmation. Pareil pour les scènes nationales, et<br />

que dalle. Parce qu’ils ont une programmation plus fine, plus élitiste<br />

et que notre spectacle c’est quand même une approche grand public.”<br />

(Administrateur, compagnie avec lieu 18)<br />

Dans notre enquête en ligne, une question à choix multiples<br />

a interrogé les structures sur l’importance accordée à différents<br />

moyens pour développer le public de la danse depuis la saison<br />

2014-2015. La note de 0 a été attribuée à la réponse « pas important »,<br />

1 à « peu important », 2 à « assez important » et 3 à « très important<br />

». Le calcul de la note d’importance moyenne indique que la<br />

programmation de spectacles grand public n’a pas été la plus mise en<br />

avant par les structures répondantes. La note de 1,12 pour l’ensemble<br />

des structures reflète une opinion qui attache majoritairement peu<br />

d’importance à la programmation de spectacles grand public pour<br />

développer la fréquentation. De plus, la capacité de remplissage des<br />

salles doit être mise en balance avec le coût de cession nettement<br />

plus élevé de ces spectacles populaires.<br />

Note d’importance moyenne de la programmation de<br />

spectacles grand public pour développer le public de la<br />

structure depuis 2014-2015 (note de 0 à 3)<br />

Evolution<br />

des représentations<br />

Structure<br />

hausse stable contrastée baisse spécialisée pluridisciplin. TOTAL<br />

1,14 0,96 1,48 1 1,03 1,17 1,12<br />

Il n’y a pas de différence sensible en moyenne entre les structures<br />

dédiées à la danse et les structures pluridisciplinaires. En<br />

fonction de l’évolution du nombre de représentations au cours des<br />

trois saisons de 2014-2015 à 2016-2017, seules les structures ayant<br />

connu des phases contrastées au cours de cette période ont déclaré<br />

en moyenne attacher une importance un peu plus importante au<br />

choix de spectacles grand public (note de 1,48).<br />

En réponse à la question ouverte sur les moyens jugés les plus<br />

efficaces pour développer les publics, l’augmentation des spectacles<br />

grand public a néanmoins rencontré plus les faveurs des établissements<br />

culturels de ville, à l’opposé des CCN et des festivals. Les<br />

structures programmant le plus les équipes internationales ont été<br />

les plus sensibles à l’efficacité des spectacles grand public pour<br />

développer leur audience, à l’opposé des structures privilégiant<br />

les équipes régionales dans leur programmation et des lieux ou<br />

festivals ayant un bas niveau de diffusion chorégraphique (moins<br />

de 10 représentations de danse par an).<br />

Les structures répondantes ont globalement le plus souvent<br />

privilégié la diversification des partenariats avec des relais et les<br />

rencontres avec les artistes pour accroître leur fréquentation.<br />

53. Daniel Urrutiaguer, « Les représentations des publics dans le monde de la danse contemporaine », Quaderni n°83, hiver 2013-2014, p. 31.<br />

54. Olivier Donnat « Les pratiques culturelles des Français à l’ère du numérique – Enquête 2008 », Paris, La Découverte, 2009, p. 179.<br />

55. Laurent Babé, « Les publics de la danse. Exploitation de la base de données « Les pratiques culturelles des Français à l’ère du numérique – Année 2008 », Repères<br />

DGCA, n°6.03, octobre 2012, p. 3.<br />

56. Jean-Michel Guy, « Les publics de la danse », Paris, La Documentation Française, 1988.<br />

57. Daniel Urrutiaguer, « Programming Strategies and Demand in the Performing Arts. The Case of The Forum in Blanc-Mesnil, France », International Journal of Arts<br />

Management, vol. 17, n°3, p. 31-42.

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