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LA MISE EN RELATION DES COMPAGNIES ET DES STRUCTURES DE DIFFUSION<br />

69<br />

“ D’abord il n’y a plus personne qui boucle aujourd’hui un budget.<br />

[…] Alors ça pourrait faire l’objet d’une réflexion collective, or ce<br />

n’est pas le cas. Pas plus syndicalement que dans les réseaux. Il y a<br />

très peu de vraies réunions de production avec les compagnies, sur<br />

le projet. […] Aujourd’hui les coproducteurs sont mis côte à côte.<br />

Le travail des partenaires n’existe plus. La coproduction de notre<br />

réseau ne réfléchit pas à l’équilibre financier du projet soutenu. Il n’y<br />

a pas de bilans d’étape avec la possibilité de compléter si besoin. ”<br />

(Directeur, structure dédiée 9)<br />

L’option de la production déléguée du spectacle chorégraphique<br />

peut favoriser l’essor de la diffusion d’une jeune compagnie encore<br />

insuffisamment structurée sur le plan administratif. La relation entre<br />

la compagnie et l’établissement ou le bureau producteur délégué<br />

requiert pour son harmonie une transparence dans les informations<br />

sur la conduite budgétaire du projet, qui ne va pas forcément de soi.<br />

Plusieurs structures interrogées en entretien ont déclaré ne pas<br />

avoir les ressources humaines nécessaires pour prendre en charge la<br />

production déléguée. Celle-ci peut être organisée par des réseaux de<br />

production, constitués sur une échelle régionale, pour délibérer collégialement<br />

sur les choix de spectacles et coordonner la production<br />

des spectacles amenés à circuler auprès des différents partenaires.<br />

Le fait est minoritaire. Parmi les 132 structures qui ont répondu<br />

à la question sur la prise en charge de spectacles en production<br />

déléguée, cela n’a été le cas que de 18 établissements en 2014/2015,<br />

17 en 2015/2016 et 15 en 2016/2017. Les structures dédiées à la danse<br />

ont été logiquement beaucoup plus impliquées que les structures<br />

pluridisciplinaires. Le nombre moyen de spectacles en production<br />

déléguée par des structures spécialisées a néanmoins diminué<br />

au cours de la période en passant de 0,76 en 2014/2015 à 0,54 en<br />

2016/2017 alors que ce nombre moyen est resté stable pour les structures<br />

généralistes autour de 0,08.<br />

La production déléguée peut être animée par une logique d’action<br />

non lucrative pour accompagner la structuration de jeunes<br />

compagnies mais aussi par un objectif lucratif. La capacité à monter<br />

une cellule de production au sein d’une structure est alors utilisée<br />

pour accroître les marges bénéficiaires des tournées lors des reprises<br />

de spectacles ayant rencontré un premier succès d’estime.<br />

Les directions des structures 9 et 11 ont indiqué que les prix de<br />

cession peuvent être augmentés de 50 %, voire doublés par rapport<br />

aux tarifs proposés lors des premières séries de représentation<br />

quand les spectacles sont repris en production déléguée par certaines<br />

structures.<br />

“ Par exemple, on a acheté une représentation à une compagnie qui<br />

était productrice de son spectacle 4 100 €. On en rachète une, mais<br />

c’est maintenant un lieu qui fait la production déléguée et on nous<br />

annonce 6 900 €. On a refusé de payer. On est en négociation mais moi<br />

j’ai besoin que l’on m’explique. On est arrivé à 5 300 €. Est-ce que les<br />

artistes sont mieux payés ? Je n’ai pas de réponse pour le moment. ”<br />

(Directeur, structure dédiée 9)<br />

“ Il y a beaucoup d’artistes qui se retirent parce que ça ne leur convient<br />

pas. Et puis les lieux s’en plaignent aussi. Nous, on a eu un message<br />

assez virulent de la structure X qui avant nous achetait des pièces<br />

en direct et qui là sont passés par le producteur délégué : les coûts<br />

de cession ont quasiment doublé. ”<br />

(Administratrice, compagnie 6)<br />

Les contrats de diffusion<br />

Selon les réponses des compagnies au questionnaire, le nombre<br />

moyen de leurs contrats de cession (26,7 en 2016) l’emporte largement<br />

sur celui des contrats de coréalisation (0,8 en 2016) et des<br />

représentations en autoproduction (1 en 2016). La part des contrats<br />

de cession augmente globalement avec le niveau annuel moyen de<br />

diffusion.<br />

Les compagnies régionales et départementales ont obtenu le<br />

plus faible nombre moyen de contrats de cession. La part de leurs<br />

contrats de cession liés à un accord de coproduction a néanmoins<br />

progressé en 2015 et 2016 pour atteindre environ 11 % du total de<br />

leurs contrats de cession.<br />

Part des contrats de cession selon le niveau annuel moyen<br />

de diffusion des compagnies en % (2014 à 2016)<br />

Moins de<br />

13 repr.<br />

de 13 à<br />

33 repr.<br />

plus de<br />

33 repr.<br />

TOTAL<br />

Moins de 52% 46,9 20 11,8 25,7<br />

De 52% à moins<br />

de 78%<br />

De 78% à moins<br />

de 96%<br />

18,8 28,6 29,4 25,7<br />

12,5 25,7 41,2 26,7<br />

96% et plus 21,9 25,7 17,6 21,8<br />

TOTAL 100 100 100 100<br />

Le nombre total moyen de contrats de cession a été le plus élevé<br />

pour les compagnies au rayonnement à dominante nationale puis<br />

multirégionale tandis que la progression a été la plus rapide entre<br />

2014 et 2016 pour les compagnies au rayonnement à dominante<br />

internationale, à la fois pour le nombre total de contrats de cession<br />

et la part des contrats liés à un accord de coproduction dans le total<br />

des contrats de cession.<br />

Les contrats de cession peuvent être négociés en amont de<br />

la finalisation du spectacle sous la forme de préachats, ce qui<br />

apporte des ressources supplémentaires pour le budget du projet.<br />

Quand ils accompagnent un accord de coproduction, le prix de<br />

cession est calculé au plus près du coût du plateau ; ce mode de<br />

calcul semble s’être également étendu à des cas de préachats<br />

sans coproduction.<br />

L’ampleur des variations tarifaires sur un terme court crée forcément<br />

de vives tensions avec les autres structures et des compagnies<br />

qui ne souhaitent pas entrer dans une relation aussi marchande<br />

avec leurs anciens partenaires.

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