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LA MISE EN RELATION DES COMPAGNIES ET DES STRUCTURES DE DIFFUSION<br />

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cession initialement élevé afin de tester le consentement à payer<br />

des structures puis d’impliquer le ou la chorégraphe dans la négociation<br />

finale s’il s’avère nécessaire d’ajuster plus nettement à la<br />

baisse ce prix de cession. Les spectacles de grand format semblent<br />

plus propices à l’acceptation des marges proposées, surtout si leur<br />

renommée garantit a priori le remplissage des jauges.<br />

“ Quand on a des gros projets, les gars sont plus enclins à donner du<br />

pognon aussi. Ça a aussi des effets de levier, la grosse distribution.<br />

C’est à double effet. ”<br />

(Directeur délégué, compagnie 7)<br />

L’administrateur de la compagnie 17, « réputé pour être très dur<br />

en affaires », a reconnu que les prix de cession des spectacles ont<br />

un peu augmenté.<br />

Les directions des structures interrogées ont fait part aussi de tensions<br />

dans la négociation des contrats de cession avec les compagnies,<br />

acculées à demander des marges afin de pallier l’insuffisance de leurs<br />

ressources budgétaires. Le pouvoir de négociation est inégalement<br />

distribué selon la renommée des équipes chorégraphiques. Quelques<br />

responsables ont indiqué montrer plutôt de la compréhension dans<br />

la négociation avec les compagnies en prenant en compte un effort<br />

des équipes peu réputées pour limiter ces marges artistiques.<br />

“ De plus en plus, les compagnies annoncent un prix proche de leur<br />

coût plateau. J’ai le pouvoir de négocier avec les petites compagnies<br />

mais je n’ai pas envie de radiner avec elles. Les grosses compagnies<br />

prennent de plus grandes marges ; la négociation n’est pas vraiment<br />

possible avec elles. ”<br />

(Directrice, structure pluridisciplinaire 5)<br />

Quelques autres directions de structures ont pointé dans les<br />

entretiens une tendance à la hausse des prix de cession. Ce sentiment<br />

est accentué quand la contrainte d’équilibre budgétaire s’est<br />

resserrée par rapport au développement du projet de la structure.<br />

“ Ça a beaucoup évolué ; maintenant je négocie dur, dur, c’est chaud.<br />

Avant on avait sans doute moins de représentations, maintenant c’est<br />

beaucoup plus dense, on a plus de propositions. On a toujours le même<br />

budget ; les prix ont augmenté, les prix des voyages ont augmenté, les<br />

hôtels ont augmenté, et on n’avait pas toutes ces coproductions qui,<br />

quand même, ont un poids certain sur le budget artistique. Donc avant<br />

je ne négociais pas vraiment beaucoup, alors que là c’est obligatoire. ”<br />

(Secrétaire générale, structure dédiée 6)<br />

Selon la vision de la directrice déléguée de la structure dédiée 9,<br />

la hausse des prix de cession s’explique par la faiblesse des tournées<br />

qui contraint les compagnies à rechercher des marges bénéficiaires<br />

plus importantes.<br />

La prise en charge des frais de déplacement et d’hébergement des<br />

équipes artistiques et techniques, auxquelles devraient se joindre les<br />

administrateurs de tournée, s’effectue soit au forfait, formule a priori<br />

plus avantageuse pour les compagnies en laissant une marge pour<br />

les événements impondérables, soit sur la base du remboursement<br />

des frais réellement engagés après la transmission des factures, ce<br />

qui alourdit sensiblement le travail administratif des compagnies<br />

pour fournir les pièces et sans doute aussi celui des structures d’accueil<br />

pour le contrôle de celles-ci.<br />

La fréquence du fléchage d’un budget spécifique pour les<br />

déplacements liés à la diffusion différencie les équipes artistiques<br />

soutenues par l’État, qui le pratiquent aux deux-tiers, et les autres<br />

compagnies, concernées pour un peu plus de 40 % d’entre elles.<br />

Part des compagnies dédiant un budget spécifique pour les<br />

déplacements liés à la diffusion (en %)<br />

Budget<br />

spécifique<br />

Conv./aide<br />

struct.<br />

Aide au<br />

projet<br />

Région<br />

sans État<br />

Ni État ni<br />

Région<br />

Total<br />

Oui 67,4 66,7 45,5 41,2 56,6<br />

Non 32,6 33,3 54,5 58,8 43,4<br />

TOTAL 100 100 100 100 100<br />

Les entretiens menés auprès des compagnies et des structures<br />

ont convergé pour mettre en avant un développement du remboursement<br />

des frais de mission sur factures en substitution du règlement<br />

de forfaits négociés lors de la contractualisation entre les deux parties.<br />

Le montant de ces frais de mission est discuté plus âprement.<br />

Le problème a été mis en avant de façon plus détaillée, selon une<br />

logique de renforcement du contrôle des dépenses artistiques par<br />

les structures face à leur contrainte d’équilibre budgétaire.<br />

“ Il y a un festival qui nous a souvent fait passer ; on lui envoie la fiche<br />

financière et le devis, et ils nous disent qu’ils ne nous prennent pas<br />

finalement parce que les frais de déplacement c’est hors de question.<br />

[…] Là, c’est de plus en plus dur. Maintenant ce qu’on nous dit, et ça<br />

nous est arrivé : les frais kilométriques non ; on passe tout au réel. ”<br />

(Codirectrice, compagnie 1)<br />

“ On négocie tout le bout de gras, et on le fait même a posteriori.<br />

Pour les compagnies qui sont moins structurées, c’est un peu plus<br />

long d’obtenir les éléments. On peut négocier sur le nombre de nuits<br />

d’hôtel et de per diem. En gros, ça coûte 100 € par jour un danseur<br />

en frais annexes sans les transports. ”<br />

(Administrateur général, structure dédiée 11)<br />

Certaines structures essaient de substituer des apports en nature<br />

à la prise en charge financière des frais d’hébergement et de restauration.<br />

“ S’il y a des concessions à faire, c’est sur les frais d’accueil ; donc<br />

ça veut dire des prises en charge directes souvent : hébergements,<br />

restauration. ”<br />

(Directeur, structure pluridisciplinaire 13)<br />

Néanmoins, ce phénomène n’est pas nouveau et il faudrait prendre<br />

en compte les effets du format de certains spectacles et du nombre<br />

de personnes en tournée sur ce consentement des structures à rembourser<br />

seulement les frais de mission sur présentation des factures.<br />

Répartition des compagnies selon leur degré de rayonnement<br />

territorial en fonction de l’évolution des négociations avec<br />

les établissements culturels sur les prix de cession (en %)<br />

Rayonnement Améliorée Stable Dégradée<br />

Département. 8,3 58,4 33,3<br />

Régional 18,2 27,3 54,5<br />

Multirégional 4 28 68<br />

National 5,6 25,7 65,7<br />

International 0 66,7 33,3<br />

TOTAL 7,6 32,4 59

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