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LA MISE EN RELATION DES COMPAGNIES ET DES STRUCTURES DE DIFFUSION<br />
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“ D’abord il n’y a plus personne qui boucle aujourd’hui un budget.<br />
[…] Alors ça pourrait faire l’objet d’une réflexion collective, or ce<br />
n’est pas le cas. Pas plus syndicalement que dans les réseaux. Il y a<br />
très peu de vraies réunions de production avec les compagnies, sur<br />
le projet. […] Aujourd’hui les coproducteurs sont mis côte à côte.<br />
Le travail des partenaires n’existe plus. La coproduction de notre<br />
réseau ne réfléchit pas à l’équilibre financier du projet soutenu. Il n’y<br />
a pas de bilans d’étape avec la possibilité de compléter si besoin. ”<br />
(Directeur, structure dédiée 9)<br />
L’option de la production déléguée du spectacle chorégraphique<br />
peut favoriser l’essor de la diffusion d’une jeune compagnie encore<br />
insuffisamment structurée sur le plan administratif. La relation entre<br />
la compagnie et l’établissement ou le bureau producteur délégué<br />
requiert pour son harmonie une transparence dans les informations<br />
sur la conduite budgétaire du projet, qui ne va pas forcément de soi.<br />
Plusieurs structures interrogées en entretien ont déclaré ne pas<br />
avoir les ressources humaines nécessaires pour prendre en charge la<br />
production déléguée. Celle-ci peut être organisée par des réseaux de<br />
production, constitués sur une échelle régionale, pour délibérer collégialement<br />
sur les choix de spectacles et coordonner la production<br />
des spectacles amenés à circuler auprès des différents partenaires.<br />
Le fait est minoritaire. Parmi les 132 structures qui ont répondu<br />
à la question sur la prise en charge de spectacles en production<br />
déléguée, cela n’a été le cas que de 18 établissements en 2014/2015,<br />
17 en 2015/2016 et 15 en 2016/2017. Les structures dédiées à la danse<br />
ont été logiquement beaucoup plus impliquées que les structures<br />
pluridisciplinaires. Le nombre moyen de spectacles en production<br />
déléguée par des structures spécialisées a néanmoins diminué<br />
au cours de la période en passant de 0,76 en 2014/2015 à 0,54 en<br />
2016/2017 alors que ce nombre moyen est resté stable pour les structures<br />
généralistes autour de 0,08.<br />
La production déléguée peut être animée par une logique d’action<br />
non lucrative pour accompagner la structuration de jeunes<br />
compagnies mais aussi par un objectif lucratif. La capacité à monter<br />
une cellule de production au sein d’une structure est alors utilisée<br />
pour accroître les marges bénéficiaires des tournées lors des reprises<br />
de spectacles ayant rencontré un premier succès d’estime.<br />
Les directions des structures 9 et 11 ont indiqué que les prix de<br />
cession peuvent être augmentés de 50 %, voire doublés par rapport<br />
aux tarifs proposés lors des premières séries de représentation<br />
quand les spectacles sont repris en production déléguée par certaines<br />
structures.<br />
“ Par exemple, on a acheté une représentation à une compagnie qui<br />
était productrice de son spectacle 4 100 €. On en rachète une, mais<br />
c’est maintenant un lieu qui fait la production déléguée et on nous<br />
annonce 6 900 €. On a refusé de payer. On est en négociation mais moi<br />
j’ai besoin que l’on m’explique. On est arrivé à 5 300 €. Est-ce que les<br />
artistes sont mieux payés ? Je n’ai pas de réponse pour le moment. ”<br />
(Directeur, structure dédiée 9)<br />
“ Il y a beaucoup d’artistes qui se retirent parce que ça ne leur convient<br />
pas. Et puis les lieux s’en plaignent aussi. Nous, on a eu un message<br />
assez virulent de la structure X qui avant nous achetait des pièces<br />
en direct et qui là sont passés par le producteur délégué : les coûts<br />
de cession ont quasiment doublé. ”<br />
(Administratrice, compagnie 6)<br />
Les contrats de diffusion<br />
Selon les réponses des compagnies au questionnaire, le nombre<br />
moyen de leurs contrats de cession (26,7 en 2016) l’emporte largement<br />
sur celui des contrats de coréalisation (0,8 en 2016) et des<br />
représentations en autoproduction (1 en 2016). La part des contrats<br />
de cession augmente globalement avec le niveau annuel moyen de<br />
diffusion.<br />
Les compagnies régionales et départementales ont obtenu le<br />
plus faible nombre moyen de contrats de cession. La part de leurs<br />
contrats de cession liés à un accord de coproduction a néanmoins<br />
progressé en 2015 et 2016 pour atteindre environ 11 % du total de<br />
leurs contrats de cession.<br />
Part des contrats de cession selon le niveau annuel moyen<br />
de diffusion des compagnies en % (2014 à 2016)<br />
Moins de<br />
13 repr.<br />
de 13 à<br />
33 repr.<br />
plus de<br />
33 repr.<br />
TOTAL<br />
Moins de 52% 46,9 20 11,8 25,7<br />
De 52% à moins<br />
de 78%<br />
De 78% à moins<br />
de 96%<br />
18,8 28,6 29,4 25,7<br />
12,5 25,7 41,2 26,7<br />
96% et plus 21,9 25,7 17,6 21,8<br />
TOTAL 100 100 100 100<br />
Le nombre total moyen de contrats de cession a été le plus élevé<br />
pour les compagnies au rayonnement à dominante nationale puis<br />
multirégionale tandis que la progression a été la plus rapide entre<br />
2014 et 2016 pour les compagnies au rayonnement à dominante<br />
internationale, à la fois pour le nombre total de contrats de cession<br />
et la part des contrats liés à un accord de coproduction dans le total<br />
des contrats de cession.<br />
Les contrats de cession peuvent être négociés en amont de<br />
la finalisation du spectacle sous la forme de préachats, ce qui<br />
apporte des ressources supplémentaires pour le budget du projet.<br />
Quand ils accompagnent un accord de coproduction, le prix de<br />
cession est calculé au plus près du coût du plateau ; ce mode de<br />
calcul semble s’être également étendu à des cas de préachats<br />
sans coproduction.<br />
L’ampleur des variations tarifaires sur un terme court crée forcément<br />
de vives tensions avec les autres structures et des compagnies<br />
qui ne souhaitent pas entrer dans une relation aussi marchande<br />
avec leurs anciens partenaires.