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64 LA DIFFUSION DE LA DANSE EN FRANCE DE 2011 À 2017 ONDA.FR<br />

La qualité de la résidence dépend de la nature des espaces de<br />

travail mis à disposition de l’équipe chorégraphique dont l’étendue<br />

et le confort varient selon la configuration architecturale du lieu.<br />

Des frustrations peuvent provenir de l’étroitesse des espaces dédiés<br />

aux répétitions mais aussi de l’absence de bureaux disponibles pour<br />

installer le chargé ou la chargée de production du spectacle.<br />

“ Si un lieu accueille des artistes en résidence, il doit être capable<br />

d’apporter un peu de soutien à l’équipe administrative et de production.<br />

Nous, on le met toujours sur nos fiches techniques ; on demande<br />

toujours un bureau de production, mais je ne l’ai jamais. On me met<br />

au bar du théâtre, j’ai le bruit des machines à laver qui tournent, les<br />

serveurs, etc. Ce ne sont pas des lieux propices au travail… ”<br />

(Administratrice, compagnie 19)<br />

Il en est de même pour la relation d’écoute avec la direction et<br />

l’équipe du lieu de résidences. Un suivi insuffisant des activités de<br />

la compagnie sur le lieu par la direction et son équipe suscite un<br />

sentiment d’amertume.<br />

“ Et là ce qui est dramatique, sur la résidence à X, qui était quand même<br />

initiée par la DRAC, on n’a jamais vu personne. On a fait plusieurs<br />

réunions, ils se sont toujours excusés et n’ont jamais vu le rendu. ”<br />

(Directrice, compagnie 1)<br />

Il est nécessaire d’accéder à un espace équipé en boîte noire lors de<br />

la finalisation des répétitions sur une durée assez longue afin d’ajuster<br />

le montage technique du spectacle. Il serait sans doute utile que la<br />

dernière résidence de création pour finaliser le spectacle soit accompagnée<br />

d’un contrat de cession des droits d’exploiter le spectacle.<br />

Les déplacements de l’équipe sont difficilement contournables<br />

dans le cadre d’un processus de création, ce qui génère des coûts<br />

pour le transport mais aussi l’hébergement si le lieu n’est pas équipé<br />

en logements pour l’accueil des membres des équipes artistique,<br />

technique et administrative. Selon l’enquête menée en 2014/2015 par<br />

l’<strong>Onda</strong>, plus de la moitié des lieux de résidences ne prévoient pas la<br />

prise en charge de l’hébergement et des repas 42 . Cette dégradation<br />

dans les conditions offertes par les résidences, souvent de plus courte<br />

durée, découle notamment du fractionnement des coproductions<br />

des structures.<br />

Les normes de sécurité à respecter pour l’accueil de compagnies<br />

dans des établissements recevant du public, assumées par l’équipe<br />

technique du lieu, peuvent entrer en frictions avec la logique de<br />

mobilisation d’une équipe artistique pour optimiser les conditions<br />

des représentations dans un esprit « commando ». Cela est notamment<br />

le cas quand une relation de confiance ne s’est pas développée<br />

pour permettre un compromis sur la base d’une intériorisation des<br />

règles de sécurité par les membres de la compagnie et d’une latitude<br />

d’accès autonome au lieu de répétitions.<br />

S’il est prévu dans la circulaire ministérielle de 2016 sur les<br />

résidences que la mise à disposition d’espaces de travail doit être<br />

complétée d’un accompagnement financier, cela ne semble pas<br />

être le cas systématiquement. Plusieurs compagnies interrogées<br />

ont remarqué que les accords de coproduction s’accompagnent<br />

généralement d’une résidence mais de moins en moins inversement<br />

(chorégraphe, compagnie 12 ; administratrice, compagnie<br />

9). Les contreparties demandées en actions artistiques sur le territoire<br />

posent la question récurrente du partage du temps de travail<br />

à équilibrer entre les créations et l’engagement dans des dispositifs<br />

éducatifs ou participatifs.<br />

Enfin la distribution des résidences est inégalitaire selon la<br />

renommée des artistes et leur capacité à nouer des relations de<br />

confiance avec les directions de structures. Le cumul des résidences<br />

la même année pour certaines compagnies intensifie la concurrence<br />

pour les autres équipes chorégraphiques en recherche de lieux et<br />

limite aussi le temps de présence de la compagnie sur le territoire<br />

pour les structures concernées.<br />

En conclusion de cette section, l’accès à des résidences d’artiste<br />

est un enjeu vital pour les compagnies sans lieu. A la suite<br />

des mesures nouvelles mises en place par l’État, une progression<br />

du nombre de résidences d’artiste associé·e est notable pour les<br />

compagnies répondantes au questionnaire en 2016. Ce type de résidence<br />

a plus concerné les équipes soutenues par l'État et/ou ayant<br />

connu une progression de leur volume de diffusion. Les résidences<br />

de diffusion territoriale ont été plutôt marginales. Les résidences<br />

de création ont concerné proportionnellement plus des compagnies<br />

départementales ou régionales. La fragmentation des apports en<br />

coproduction des structures se reporte néanmoins sur les conditions<br />

d’accueil des résidences de création et les inégalités d’accès aux<br />

résidences intensifient la concurrence entre les équipes.<br />

LES RELATIONS ENTRE COMPAGNIES<br />

ET STRUCTURES DE DIFFUSION<br />

La circulation des spectacles dans les circuits de distribution<br />

requiert une mise en relation contractuelle, si possible coopérative,<br />

entre des compagnies pour leurs nouvelles créations et des directions<br />

de structures, qui sont sur-sollicitées par les propositions reçues en<br />

rapport avec leur capacité de programmation.<br />

La gestion des sollicitations des programmateurs et programmatrices<br />

s’opère par des formes de régulation variables, qui ont été<br />

interrogées dans les entretiens des études de cas, selon la méthode<br />

de traitement des informations reçues et la place de la danse dans<br />

la programmation.<br />

Le financement du montage des spectacles s’appuie sur la<br />

recherche d’accords de coproduction, et l’exploitation des spectacles<br />

fait l’objet de négociation sur les prix de cession ou le partage<br />

des recettes en contrat de coréalisation ainsi que sur le degré de<br />

prise en charge des frais de mission, les dits « ++ ». Les aides à la<br />

diffusion jouent-elles enfin un rôle important dans la fluidification<br />

de la circulation des spectacles ?<br />

1. L’attention sur-sollicitée des programmateurs<br />

Certaines déclarations ont indiqué que les propositions de<br />

spectacles reçues par les structures étaient de 3 000 par an pour<br />

un établissement culturel de ville 43 et 10 000 pour une scène nationale<br />

44 toutes disciplines confondues. Les personnes en charge de<br />

la programmation ont souvent déclaré dans les entretiens recevoir<br />

environ 300 à 400 courriels par jour. L’alourdissement des tâches<br />

administratives des directions de structures réduit la capacité de<br />

traitement de cette masse d’informations et la possibilité de se déplacer<br />

pour assister aux représentations de ces spectacles.<br />

Les entretiens ont interrogé les personnes en charge de la programmation<br />

sur leurs façons de gérer ce flux informationnel et les<br />

42. Ibid., p. 30.<br />

43. Michel Lefeivre, président du SNSP, journée d’étude « Les relations entre les directions des scènes publiques et les équipes artistiques », 19 février 2019, Etoile du Nord.<br />

44. Directeur, structure 7.

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