Onda_etudedanse_complet
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
LA MISE EN RELATION DES COMPAGNIES ET DES STRUCTURES DE DIFFUSION<br />
71<br />
cession initialement élevé afin de tester le consentement à payer<br />
des structures puis d’impliquer le ou la chorégraphe dans la négociation<br />
finale s’il s’avère nécessaire d’ajuster plus nettement à la<br />
baisse ce prix de cession. Les spectacles de grand format semblent<br />
plus propices à l’acceptation des marges proposées, surtout si leur<br />
renommée garantit a priori le remplissage des jauges.<br />
“ Quand on a des gros projets, les gars sont plus enclins à donner du<br />
pognon aussi. Ça a aussi des effets de levier, la grosse distribution.<br />
C’est à double effet. ”<br />
(Directeur délégué, compagnie 7)<br />
L’administrateur de la compagnie 17, « réputé pour être très dur<br />
en affaires », a reconnu que les prix de cession des spectacles ont<br />
un peu augmenté.<br />
Les directions des structures interrogées ont fait part aussi de tensions<br />
dans la négociation des contrats de cession avec les compagnies,<br />
acculées à demander des marges afin de pallier l’insuffisance de leurs<br />
ressources budgétaires. Le pouvoir de négociation est inégalement<br />
distribué selon la renommée des équipes chorégraphiques. Quelques<br />
responsables ont indiqué montrer plutôt de la compréhension dans<br />
la négociation avec les compagnies en prenant en compte un effort<br />
des équipes peu réputées pour limiter ces marges artistiques.<br />
“ De plus en plus, les compagnies annoncent un prix proche de leur<br />
coût plateau. J’ai le pouvoir de négocier avec les petites compagnies<br />
mais je n’ai pas envie de radiner avec elles. Les grosses compagnies<br />
prennent de plus grandes marges ; la négociation n’est pas vraiment<br />
possible avec elles. ”<br />
(Directrice, structure pluridisciplinaire 5)<br />
Quelques autres directions de structures ont pointé dans les<br />
entretiens une tendance à la hausse des prix de cession. Ce sentiment<br />
est accentué quand la contrainte d’équilibre budgétaire s’est<br />
resserrée par rapport au développement du projet de la structure.<br />
“ Ça a beaucoup évolué ; maintenant je négocie dur, dur, c’est chaud.<br />
Avant on avait sans doute moins de représentations, maintenant c’est<br />
beaucoup plus dense, on a plus de propositions. On a toujours le même<br />
budget ; les prix ont augmenté, les prix des voyages ont augmenté, les<br />
hôtels ont augmenté, et on n’avait pas toutes ces coproductions qui,<br />
quand même, ont un poids certain sur le budget artistique. Donc avant<br />
je ne négociais pas vraiment beaucoup, alors que là c’est obligatoire. ”<br />
(Secrétaire générale, structure dédiée 6)<br />
Selon la vision de la directrice déléguée de la structure dédiée 9,<br />
la hausse des prix de cession s’explique par la faiblesse des tournées<br />
qui contraint les compagnies à rechercher des marges bénéficiaires<br />
plus importantes.<br />
La prise en charge des frais de déplacement et d’hébergement des<br />
équipes artistiques et techniques, auxquelles devraient se joindre les<br />
administrateurs de tournée, s’effectue soit au forfait, formule a priori<br />
plus avantageuse pour les compagnies en laissant une marge pour<br />
les événements impondérables, soit sur la base du remboursement<br />
des frais réellement engagés après la transmission des factures, ce<br />
qui alourdit sensiblement le travail administratif des compagnies<br />
pour fournir les pièces et sans doute aussi celui des structures d’accueil<br />
pour le contrôle de celles-ci.<br />
La fréquence du fléchage d’un budget spécifique pour les<br />
déplacements liés à la diffusion différencie les équipes artistiques<br />
soutenues par l’État, qui le pratiquent aux deux-tiers, et les autres<br />
compagnies, concernées pour un peu plus de 40 % d’entre elles.<br />
Part des compagnies dédiant un budget spécifique pour les<br />
déplacements liés à la diffusion (en %)<br />
Budget<br />
spécifique<br />
Conv./aide<br />
struct.<br />
Aide au<br />
projet<br />
Région<br />
sans État<br />
Ni État ni<br />
Région<br />
Total<br />
Oui 67,4 66,7 45,5 41,2 56,6<br />
Non 32,6 33,3 54,5 58,8 43,4<br />
TOTAL 100 100 100 100 100<br />
Les entretiens menés auprès des compagnies et des structures<br />
ont convergé pour mettre en avant un développement du remboursement<br />
des frais de mission sur factures en substitution du règlement<br />
de forfaits négociés lors de la contractualisation entre les deux parties.<br />
Le montant de ces frais de mission est discuté plus âprement.<br />
Le problème a été mis en avant de façon plus détaillée, selon une<br />
logique de renforcement du contrôle des dépenses artistiques par<br />
les structures face à leur contrainte d’équilibre budgétaire.<br />
“ Il y a un festival qui nous a souvent fait passer ; on lui envoie la fiche<br />
financière et le devis, et ils nous disent qu’ils ne nous prennent pas<br />
finalement parce que les frais de déplacement c’est hors de question.<br />
[…] Là, c’est de plus en plus dur. Maintenant ce qu’on nous dit, et ça<br />
nous est arrivé : les frais kilométriques non ; on passe tout au réel. ”<br />
(Codirectrice, compagnie 1)<br />
“ On négocie tout le bout de gras, et on le fait même a posteriori.<br />
Pour les compagnies qui sont moins structurées, c’est un peu plus<br />
long d’obtenir les éléments. On peut négocier sur le nombre de nuits<br />
d’hôtel et de per diem. En gros, ça coûte 100 € par jour un danseur<br />
en frais annexes sans les transports. ”<br />
(Administrateur général, structure dédiée 11)<br />
Certaines structures essaient de substituer des apports en nature<br />
à la prise en charge financière des frais d’hébergement et de restauration.<br />
“ S’il y a des concessions à faire, c’est sur les frais d’accueil ; donc<br />
ça veut dire des prises en charge directes souvent : hébergements,<br />
restauration. ”<br />
(Directeur, structure pluridisciplinaire 13)<br />
Néanmoins, ce phénomène n’est pas nouveau et il faudrait prendre<br />
en compte les effets du format de certains spectacles et du nombre<br />
de personnes en tournée sur ce consentement des structures à rembourser<br />
seulement les frais de mission sur présentation des factures.<br />
Répartition des compagnies selon leur degré de rayonnement<br />
territorial en fonction de l’évolution des négociations avec<br />
les établissements culturels sur les prix de cession (en %)<br />
Rayonnement Améliorée Stable Dégradée<br />
Département. 8,3 58,4 33,3<br />
Régional 18,2 27,3 54,5<br />
Multirégional 4 28 68<br />
National 5,6 25,7 65,7<br />
International 0 66,7 33,3<br />
TOTAL 7,6 32,4 59